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Google, Facebook, Microsoft… Comment contourner l'espionnage de la NSA ?

En plein scandale Prism, ce vaste programme d'espionnage élaboré par les Etats-Unis, francetvinfo vous explique comment protéger votre vie numérique.

Article rédigé par Benoist Fechner
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Les grandes firmes du web sont presque toutes impliquées dans le scandale Prism, un programme d'espionnage américain. (GETTY IMAGES)

Microsoft, Yahoo!, Google, Facebook, PalTalk, AOL, Skype, YouTube, Apple... La liste des entreprises compromises(Nouvelle fenêtre) dans le scandale Prism(Nouvelle fenêtre), du nom de ce vaste programme d'espionnage élaboré depuis 2007 par la NSA(Nouvelle fenêtre), l'agence de sécurité nationale américaine, a de quoi faire frémir. A travers elles, c'est toute votre vie numérique, et parfois davantage, qui se retrouve dans la ligne de mire de Big Brother. Heureusement, il y a encore une vie en ligne en dehors des services de ces neuf géants du web. Vous saviez déjà comment plaquer Google(Nouvelle fenêtre). Voici comment sortir (presque) entièrement du prisme, quitte à sacrifier votre confort et vos habitudes.

Votre téléphone

Si vous utilisez un smartphone, c'est le moment d'en faire votre deuil. Google (Android), Apple (iPhone) et Microsoft (Windows Phone), les trois fers de lance de Prism, fournissent le système d'exploitation d'une écrasante majorité de smartphones. Considérez donc qu'ils sont bons pour la poubelle, ou assumez votre penchant exhibitionniste. Notez qu'il en va de même pour les tablettes et les ordinateurs personnels... A ceci près que pour ces derniers, le système Linux, qui est open source(Nouvelle fenêtre), offre une solution de rechange assez crédible.

Votre navigateur internet

Inutile de noyer plus longtemps le poisson, votre navigateur internet vous mène en bateau depuis un moment déjà. A commencer par Chrome (Google), Internet Explorer (Microsoft) et Safari (Apple), qui représentent environ 80% du marché(Nouvelle fenêtre).

Vous ne comprenez rien à l'informatique. La solution la plus simple consiste à se passer de leurs services pour leur préférer les navigateurs Opera(Nouvelle fenêtre) ou Firefox(Nouvelle fenêtre). Ensuite, vous pourrez utiliser un serveur proxy(Nouvelle fenêtre) pour masquer votre adresse IP. Cela n'arrêtera probablement pas la NSA, mais si l'agence en avait après vous, cela pourrait la ralentir. Pour utiliser un tel système, vous n'avez rien à installer et presque rien à faire. Il vous suffit de vous rendre sur une plate-forme dédiée, par exemple ici(Nouvelle fenêtre), et de choisir une adresse de serveur dans la liste qui vous est proposée. Vous êtes ensuite redirigé vers la page du serveur choisi, à partir de laquelle vous pourrez aller consulter n'importe quel site (par exemple nsa.gov) de façon anonyme, c'est-à-dire sans trahir votre véritable adresse IP(Nouvelle fenêtre).

 
 

Vous êtes un peu geek sur les bords. Le réseau Tor(Nouvelle fenêtre) et son navigateur ont déjà fait leurs preuves, notamment lors du "printemps arabe". Après avoir téléchargé le programme(Nouvelle fenêtre), vous n'avez qu'à décompresser l'archive pour commencer à l'utiliser.

 

 

Vous êtes geek et complètement paranoïaque. Dans ce cas, vous avez certainement déjà installé et configuré un réseau privé virtuel(Nouvelle fenêtre) (VPN, en anglais). Il permet de vous connecter anonymement à internet, et virtuellement depuis n'importe quel point du globe, au moyen d'un tunnel sécurisé. VyprVPN(Nouvelle fenêtre) (payant) est l'un des systèmes les plus populaires dans ce registre et de nombreux tutoriels sont disponibles en ligne pour apprendre à bien l'utiliser.

 
 

Vos e-mails

En matière de messagerie, c'est officiel, les géants du web vous mettent en boîte. Et subitement, le monde vous paraît nettement plus petit : oubliez Gmail, Hotmail (Outlook), Yahoo! Mail, AOL et les services de messagerie d'Apple. Tous sont compromis.

Vous préférez vous en tenir au gratuit. Les solutions se nomment Voila.fr(Nouvelle fenêtre) (France Télécom), LaPoste.net(Nouvelle fenêtre) ou encore Zoho Mail(Nouvelle fenêtre). Vous ne bénéficierez sans doute pas des mêmes intégrations de services que chez votre fournisseur précédent (Google Drive, SkyDrive...), mais vous aurez accès à l'essentiel : plusieurs gigas de stockage, une taille de pièces jointes acceptable et un antispam efficace.

 
 

Quitte à payer, vous voulez tout maîtriser. Ceux qui possèdent un nom de domaine, par exemple pour héberger leur blog, le savent bien : on est libre d'héberger sa propre messagerie. La bonne nouvelle, c'est que si vous n'avez pas déjà un site et n'en voyez pas l'utilité, vous n'aurez pas à en créer un. Vous pouvez parfaitement vous contenter de déposer un nom de domaine, souscrire à une solution d'hébergement, par exemple chez OVH(Nouvelle fenêtre), et configurer une ou plusieurs adresses e-mail du type votrenom@votrenomdedomaine.fr. C'est beaucoup plus simple à faire qu'il n'y paraît et il ne vous en coûtera pas plus d'une poignée d'euros par an.

