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Sarkozy : les Bettencourt "ne m'ont jamais donné un sou et je ne leur en ai jamais demandé"

Auditionné jeudi par le juge Gentil à Strasbourg, l'ex-président de la République a nié tout financement illégal de ses campagnes par les milliardaires.

Article rédigé par franceinfo
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L'ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, photographié à travers la vitre de sa voiture à la sortie de son audition de 12 heures par les juges chargés de l'affaire Bettencourt, jeudi 22 novembre 2012.  (PIERRE ANDRIEU / AFP)

AFFAIRE BETTENCOURT – Le juge a-t-il confondu Liliane Bettencourt, héritière de L'Oréal, et Ingrid Betancourt, ancienne otage franco-colombienne aux mains des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc). Qu'a indiqué Nicolas Sarkozy aux juges d'instruction chargés d'enquêter sur les soupçons de financement frauduleux de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 ?

Au lendemain de son audition à Bordeaux dans l'affaire Bettencourt, francetv info revient sur ce que l'on sait des échanges entre l'ancien président de la République, placé jeudi sous le statut de témoin assisté, et le juge Gentil, à la tête de l'instruction. 

Sarkozy dit n'avoir jamais reçu "un sou" des Bettencourt 

Selon le quotidien régional Sud-Ouest, l'ancien président de la République a assuré au juge Gentil n'avoir jamais reçu d'argent de la part de la famille de l'héritière de L'Oréal.  "Je connais les Bettencourt depuis 28 ans et j'en ai 57. J'ai fait cinq campagnes municipales à Neuilly : ils ne m'ont jamais donné un sou et je ne leur en ai jamais demandé", a assuré Nicolas Sarkozy dans le bureau du juge, selon les procès-verbaux de l'audition, consulté par Sud-Ouest.

Questionné sur le financement de sa campagne électorale de 2007, Nicolas Sarkozy a nié avoir eu le moindre rendez-vous avec André Bettencourt (mort en novembre 2007) car, a-t-il dit, "je ne m'en occupe pas". "Il y a un fossé infranchissable avec le candidat", déclare-t-il, ajoutant qu'il ne fait à l'époque "aucun chèque", "ne règle aucune dépense" et "ne reçois rien", laissant agir à Eric Woerth, le trésorier de la campagne, qui ne lui aurait parlé d'aucun des donateurs. 

Lorsque le juge a évoqué les 50 000 euros que l'ex-comptable des Bettencourt Claire Thibout dit avoir retiré au début de 2007 pour les remettre à Patrice de Maistre, lequel lui aurait confié qu'il devait remettre 150 000 euros à Eric Woerth, Nicolas Sarkozy a demandé: "Quel lien avec moi? Patrice de Maistre? Je n'ai aucun rapport avec lui puisqu'il est établi qu'à cette date je ne l'ai jamais rencontré". Il a répondu de la même manière au sujet des 400 000 euros rapatriés des comptes suisses des Bettencourt en avril 2007.

"Depuis trente-six ans de vie politique, c'est la première fois que je suis convoqué dans un cabinet d'instruction. C'est une épreuve", a déclaré Nicolas Sarkozy en fin d'audition au juge. "C'est l'homme qui est venu répondre à vos questions et c'est l'homme qui doit répondre d'un abus de faiblesse sur une vieille dame… Je comprends votre démarche mais ce n'est pas facile. M'imaginer profiter de la faiblesse d'une vieille dame…"

Une confusion entre Bettencourt et Betancourt ?

Vendredi, l'avocat de Nicolas Sarkozy a livré à Europe 1 une information qui a fait lever quelques sourcils : selon maître Thierry Herzog,son client aurait été victime d'une confusion entre Liliane Bettencourt, la milliardaire, et Ingrid Betancourt, otage des FARC en Colombie à l'époque de l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy.

L'avocat évoque "un tableau (…) où très curieusement on indique que Nicolas Sarkozy a reçu la famille Betancourt, B-E-T-A-N-C-O-U-R-T", a-t-il souligné. "Le juge fait cette mention entre parenthèses : 'nom mal orthographié'", précise Thierry Herzog.

Confondre Betancourt et Bettencourt : "une honte" pour l'avocat de Sarkozy (Francetv info)

Le tableau en question existe bel et bien : Le Parisien en publie samedi un extrait où est visible la ligne mentionnée par l'avocat. Il est présenté par le journal comme faisant partie d'une "note de synthèse" des enquêteurs, établie "à partir des agendas de l’ex-chef de l’Etat saisis l’été dernier".

Mais le parquet de Bordeaux nie toute confusion sur ce point par le juge le jour de l'audition. Le procureur de la République de Bordeaux, Claude Laplaud, a indiqué par communiqué que "contrairement à ce qui a pu être publié ce jour dans divers organes de presse (...) la convocation de M. Nicolas Sarkozy ne mentionnait pas un rendez-vous relatif à Mme Ingrid Betancourt, figurant dans son agenda à la date du 5 juin 2007 au palais de l'Elysée, et il n'a pas été interrogé sur ce point", assure-t-il.

L'ancien président placé sous le statut de témoin assisté

Nicolas Sarkozy a quitté jeudi soir le palais de justice de Bordeaux sous le statut de témoin assisté, ce qui signifie qu'il n'est pas mis en examen pour l'instant. Interrogé à l'issue de cette longue audition, l'avocat avait dit espérer "qu'on lui concédera le bénéfice de l'innocence pure et simple à partir du moment où les juges, après 12 heures d'audition, ont estimé qu'il n'y avait aucune charge, aucun indice grave et concordant".

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