"Pièces à conviction". Médicaments : effets secondaires ou mortels ?
En janvier 2016, Guillaume Molinet, un volontaire qui effectue un test pour le laboratoire Biotrial, a un malaise. Il décède au CHU de Rennes quelques jours plus tard. Quatre autres volontaires participant à l’essai sont aussi hospitalisés. En 2013, un anticoagulant de nouvelle génération, le Pradaxa, est soupçonné de provoquer des hémorragies internes fatales à des centaines de patients…
Les scandales liés à l’industrie pharmaceutique se succèdent, la défiance croît dans l’opinion : certains médicaments auraient des effets secondaires graves, voire mortels. Comment de tels drames peuvent-ils se produire ? Quelle est la responsabilité des laboratoires ? Les autorités de santé auraient-elles manqué de vigilance ? Les experts censés évaluer les dangers des médicaments sont-ils toujours indépendants ? Le 26 avril 2017, l’enquête de "Pièces à conviction" lève le voile sur les essais cliniques, les effets secondaires mortels de certains médicaments et révèle les failles de notre système de santé.
Chaque année, de nouveaux médicaments arrivent dans nos pharmacies, après des essais cliniques très contrôlés. Mais en janvier 2016, un test mené par le laboratoire Biotrial vire au cauchemar. Guillaume Molinet, un homme de 49 ans, est volontaire pour effectuer un test clinique sur une molécule, la BIA 10-2474, utilisée pour lutter contre la douleur et les troubles anxieux. Rapidement, il se sent mal et est admis au CHU de Rennes. En attendant, le laboratoire continue les essais sur d’autres volontaires. L'état de Guillaume Molinet s'aggrave et il décède le 17 janvier après plusieurs jours de coma. Cinq autres volontaires subissent eux aussi des effets secondaires importants et sont hospitalisés, souffrant de graves lésions neurologiques.
Un an et demi plus tard, "Pièces à conviction" revient sur l’affaire Biotrial. Comment un tel drame a-t-il pu se produire ? Le laboratoire aurait-il commis des erreurs ? Les autorités de santé ont-elles failli ? La justice enquête…
La sécurité des patients serait-elle parfois négligée ?
D’autres médicaments dangereux échappent-ils à la vigilance des autorités ? En 2011, les essais cliniques du Pradaxa sont validés et le médicament arrive sur le marché malgré ses graves effets secondaires. Cet anticoagulant destiné à soigner les troubles cardiaques semble parfois entraîner des hémorragies internes fatales pour les patients. Le Syndicat des jeunes biologistes médicaux avait pourtant évoqué le risque d’un scandale, n'hésitant pas à qualifier les anticoagulants oraux de nouvelle génération de "bombe à retardement"… Les médecins biologistes reprochaient notamment à ces nouveaux traitements leur prix trop élevé, leur prescription selon eux "injustifiée" à des patients qui supportaient bien les traitements plus anciens, mais surtout un risque important d'hémorragie interne contre lequel il n’existait pas d’antidote. Plus de 230 personnes à qui l’on avait prescrit du Pradaxa ont trouvé la mort en France à ce jour, 540 aux Etats-Unis.
Une plainte classée sans suite
En octobre 2013, les familles de personnes âgées décédées ont porté plainte contre le laboratoire Boehringer Ingelheim qui commercialise le médicament. La plainte visait également l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé, à qui il était reproché d'avoir méconnu les principes de précaution et de prévention. En mars 2014, le parquet de Paris classait l’affaire sans suite…
Pourquoi ce médicament a-t-il été lancé sur le marché sans antidote ? Le laboratoire et les autorités auraient-ils négligé la sécurité des patients ? Les experts censés évaluer les dangers des médicaments étaient-ils indépendants ?
L’enquête de "Pièces à conviction" lève le voile sur les essais cliniques, les effets secondaires mortels de certains médicaments et révèle les failles de notre système de santé.
Une enquête réalisée par Paul Labrosse.
Le reportage est suivi d'un débat animé par Virna Sacchi.
La rédaction vous invite à commenter l'émission sur sa page Facebook ou sur Twitter avec le hashtag #PacFTV.
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