Tour de France 2021 : les trois questions sur le retour surprise de Mark Cavendish
Le sprinteur aux trente victoires d'étape sur la Grande Boucle a été sélectionné dans l'équipe Deceuninck-Quick Step, lundi.
C'est la surprise de l'annonce des sélections pour le Tour de France 2021 dévoilées lundi 21 juin. La formation Deceuninck-Quick Step a décidé d'aligner Mark Cavendish au côté notamment de Julian Alaphilippe. L'homme aux trente victoires sur la Grande Boucle n'était pourtant pas prévu au grand départ, à Brest, samedi 26 juin.
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— Deceuninck-QuickStep (@deceuninck_qst) June 21, 2021
Pourquoi c'est une surprise ?
Parce que Mark Cavendish ne devait pas être aligné au départ du Tour de France. Habituellement, le sprinteur numéro un de la Deceuninck-Quick Step est Sam Bennett. Vainqueur de deux étapes sur le Tour l'année passée et surtout du maillot vert de leader du classement par points, l'Irlandais, blessé depuis début juin, ne pourra pas tenir sa place.
"Trois jours avant le Tour de Belgique, il s'est cogné le genou contre son guidon, a précisé sur Sporza Patrick Lefevere, le manageur général de l'équipe belge. Lorsque Sam Bennett a appelé pour dire qu'il avait besoin de soins et de repos, nous sentions déjà qu'il n'allait pas être prêt pour le Tour." Le Flandrien a même été plus loin : "Je ne peux pas prouver qu'il n'a pas mal au genou mais je commence à penser de plus en plus qu'il s'agit plus d'une peur de l'échec que d'une simple douleur", a-t-il fustigé.
Mark Cavendish a donc été sélectionné en urgence pour pallier le forfait de son coéquipier. "En fait, Mark était déjà parti en Italie pour s'entraîner. Nous avons dû le rappeler", a raconté Patrick Lefevere qui, quelques jours plus tôt, avait assuré sur Sporza "compter sur Sam (Bennett) à 200%". La donne a changé et le "Cav" va ainsi courir son premier grand tour depuis l'édition 2018 du Tour de France.
Peut-il viser une 31e victoire sur le Tour ?
Mark Cavendish a noué une relation particulière avec le Tour de France. Bizut lors de l'édition 2007, à seulement 22 ans, le Britannique avait levé les bras pour la première fois l'année suivante. En 2008, il avait assommé le Tour avec quatre victoires. En douze participations, Mark Cavendish a remporté au total 30 étapes. Seule la légende Eddy Merckx fait mieux (34).
Au départ de Brest, le sprinteur de 36 ans aura forcément la folle ambition de se rapprocher du Cannibale. Mais son niveau n'est plus le même que lors de ses meilleures années. Seule la dernière de ses cinq victoires de la saison, acquise au Tour de Belgique, l'a été devant un plateau relevé : Tim Merlier, Pascal Ackermann, Dylan Groenewegen et Caleb Ewan notamment.
Patrick Lefevere a déjà libéré Mark Cavendish de toute pression : "Les attentes ne sont pas trop élevées. Il n'a plus 30 ans. C'est tout à son honneur qu'il soit nerveux comme s'il devait disputer sa première course chez les juniors. S'il ne gagne pas, tout le monde pensera que c'est normal. S'il gagne, tout le monde le mettra sur un trône." Au sein même de la Deceuninck-Quick Step, le natif de l'Île de Man n'est pas certain d'être le sprinteur numéro un. Son coéquipier italien Davide Ballerini devrait tenir ce rôle, fort de ces deux victoires sur le Tour de la Provence en début de saison et de son succès sur le Omloop Het Nieuwsblad.
Qu'a-t-il fait depuis sa dernière victoire sur le Tour en 2016 ?
16 juillet 2016, arrivée de la quatorzième étape du 103e Tour de France à Villars-les-Dombes (Ain), Mark Cavendish décroche une quatrième étape devant Alexander Kristoff et Peter Sagan. Celui qui courait alors sous la tunique Dimension-Data ne pensait certainement pas attendre si longtemps avant d'espérer un nouveau succès sur la Grande Boucle. En 2017, il avait dû abandonner sur blessure après un violent coup de coude de Peter Sagan dans un emballage final.
Depuis, les cinq dernières saisons du champion du monde 2011 se résument à une traversée du désert. En plus des pépins physiques, Cavendish a avoué avoir souffert d'une dépression. "Ce n'est pas seulement ma santé physique qui a été mise à mal ces deux dernières années, racontait-il en 2020 au quotidien britannique The Times. J'ai beaucoup lutté pendant cette période. On m'a diagnostiqué une dépression clinique en août 2018. J'étais sombre."
La saison passée, sous les couleurs de l'équipe Bahrain-Merida (désormais nommée Bahrain-Victorious), Mark Cavendish n'y était plus. Obligé de prendre l'échappée matinale sur Gand-Wevelgem pour se montrer alors que son contrat arrivait à son terme, il avait fini par sangloter à l'arrivée devant le journaliste de Sporza. "C'est peut-être la dernière course de ma carrière", lâchait-il.
Mark Cavendish en pleurs après Gand-Wevelgem : "C'était peut-être la dernière course de ma carrière". Triste si c'est le cas... https://t.co/Vu07Pp0n1T
— Greg Ienco (@GregIenco) October 11, 2020
Patrick Lefevere lui a offert un retour à la maison (il avait couru pour Deceuninck-Quick-Step en 2013 et 2014) avec un contrat d'un an. Pour cela, le vainqueur de Milan-San Remo 2009 a accepté de financer son propre salaire à l'aide de ses sponsors. Avec le "Wolfpack", Cavendish a retrouvé le goût de la victoire après plus de trois ans sans succès. Victorieux à cinq reprises cette saison dont quatre sur le Tour de Turquie en avril, le Britannique reste à la recherche d'un premier bouquet au niveau World Tour depuis le 23 février 2017 au Tour d'Abou Dhabi. Samedi 26 juin, au départ du Tour de France, cela fera 1584 jours de disette. Une éternité pour un sprinteur de la trempe de Mark Cavendish qui totalise 151 victoires chez les professionnels.
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