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Zlatan Ibrahimovic, la star que vous allez adorer détester

PARIS - Le nouvel avant-centre du PSG est un formidable joueur, au caractère bien trempé, aux petites phrases légendaires et un des plus controversés de sa génération. 

Article rédigé par Pierrick de Morel, Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Zlatan Ibrahimovic lors de l'Euro, le 25 mai 2012. (JONATHAN NACKSTRAND / AFP)

Sa devise : "Ne respecte pas les autres."
Son tatouage : “Seul Dieu peut me juger.”
Sa conception de son rôle d’attaquant : “J'aime humilier mon adversaire, cela fait partie de ma conception du jeu."
Son dernier grand match : contre Donald Duck dans le Mickey Parade suédois.

Zlatan Ibrahimovic a débarqué en France, mardi 17 juillet. Un joueur qu'on adore ou qu'on déteste, mais qui ne laisse pas indifférent.

• Ibrahimovic, l'homme qui valait 200 millions

Depuis ses débuts de footballeur professionnel, Zlatan Ibrahimovic a connu un parcours aussi prestigieux que coûteux. Le joueur fait ses gammes dans le petit club suédois de Malmö, avant de susciter l’intérêt des plus grands clubs européens. En 2001, alors qu’il n’a que 20 ans, il est recruté par l’Ajax d’Amsterdam. Durant ses trois saisons aux Pays-Bas, Ibrahimovic se fait remarquer par un style et une technique hors normes. Il marque 33 buts, dont cette merveille inscrite le 9 mai 2004 face au NAC Breda. 


Ensuite, tout s’enchaîne : Ajax-Juventus-Inter-Barcelone-Milan AC-PSG : les transferts du Suédois ont généré près de 200 millions d’euros d’indemnités. 

Un paquet de titres aussi : sept titres de champion en dix ans. Comme il l’expliquait en fin de saison dernière, qu'il finit bredouille avec le Milan AC : "Je ne suis pas habitué à ne pas gagner." Une soif de victoire donc, et une hantise de l’échec. Quand la sélection suédoise rate la qualification pour la Coupe du monde en Afrique du Sud, l’attaquant claque purement et simplement la porte de l’équipe. Avant de revenir pour humilier les Bleus à l'Euro 2012. 

A 30 ans passés, un âge considéré comme canonique pour un attaquant en France, il va à l’encontre des idées reçues des entraîneurs sur canapé. Qu’importe. "Comme le vin, je me bonifie avec l’âge", expliquait-il, cité par le Footy Blog. Pour autant, l'opération de séduction de son public français est loin d'être gagnée.

• Culturellement, en France, on attend trop des stars

En France, on ne va parler que de son salaire. Silvio Berlusconi, patron du Milan AC, déclarait récemment à la Gazzetta Dello Sport : "En vendant Thiago Silva et Ibrahimovic au PSG, nous économisons 150 millions d’euros sur deux ans en salaires." Si l’impôt à 75% proposé par François Hollande est appliqué, une saison d’Ibrahimovic coûtera 89 millions d'euros au PSG, a calculé le blog Sport Business de Challenges. Un prix qui va laisser peu de temps au Suédois pour faire ses preuves : le salaire que vont lui verser les Qataris vont l’obliger à briller tout de suite.

Anelka, Gourcuff et dernièrement Pastore se sont vu rappeler le prix de leurs transferts et leur salaire à six chiffres au moindre match moyen. Et la dernière star mondiale arrivée au club, Ronaldinho en 2002, avait été critiquée dès qu'elle ne faisait pas un match exceptionnel. Ibrahimovic, qui traîne une réputation de joueur jamais décisif dans les très grands matchs, carrément considéré comme "surcoté" outre-Manche (lien en anglais), parviendra-t-il à faire taire les Cassandre ?

Si Ibrahimovic est un joueur extraordinaire, ce n’est pas un monstre d’altruisme et de collectif. Cette chanson à sa gloire résume bien ses petits défauts : "La chose que Zlatan préfère le plus, c’est de se voir dans le miroir tous les matins." 

• Culturellement en France, on n'aime pas les nouveaux riches

Le PSG va souffrir de l’image de nouveau riche, ce qu’on pourrait appeler le syndrome Manchester City. Comme les Citizens, rachetés par un cheikh aux poches pleines de billets, le PSG dépense beaucoup pour bâtir une équipe de stars.
"C'est la même stratégie de type 'nouveaux riches', utilisée il y a quelques années par Manchester City ou Chelsea, qui est adoptée", explique Erwan Poiraud, économiste, au Parisien.

Le club parisien est ainsi le club le plus dépensier en Europe depuis deux ans, devant Chelsea et la Juventus. Sur les dix dernières années, il n’a connu que deux intersaisons où il a reçu plus qu’il n’a dépensé, note le blog spécialisé dans le foot-business The Swiss Ramble (lien en anglais).

Mais l’exemple de Manchester City n’incite pas forcément à l’optimisme. Alors que l’entraîneur du PSG Carlo Ancelotti clame haut et fort son intention de rejoindre le club très fermé des équipes qui comptent en Europe, comme le Real Madrid ou Manchester United, rappelons qu’il a fallu quatre ans pour que Manchester City remporte le championnat d’Angleterre. Et en Coupe d’Europe, les Citizens n’ont pas fait d’étincelles.

C'est la raison pour laquelle Ibrahimovic et les joueurs recrutés avec lui cet été devront au plus vite justifier le prix mis sur la table par les dirigeants qataris pour les faire venir à Paris. Histoire de prouver que de grands joueurs peuvent faire une grande équipe.

• Culturellement, en France, on n'aime pas le PSG

Mais même de bons résultats du Paris Saint-Germain et de ses stars pourraient finalement être vains pour la notoriété du club de la capitale. En effet, chaque victoire du PSG sera considérée comme normale, fruit des dépenses inconsidérées d’un investisseur irrationnel qui tue le championnat en surpayant des stars, acquérant des supporters girouettes comme l'a fait Chelsea. Et chaque défaite du club suscitera le bonheur de tous ceux qui se disent contre ces équipes construites à coups de millions, et qui pourront se féliciter que l’argent ne permet pas tout.

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