 
 

Vous préférez vous faire servir en y mettant le prix. Vous avez retenu la leçon, "si c'est gratuit, c'est que vous êtes le produit". Pour un service cinq étoiles et, on l'espère, une politique de confidentialité irréprochable, tournez-vous vers une messagerie payante comme FastMail(Nouvelle fenêtre).

Si vous n'aimez pas utiliser un webmail, vous pouvez également télécharger le logiciel de messagerie open source Thunderbird(Nouvelle fenêtre) (gratuit), qui vous aidera à vous passer d'Outlook ou de Windows Live Mail (Microsoft).

 
 

Enfin, si les services tout de même bien pratiques que sont Google ou Windows Agenda vous manquent et que votre dernier agenda papier remonte aux années 1990, tournez-vous vers Zoho Calendar(Nouvelle fenêtre), qui remplit très bien cette fonction.

 
 

Vos recherches en ligne

Google Search, Yahoo!, Bing (Microsoft) l'auront bien cherché. Ce n'est pas parce qu'ils représentent 98% du marché qu'ils sont indispensables. Vous aurez même un choix assez large pour les remplacer.

Si vous préférez le made in France. Foncez découvrir LeMoteur.fr(Nouvelle fenêtre), un outil 100% français développé par des ingénieurs d'Orange, ou tournez-vous vers Qwant, le dernier-né des moteurs de recherche(Nouvelle fenêtre) qu'on avait oublié un peu vite depuis son lancement. 

 
 

Si vous êtes geek, snob ou les deux à la fois. Optez pour Wolfram Alpha(Nouvelle fenêtre), le moteur scientifique qui a réponse à presque tout, ou osez le retour vers le futur avec Alta Vista(Nouvelle fenêtre), un outil presque aussi vieux que le web, fondé en 1995. 

 
 

Si votre vie privée passe avant toute autre considération. DuckDuckGo(Nouvelle fenêtre), sous ses airs de vilain petit canard de la recherche en ligne, est l'un des rares services qui vous propose d'effectuer des requêtes anonymes, n'hésitant pas à moquer au passage les pratiques de Google(Nouvelle fenêtre). Le moteur IxQuick(Nouvelle fenêtre) affiche le même positionnement.

 

Une liste exhaustive des moteurs en activité, ainsi que leurs liens avec les géants du web, est consultable sur Wikipédia(Nouvelle fenêtre).

Les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux sont sans doute le domaine où le caractère antisocial de Prism transparaît le mieux.

Vous êtes accro. Exit Facebook ou Google+, seul Twitter échappe miraculeusement au scandale à ce stade de l'affaire. Il faut dire que presque tout y est déjà public, à l'exception des rares Direct Messages que les utilisateurs s'y échangent. Les tweets sont même soigneusement archivés depuis 2010 à la bibliothèque du Congrès américain, comme le rapportait Libération(Nouvelle fenêtre) à l'époque.

Vous êtes résigné. A moins de revenir d'un long voyage sur Mars, vous savez de toute façon depuis longtemps à quoi vous en tenir avec ce type de sites et avez appris à ne pas trop vous dévoiler(Nouvelle fenêtre) sur Facebook.

Vous êtes curieux. Il existe tout de même quelques solutions de rechange éthiques. On peut citer Reddit(Nouvelle fenêtre), qui ne conserve vos données (notamment votre adresse IP) que 90 jours(Nouvelle fenêtre), mais dont l'interface austère fera fuir plus d'un geek. Ou encore Diaspora, un réseau social open source encore très loin d'avoir atteint la masse critique qui suffirait pourtant à le rendre attrayant. 

 

Les services annexes

La liste des services sur lesquels les révélations d'Edward Snowden(Nouvelle fenêtre) ont jeté l’opprobre est encore longue, et touche à vos usages les plus quotidiens et les plus anodins. Dans certains cas, elle nous renverrait presque à la préhistoire du web. 

Vos itinéraires et vos plans. Faites une croix sur Google Maps et retournez à vos premières amours, Mappy(Nouvelle fenêtre) ou Via Michelin(Nouvelle fenêtre). 

Vos messages instantanés. Dites au revoir à Skype et consorts, ce sera l'occasion de découvrir ou de redécouvrir ICQ(Nouvelle fenêtre), une vieille gloire d'internet passée sous pavillon russe depuis longtemps déjà.

 
 

Le partage vidéo. On risque de moins entendre ces jours-ci ceux qui dénonçaient avec force le refus du gouvernement de céder Dailymotion(Nouvelle fenêtre) à Yahoo!. Cela tombe bien, ce sera votre meilleur substitut à YouTube, avec Vimeo(Nouvelle fenêtre). 

L'hébergement de vos photos. Bye-bye Instagram (Facebook), Picasa (Google) ou Flickr (Yahoo!) et bonjour au vide presque absolu laissé derrière eux. En désespoir de cause, essayez donc PhotoBucket(Nouvelle fenêtre), mais ce sera nettement moins beau. 

Vos outils collaboratifs. Adieu Google Drive et Microsoft Office 365. Profitez-en pour tester Ulteo(Nouvelle fenêtre), qui offre un accès en ligne à la suite Open Office(Nouvelle fenêtre), ou tournez-vous une nouvelle fois vers Zoho(Nouvelle fenêtre) et ses outils maison. 

Vos partages de fichiers. Il semblerait que DropBox était le prochain sur la liste à rejoindre Prism au moment où le scandale a éclaté. On peut sans doute faire confiance à Kim Dotcom(Nouvelle fenêtre) et son site Mega(Nouvelle fenêtre) pour rester le plus longtemps possible à l'écart du FBI et de la CIA.

 
 

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