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Tour de France 2021 : Mathieu van der Poel, le prodige qui va enfin rouler sur les traces de Raymond Poulidor

Leader de la formation Alpecin-Fenix, le prodige néerlandais, petit-fils de la légende du cyclisme français, va découvrir la Grande Boucle.

Article rédigé par Théo Gicquel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
Mathieu van der Poel (Alpecin-Fenix) lors de la classique Kuurne-Brussel-Kuurne 2021. (LAURENT LAIRYS / DPPI / AFP)

C'est l'histoire d'un ogre. Un ogre qui dévore tout ce qui passe devant lui, sans réfléchir à la variété des menus ni à la quantité à ingurgiter pour atteindre la satiété. Mais c'est aussi un ogre qu'on n'a jamais convié au banquet du Tour de France, qui n'a jamais pu connaître l'assouvissement du met le plus délicieux.

Cette histoire, c'est celle de Mathieu van der Poel, et elle va connaître, samedi 26 juin, une partie de son dénouement. Le Néerlandais de la formation Alpecin-Fenix, qui a déjà gagné presque partout sur route, à VTT ou en cyclo-cross, va pouvoir enfin humer le parfum qui lui manquait : le Tour de France.

Tout comme sa formation belge, présente sur les trois grands tours en 2021 en raison de sa première place au classement Continental Pro (2e division), le petit-fils de Raymond Poulidor va enfin découvrir les routes qui ont élevé son grand-père au rang d'idole nationale. Pied de nez de l'histoire, il va le découvrir au même âge (26 ans) que le plus grand des deuxièmes du Tour de France. Trois de ses coéquipiers défricheront également leur première Grande Boucle (Merlier, Rickaert, Sbaragli), alors que les quatre restants n'ont qu'une seule participation à leur actif (Dillier, Meurisse, Philipsen, Vakoc).

85% des victoires de son équipe en World Tour

Membre du peloton international depuis seulement quelques années, Alpecin-Fenix est une jeune équipe qui voit son ascension épouser (très) fortement la courbe de progression de Mathieu van der Poel, qui a disputé sa première course World Tour (l'élite mondiale) en mars 2019. Sous son impulsion, l'ancienne formation Corendon-Circus a pu s'inviter un peu partout, tellement son leader a crevé l'écran.

Vainqueur pour sa deuxième course World Tour (À Travers la Flandre 2019), le Néerlandais fait office d'épouvantail du peloton, tant sa puissante carcasse effraie ses adversaires. Depuis cette première victoire World Tour, sa formation a récolté treize succès au plus haut échelon, dont onze pour le seul Mathieu van der Poel.

Mathieu van der Poel (au centre) entouré de Wout van Aert (à g.) et des Belges lors des championnats du monde de cyclo-cross 2021 à Ostende. (BAS CZERWINSKI / ANP)

C'est donc peu dire que le quadruple champion du monde de cyclo-cross est attendu, alors qu'il compte encore du retard sur le Tour de France face à ses meilleurs ennemis le reste de l'année, Julian Alaphilippe et Wout Van Aert. Fait rare pour un coureur d'une équipe invitée, sa venue est allée jusqu'à influencer le parcours de cette édition.

"On ne fait jamais un parcours de Tour pour un coureur, mais on pense le Tour pour des types de coureurs. Or, cette année, le fait d'avoir des Mathieu van der Poel, des Wout Van Aert, des Julian Alaphilippe, ça fait qu'on a des arrivées en bosse les deux premiers jours, et qu'on a la longue étape accidentée entre Vierzon et Le Creusot. C'est un élément qui a compté", dévoile Christian Prudhomme, le patron du Tour de France.

"Mathieu van der Poel, on sait et il sait qu'il ne gagnera pas le Tour, mais qu'il rêve de gagner des étapes. Lui, il est là pour mettre la panique."

Christian Prudhomme, directeur du Tour de France

à franceinfo: sport

Avec une première semaine accidentée en Bretagne puis dans le centre de la France, le début de Tour a effectivement tout du parcours idoine pour faire briller Mathieu van der Poel. "Ce que j'espère, c'est que cette première semaine du Tour avec ces coureurs, ça soit le feu. Et parmi ces gens-là, certains peuvent s'immiscer au général et profiter de ces étapes pour prendre du temps avant la montagne", envisage Christian Prudhomme.

Van der Poel, le Tour et les JO 

Avec Tim Merlier (une étape sur le Giro 2021) et Jasper Philipsen (une étape sur la Vuelta 2020) également présents pour les sprints massifs, Alpecin-Fenix présente une densité d'une qualité rare pour une équipe invitée. Les organisateurs de grands tours que sont RCS (Giro) et ASO (Tour, Vuelta) ne s'y sont d'ailleurs pas trompés en invitant la formation de Philip Roodhooft sur les trois grands tours de l'année, ce qui n'a rien de banal.

Mathieu Van der Poel, lui, a un objectif encore plus important que le Tour cet été, et il l'a déjà annoncé : il vise une médaille d'or en VTT aux prochains Jeux olympiques, à Tokyo, qui débuteront cinq jours après la fin de la Grande Boucle. "Le Tour et les JO sont les deux objectifs de l'été. Les JO, c'est mon objectif principal, j'y travaille depuis plusieurs années maintenant. Ça serait le point d'orgue de mon été", expliquait-il lors d'un stage à La Plagne début juin.

Une préparation grandeur nature et une découverte, avec une étape dans la longue-vue, lui le carnassier de victoires. "Je vais cibler quelques étapes et essayer d'en gagner une. Ce sera la première fois que je suis aligné sur un Grand Tour, donc ce sera déjà un succès d'en gagner une", assure-t-il. Dans une première semaine ouverte, avec un chrono de 27 kilomètres, de longues étapes piégeuses, Mathieu van der Poel pourrait même revêtir dès son entrée ce dont son grand-père a été privé lors de ses quatorzes participations à la Grand Boucle entre 1962 et 1976 : le maillot jaune.

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