Les islamistes présumés arrêtés en Espagne avaient de quoi "faire exploser un bus"
Trois hommes ont été interpellés dans deux villes d'Espagne. La police a retrouvé des explosifs chez l'un d'eux.
Quel était leur objectif ? Trois membres présumés d'Al-Qaïda ont été arrêtés mercredi dans le sud de l'Espagne en possession d'explosifs, ont annoncé jeudi 2 août plusieurs médias espagnols, dont le quotidien El Pais (article en espagnol).
Le ministre de l'Intérieur, Jorge Fernandez Diaz, a confirmé l'information, un peu plus tard, annonçant que des "indices clairs" montrent que les trois hommes préparaient un attentat en Espagne. Selon lui, il s'agit de "l'une des plus importantes enquêtes menées jusqu'à aujourd'hui contre l'organisation terroriste Al-Qaïda au niveau international".
"Des personnes extrêmement dangereuses"
Les arrestations ont eu lieu à Ciudad Real (centre-sud) et à La Linea de la Concepcion (sud). Dans la première ville, les policiers ont arrêté deux hommes originaires "d'ex-républiques soviétiques" qui se dirigeaient vers Irun, au Pays basque. Ces "membres d'Al-Qaïda, des personnes extrêmement dangereuses", d'après le ministre, avaient l'intention de quitter le pays pour la France. L'un d'eux "est un cadre très important dans la structure d'Al-Qaïda au niveau international", a-t-il ajouté.
Le troisième, un Turc arrêté à La Linea de la Concepcion, serait un logisticien de l'organisation. Chez lui, la police a mis la main sur du matériel explosif en quantité suffisante pour faire "exploser un bus". Le ministre a "démenti" que le trio ait été en possession de poison, comme l'avait affirmé la presse, et il a refusé de confirmer des informations de médias qui faisaient état de leurs liens avec le groupe islamiste basé au Pakistan Lashkar-e-Taïba (LeT). Ce groupe est accusé d'avoir perpétré les attentats de Bombay (Inde) en 2008, qui avaient fait au total 166 morts et plus de 300 blessés. Le dossier a été confié à un juge de l'Audience nationale, le tribunal madrilène compétent en matière d'affaires terroristes.
Des précédents
Le 11 mars 2004, des attentats islamistes avaient fait 191 morts dans des trains de banlieue à Madrid. Depuis, plusieurs coups de filets dans les milieux jihadistes ont été menés ces dernières années en Espagne. Mais c'est la première fois que les autorités font état, de manière aussi précise, d'un projet d'attentat déjoué. Des arrestations de militants islamistes radicaux ont eu lieu dans différentes régions du pays, notamment en Catalogne, dans le Nord-Est, et dans la région de Valence, dans l'Est.
En juin, la police avait arrêté à Melilla, une enclave espagnole située à l'extrémité nord du Maroc, deux Espagnols, membres présumés d'une cellule islamiste radicale, soupçonnés d'avoir torturé et assassiné en 2008 deux hommes qui avaient tenté de quitter le groupe. Le ministre de l'Intérieur avait alors affirmé que les deux suspects, placés en détention, appartenaient à "la même mouvance radicale" que les islamistes qui s'étaient immolés à Leganés, près de Madrid, le 3 avril 2004, trois semaines après les attentats du 11 mars.
En mars dernier, la justice avait également placé en détention provisoire un Saoudien arrêté à Valence, pour "délit d'appartenance présumée à une organisation terroriste" proche d'Al-Qaïda. Cet homme était soupçonné par la justice d'être membre, depuis au moins 2005, d'une organisation nommée "réseau Ansar al-Moudjahidine (Raam)" gérant des sites internet dont l'objectif est le "recrutement, l'endoctrinement et la radicalisation de sympathisants pour la lutte armée".
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