Tour de France 2022 : Christophe Laporte, la consécration du travailleur de l'ombre
Le Français a remporté vendredi la première victoire tricolore sur cette édition, en s'imposant juste devant le peloton à Cahors.
Il a fallu attendre 19 étapes, mais un Français a fini par s'imposer sur cette 109e édition du Tour. Victorieux à Cahors (Lot), vendredi 22 juillet, Christophe Laporte est venu sauver in extremis les Tricolores d'une Grande Boucle sans bouquet pour la première fois depuis 1999.
Ce 23e succès de sa carrière prend la forme d'une consécration pour le Varois, arrivé en janvier chez Jumbo-Visma. Le sprinteur de 29 ans, qui avait jusque-là fait toutes ses classes chez Cofidis, n'avait encore jamais gagné sur le Tour de France. Il n'avait même jamais gagné en World Tour (le plus haut échelon mondial) avant 2022.
Transfert gagnant
Il était bien passé tout proche de lever les bras sur le Tour à Pau en 2018 (2e), mais Arnaud Démare l'en avait privé. C'est désormais de l'histoire ancienne. "C'est que du bonheur, je suis vraiment très heureux. J'étais déjà pleinement satisfait de ce Tour de France, on a fait un super travail d'équipe, et aujourd'hui je gagne une étape, c'est un rêve d'enfant", a expliqué le vainqueur du jour à l'arrivée.
Souvent placé mais rarement gagnant, Laporte avait décidé de prendre un risque pour 2022 : quitter son costume confortable de leader chez Cofidis pour endosser celui d'équipier de luxe chez Jumbo-Visma. Bien lui en a pris puisque trois mois après son arrivée, il a déjà levé les bras sur Paris-Nice après avoir filé à l'anglaise dans le final de la première étape avec... ses coéquipiers Primoz Roglic et Wout van Aert.
Il suffisait de voir la joie collective de ses équipiers pour se convaincre de son adaptation réussie. "Ça me fait très plaisir. Il est nouveau dans l'équipe mais il a fait beaucoup pour moi ce printemps et au Tour de France. C'est cool qu'il finisse comme ça", a souri Van Aert à l'arrivée. Quelques mètres plus loin, Jonas Vingegaard se réjouissait lui aussi pour le Français. "Je suis vraiment content pour Christophe, c'est vraiment un mec bien. Il a travaillé d'arrache-pied pendant trois semaines et c'est une récompense pour tout son travail", a souligné le maillot jaune.
"Quand il est arrivé, tout était nouveau pour lui : la manière de s'entraîner, la nutrition… La manière avec laquelle il a progressé paye aujourd'hui", se félicite Nathan Van Hooydonck. Avec cinq victoires sur ce Tour, Jumbo-Visma se montre vorace et se permet même de glaner des victoires surprises, comme vendredi, puisque rien n'était planifié dès le matin pour le Français. Mais l'instinct de Laporte, sorti seul à 600 mètres de l'arrivée, a surpris tout le monde. "Je ne me sentais pas très bien aujourd'hui, donc j'ai dit à Christophe que c'était sa journée, qu'il était assez fort pour le sprint", a expliqué Van Aert.
Un potentiel idéalement exploité
Dans une équipe où il n'a pas la pression des résultats, Laporte a révélé tout le potentiel qu'il montrait par bribes jusque-là. "Il ne sait pas lui-même à quel point il est fort", affirme son coéquipier Nathan van Hooydonck. "Il a toujours pris le vent, il a beaucoup travaillé, et quand vous voyez à quel point Jonas [Vingegaard] était content pour lui, ça dit tout", ajoute son directeur sportif Merijn Zeeman.
Gardien de Roglic ou Vingegaard dans la plaine, protecteur de Van Aert sur les pavés, sprinteur de rechange : Laporte est l'homme à tout faire chez Jumbo-Visma. "C'est un super compagnon de route, une très belle personne. Il est très tranquille, il aime beaucoup dormir mais sur le vélo c'est une machine", plaisante Sepp Kuss.
"Quand vous avez des équipiers qui travaillent toujours pour l'équipe, et qui arrivent à gagner eux aussi, c'est très spécial."
Merijn Zeeman, directeur sportif de Jumbo-Vismaà franceinfo: sport
Laporte a déjà réussi son pari après "beaucoup de sacrifices, loin de la famille". "Je pense qu'en trois mois je n'ai passé qu'une semaine chez moi. On est un groupe très soudé et je pense que ça paye sur le terrain", rappelle le Français. Il succède ainsi au grand absent de ce Tour, Julian Alaphilippe, qui était le principal pourvoyeur de victoires françaises depuis quatre ans avec six succès, le dernier en 2021.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.