Un thérapeute accusé d'avoir manipulé la mémoire de ses patients
Un homme se présentant comme thérapeute comparaît pour "abus de faiblesse" mardi à Paris. C'est la première fois en France que la justice se penche sur les "faux souvenirs induits".
Thérapeute ou gourou ? L'"humanothérapeute" autoproclamé Benoît Yang-Ting, 77 ans, et son épouse comparaissent pour "abus de faiblesse", mardi 10 avril devant le tribunal correctionnel de Paris. Ils sont accusés d'avoir extorqué des centaines de milliers d'euros à des patients, par la méthode des "faux souvenirs induits". Leur procès est le premier en France, alors que des dizaines de procédures sont en cours aux Etats-Unis.
• Qui accuse Benoît Yang-Ting ?
L'homme de 77 ans fait face à deux accusateurs. Bernard Touchebeuf, 58 ans, consultant en management, raconte au Figaro comment il a "perdu 750 000 euros et tant d'années avec ses parents". "J'étais persuadé qu'ils avaient voulu me tuer", confesse-t-il au quotidien. Des souvenirs "imposés lors de sessions de trois semaines, tarifées 45 000 euros, et au cours desquelles il devait à peine manger, dormir et passer ensuite des heures sur un divan, entièrement nu", décrit Le Figaro.
"J’avais perdu ma mère, j’avais 16 ans et j’étais isolée à Paris", raconte la deuxième plaignante, Stéphanie (le prénom a été changé), la quarantaine, sur Europe 1. Elle a donc fait confiance au thérapeute que son père lui avait recommandé. "Quand la vie est en jeu, ça n’a pas de prix", dit-elle. Pourtant, entre les sessions, les entretiens exceptionnels et les sanctions financières pour des "fautes d'orthographe", il lui en a coûté 238 000 euros sur douze ans.
• Que lui reprochent-ils ?
Les deux plaignants accusent le thérapeute autoproclamé d'avoir utilisé sur eux la méthode des "faux souvenirs induits", qui consiste à pousser des patients à créer dans leur mémoire des évènements qui ne sont jamais arrivés. En général, les souvenirs ainsi créés ont pour objet des traumatismes lointains, souvent d'ordre sexuel. Bernard Touchebeuf raconte ainsi au Figaro qu'il "s'est vu dans le ventre de sa mère, quand il n'était qu'un embryon" et qu'"il a aperçu une aiguille à tricoter".
Stéphanie a rencontré d’autres personnes qui ont essayé la thérapie de Benoît Yang-Ting, mais pour lesquelles "les faits sont aujourd’hui prescrits", précise Europe 1. "On s’est même aperçu qu’on avait vécu la même chose, c'est-à-dire qu’on avait toutes été violées par notre père voire notre grand-père", ajoute-t-elle.
• Comment le prévenu se défend-il ?
"L'une est avocate, l'autre est consultant en management. Ces personnes n'ont rien de vulnérable", avance l'avocat de Benoît Yang-Ting, François Gibault, dans Le Figaro. Les victimes auront par ailleurs du mal, selon l'avocat, à démontrer que "ces images du passé ont été soufflées par Benoît Yang-Ting".
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