Après avoir fait l'objet d'une série d'articles, Michel Houellebecq accuse "Le Monde" de nuire à sa sécurité
L'écrivain a déploré la publication d'une longue enquête du quotidien à son sujet. "La publication de mes habitudes de vie ne facilite pas le travail des policiers chargés de ma protection", estime-t-il.
Le torchon brûle entre Michel Houellebecq et Le Monde. L'écrivain a réagi, lundi 24 août, à une série de six articles que le quotidien vient de lui consacrer et qui revient sur des épisodes de la vie de l'écrivain de ces dernières années. Dans cette enquête, la journaliste Ariane Chemin raconte notamment la collaboration de l'écrivain au magazine 20 ans, le procès que lui avait intenté des organisations musulmanes en 2002 ou encore les relations amicales qu'il entretenait avec l'économiste Bernard Maris, un des journalistes de Charlie Hebdo assassinés le 7 janvier.
Michel Houellebecq a fait part de son mécontentement dans une déclaration envoyée à l'AFP. "La publication de mes habitudes de vie ne facilite pas le travail des policiers chargés de ma protection", déplore l'auteur, sous protection policière depuis la publication de son roman Soumission (éd. Flammarion), paru le jour de l'attentat contre Charlie Hebdo. Dans ce roman, il imagine l'arrivée du chef d'un parti musulman à l'Elysée en 2022 et suit la trajectoire d'un professeur de littérature, jusqu'à la conversion de ce dernier à l'islam.
"Je devrais probablement porter plainte"
Jugeant ses articles précédents de "très bas niveau", dénonçant "beaucoup d'insinuations" et un "ton de sournoiserie malveillante", l'écrivain dénigre de fond en comble le travail de la journaliste. "Une mise au point : je n'ai jamais refusé de parler au Monde, je garde par exemple un bon souvenir de Marion van Renterghem, et d'autres journalistes de ce quotidien ; j'ai juste refusé de parler à Ariane Chemin", insiste l'auteur de La possibilité d'une île.
Pointant cette dernière, l'écrivain juge que les journalistes qui se livrent à ce genre d'investigation peuvent "devenir dangereux". "Savoir dans quel Monoprix je fais mes courses n'a pas une importance nationale", tranche encore l'écrivain en faisant remarquer que ses lecteurs "n'ont rien demandé". "Je devrais probablement porter plainte, mais surtout j'aurais dû le faire bien avant, ajoute-t-il. Si j'avais été moins paresseux sur le plan judiciaire, j'aurais peut-être gagné le droit qu'on me foute la paix."
Des interviews au "Figaro Magazine" pendant tout l'été
Contacté par l'AFP, le directeur du Monde, Jérôme Fenoglio, a contesté les allégations de l'écrivain. "Nous n'avons rien publié qui soit susceptible de faire prendre le moindre risque supplémentaire" à Michel Houellebecq, indique-t-il. "Nous avons été extrêmement prudents. Ce que nous avons publié est beaucoup moins précis que ce que Michel Houellebecq lui-même a révélé dans les médias", a-t-il dit. Jérôme Fenoglio a par ailleurs dénoncé les "injures" et les propos diffamatoires de l'écrivain contre sa reporter, dont il a salué "le travail rigoureux".
Michel Houellebecq ne souhaitait pas que Le Monde publie une série dont il serait le sujet. Il a, en revanche, accepté de se confier au Figaro Magazine pendant tout l'été. Dans la dernière livraison de l'hebdomadaire, il affirme notamment qu'il "aime beaucoup déambuler dans le centre commercial Italie Deux" dans le 13e arrondissement de Paris.
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