: Reportage Tour de France femmes 2022 : une journée dans la roue du Stade rochelais Charente-Maritime, une équipe qui doit beaucoup... au club de rugby
Champion d'Europe 2022 de rugby avec son XV masculin, le Stade rochelais est également présent sur la route du premier Tour de France femmes.
"Oh tiens, c'est le Stade rochelais !", "Ah oui, ceux du rugby ?". A deux pas du musée de la Grande Guerre de Meaux, où le départ de la deuxième étape du Tour de France femmes va être donné, lundi 25 juillet, le public s'étonne de voir les maillots noir et jaune du Stade rochelais sur le podium.
Sous les tricots, pas de rugbymen champions d'Europe, mais six cyclistes. Et pour cause. Depuis 2021, le club rochelais est venu au soutien de la formation de Charente-Maritime, avec la volonté d'étendre son aire d'influence, en plus des équipes masculines et féminines de rugby et de basket.
Petit Poucet de ce Tour, le Stade Rochelais attire les regards avec son maillot aux couleurs du club de rugby champion d'Europe. #TDFF pic.twitter.com/izytkx2eB9
— Adrien Hémard-Dohain (@AdrienHemard) July 25, 2022
Créée en 2017, la formation Charente-Maritime s'est depuis peu à peu imposée comme la deuxième formation française derrière la FDJ-Suez-Futuroscope, bien avant la vague récente de création d'équipes. A sa tête, Jean-Christophe Barbotin, engagé dans le cyclisme féminin depuis vingt ans, et ancien de la FDJ, raconte avoir "monté une équipe amateur avec le comité départemental de la Charente-Maritime en 2007". Puis les résultats ont suivi, on est monté de niveau sans cesse". .
Un fleuron sportif régional
Dès lors, le soutien du département est devenu insuffisant. La suite implique le directeur général du Stade rochelais rugby, Pierre Venayre. "C'est une rencontre entre passionnés de sport de la même région. L'équipe Charente-Maritime avait besoin d'un second souffle, on a proposé de mettre quelques ressources du Stade rochelais", a-t-il expliqué à franceinfo: sport, alors qu'il déambulait dans les allées du village départ à Meaux, lors de la deuxième étape, lundi matin.
Retardé par la pandémie de Covid-19, le partenariat a pris corps en 2021. "Le rapprochement s'est fait naturellement. Le Stade rochelais et une structure omnisports, pas que de rugby. Ils ont eu dans le passé plusieurs types de sports", rappelle Jean-Christophe Barbotin.
Si elle n'est pas financière, l'entente se concrétise par l'utilisation de l'image du club, de son logo, de ses locaux, de ses moyens de communication et de ses couleurs par l'équipe de cyclisme féminine. Cette dernière a ainsi pu attirer de nouveaux sponsors. L'arrivée du club de rugby au soutien du cyclisme féminin a aussi premiers à Jonas Dupuis, vacataire depuis cinq ans, d'intégrer l'équipe en tant que directeur sportif.
"On leur a donné un petit gain de notoriété, en toute humilité parce que c'est un univers qu'on ne connaît pas, qui est très exigeant", raconte Pierre Venayre. Mais comme pour le rugby, le DG est ambitieux : "On ne sait pas encore où ça va nous mener, mais on a la volonté de s'inscrire dans le temps. Quand on fait quelque chose, on met toute notre énergie".
"On a une ville assez enclavée dans l'Ouest, on voulait faire grandir la marque Stade rochelais au-delà du rugby, comme on l'a fait en basket. On a trouvé beaucoup de similitudes avec le vélo, qui mise comme nous sur la formation."
Pierre Venayre, directeur général du Stade rochelais rugbyà franceinfo: sport
Mais l'expansion ne devrait pas aller au-delà du basket et du cyclisme, selon le DG. "On a une logique de bassin économique à respecter aussi, même si chaque club a son propre modèle", souligne Pierre Venayre.
"On prend de plus en plus d'importance, et on sait ce que représente le Stade rochelais. En se promenant dans La Rochelle avec la voiture des équipes, les gens nous interpellent. Il y a un vrai esprit club", apprécie de son côté Jonas Dupuis. "Quelque chose se passe entre le Stade rochelais et le cyclisme féminin. On voit beaucoup de drapeaux aux bords des routes. Les gens nous soutiennent parce qu'ils aiment l'équipe de rugby à la base." De plus en plus de maillots du Stade rochelais Charente-Maritime se retrouvent ainsi en boutique et sur les routes.
"C'est particulier pour nous, parce que contrairement aux autres équipes cyclistes, on ne représente pas une marque, mais un territoire, une ville", apprécie la coureuse Noémie Abgrall. "On est un peu le petit poucet, mais on sent le soutien de notre région, de notre public", ajoute sa coéquipière Sévérine Eraud. Et les deux cyclistes de résumer les objectifs de l'équipe sur ce Tour : montrer le maillot, prendre les échappées et pourquoi pas le dossard de la meilleure combattante.
Entre patience et ambition
"On nous disait que ça ne marcherait pas. On est toujours là", déclare fièrement Jean-Christophe Barbotin. Pierre Venayre confirme la particularité de son équipe : "C'est une spécificité qui rend notre projet plus complexe, parce qu'en vélo, c'est normalement une marque qui sponsorise, c'est plus facile ainsi". Cela fait du Stade Rochelais une des petites formations du Tour, ce qui se voit sur le paddock des équipes, où le camping-car rochelais parait bien petit à côté des bus des armadas étrangères.
Mais la taille ne fait pas tout. Car au moment de la présentation des équipes, devant les caméras, ou bien sur le bord des routes, le Stade Rochelais est l'une des attractions de ce Tour de France femmes. Invitée sur la course, la formation entend bien démontrer qu'elle a sa place dans le gratin mondial, elle qui vise à terme une intégration au World Tour. Une ambition légitime quand on voit la renaissance patiemment construite de la section rugby.
D'ailleurs, les cyclistes se sont déjà entraînées avec leurs consœurs de l'ovalie : "Mais pas l'inverse, elles ont peur du vélo", taquine Noémie Abgrall. En revanche, elles seront peut-être aux premières loges l'année prochaine, puisque du côté du Stade rochelais, on croit savoir que le prochain Tour de France femmes pourrait prendre la direction de la Charente-Maritime.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.