Tour de France 2022 : dans l’ombre de la cabine des chronométreurs, trois secondes pour déterminer le vainqueur
Jusqu'à la fin du Tour de France, franceinfo: sport vous présente les métiers méconnus mais indispensables pour le bon fonctionnement de la Grande Boucle.
Ils occupent certainement la place la mieux située à l'arrivée des étapes du Tour de France, mais n'ont pas le temps d'en profiter. Dans leur cabine, installée sur la ligne, les chronométreurs doivent se montrer réactifs pour désigner le vainqueur, en particulier lors des arrivées au sprint.
Trois secondes. C'est en moyenne le temps dont les chronométreurs du Tour de France ont besoin pour obtenir l'identité du vainqueur de l'étape du jour, quand la victoire se joue au sprint. "Trois caméras sont installées sur la ligne, de chaque côté, et elles peuvent nous fournir jusqu'à 10 000 photos par seconde", explique Cédric*, responsable des équipes de Tissot, le chronométreur officiel de la Grande Boucle. Les clichés sont ensuite directement envoyés sur les écrans des deux chronométreurs présents en cabine, qui jugent le passage de chaque athlète et transmettent les images ainsi que le classement aux partenaires et médias.
Si la ligne d'arrivée tracée au sol mesure plusieurs centimètres, celle sur laquelle est jugée la victoire d'étape ne fait que 19 microns (19 millièmes de millimètre). C'est cette ligne qui apparaît sur les écrans de Cédric au moment de regarder les photos. "Finalement, la photo-finish que l'on observe est une succession de photos qui sont horodatées, pour nous permettre de déterminer précisément l'écart. Sur la troisième étape, Dylan Groenewegen et Wout van Aert sont arrivés avec deux millièmes de seconde d'écart, ce qui correspond tout de même à 3,8 cm sur la ligne", assure le spécialiste.
Bien que minime, cet écart ne s'avère pas le plus faible observé par le chronométreur, également présent sur la Vuelta, le Giro, Paris-Roubaix et les classiques italiennes. "Sur le Giro en mai, Arnaud Démare s'est imposé devant Caleb Ewan pour trois millimètres", se souvient-il.
Plusieurs points sur le parcours
Mais le travail des chronométreurs ne se résume pas uniquement à la désignation du vainqueur. Ils déterminent également le classement final de l'étape, le général, et le classement par points. "Pour le général, on doit attendre l'arrivée de chaque athlète, et quand il y a un peloton assez large avec 120 coureurs, on doit déterminer qui arrive et l'ordre de passage de chacun", décrit Cédric.
Le général est d'abord provisoire, en attendant les retours des juges qui ont observé la course et d'éventuels incidents. "Par exemple jeudi, Alexey Lutsenko a pris 20 secondes de pénalité pour s'être ravitaillé dans les cinq derniers kilomètres. Les juges nous en ont informé, on a mis à jour le classement, et on l'a ensuite communiqué à nouveau", note le chronométreur.
Des équipes de Tissot sont également réparties tout au long du parcours, sur les sprints intermédiaires, pour déterminer l'attribution des points pour le maillot vert, et à trois kilomètres de l'arrivée. "S'il y a un crash dans les trois derniers kilomètres, le classement final de l'étape sera établi selon l'ordre de passage sur la ligne des trois kilomètres, où un collègue se trouve avec un capteur pour les transpondeurs des coureurs", explique le chronométreur.
Ces hommes de l'ombre indispensables à la course seront mis encore un peu plus à contribution lors du contre-la-montre lors de la dernière étape. Tissot fournira les trois chronos intermédiaires en plus de celui de l'arrivée.
*Le prénom a été modifié pour des raisons de confidentialité.
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