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Mali. "Le plus dur reste à venir"

La France enchaîne les victoires face aux jihadistes dans le nord du pays. Mais les troupes françaises ont-elles réussi leur pari militaire ? Les explications du colonel Michel Goya, de l'Irsem.

Article rédigé par Jelena Prtoric - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des soldats français sur la base aérienne militaire 101 de Bamako (Mali), le 14 janvier 2013.  (ISSOUF SANOGO / AFP)

"Nous sommes en train de gagner cette bataille." Lundi 28 janvier, François Hollande a salué l’avancée des forces militaires françaises et maliennes qui ont reconquis la ville de Tombouctou le même jour. L'opération sur Tombouctou survient deux jours après la reprise de Gao, un des bastions des forces islamistes dans le nord du Mali. Mais les forces françaises pourront-elles poursuivre cette reconquête éclair ? Eléments de réponse avec le colonel Michel Goya, directeur d'études du domaine "Nouveaux conflits" à l'Institut de recherche stratégique de l'école militaire (Irsem).


Francetv info : Comment la France a-t-elle réussi à reconquérir, en deux semaines seulement, une aussi grande partie du territoire malien ?  

Michel Goya : Il faut reconnaître que la France a mis en place une importante main-d'œuvre logistique. Il s’agit de soldats qui ont de l'expérience, qui sont bien équipés. Sans oublier l’importance des contingents tchadiens et d’autres forces africaines. Certes, nous avons toujours des problèmes de moyens - les drones de surveillance américains nous seraient d’une aide précieuse - mais les forces que l'on a engagées sur le terrain en si peu de temps sont impressionnantes.

En outre, il est plus facile d'avancer quand l'ennemi évite le combat. Entre deux stratégies possibles, essayer de ralentir les forces françaises et maliennes par des combats directs ou se replier, les jihadistes ont opté pour l'éparpillement. Ils ont compris qu'ils n'avaient pas les moyens d'entrer en combat direct et qu'ils étaient "condamnés" à mener une guerre des embuscades et des pièges.

La France risque-t-elle de s'enliser au Mali ? Et l'armée malienne, épaulée par d'autres forces africaines, serait-t-elle prête à continuer la guerre sans les Français ?

Même si la France décidait de ne pas poursuivre le combat contre les jihadistes dans le nord du pays, elle continuerait à assurer un soutien logistique aux Maliens. Il est d'ailleurs normal que la France ne parte pas du Mali tout de suite : l'armée malienne n'est pas encore assez forte pour pouvoir se passer des forces internationales.

Il reste encore une ville importante à reconquérir dans le nord, Kidal. Peut-être que les forces françaises feront une pause avant de s'y attaquer, peut-être qu'elles iront au combat tout de suite. Reste que, après la prise de Kidal, le plus dur arrive.

Quels seront les défis pour l'armée française dans l’avenir ?

Les jihadistes sont en train de se retirer vers les terrains montagneux du Nord-Mali qu'ils connaissent parfaitement. On va entrer dans une autre phase : il faudra traquer des terroristes, envoyer des petites patrouilles sur un terrain très vaste... Cela exige un certain savoir-faire du combat dans des conditions particulièrement difficiles. Pourtant, les Français avaient déjà participé à de telles opérations, au Tchad dans des années 70, et lors de la campagne militaire en Afghanistan.

En revanche, si les jihadistes décident de quitter le pays - les frontières sont trop étendues pour qu'on puisse les contrôler entièrement - il sera très difficile voire impossible pour la France d'intervenir ailleurs, surtout en Algérie. 

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