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Quatre tendances à retenir du rapport 2015 sur l'état du racisme en France

La Commission nationale consultative des droits de l'homme publie lundi son rapport annuel sur le racisme.

Article rédigé par franceinfo
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Marche pour l'égalité et contre le racisme à Paris, trente ans après la marche des Beurs, le 7 décembre 2013. (MAXPPP)

Après 2015, année de sanglants attentats jihadistes, quel est l'état du racisme, de l'antisémitisme et de la xénophobie en France ? La Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH), publie lundi 2 mai son rapport 2015 sur le sujet. Cette enquête sur l'état de l'opinion a été réalisée du 4 au 11 janvier 2016 par l'institut de sondage Ipsos sur un échantillon de 1 015 personnes. Les résultats ont été analysés par trois chercheurs, Guy Michelat, Vincent Tiberj et Tommaso Vitale.

Fait marquant : les Français n'ont jamais été aussi tolérants et ouverts à la diversité. Francetv info a consulté ce rapport et vous en résume les principales tendances.

Un retour de la tolérance

Grâce à un indice de tolérance fondé sur 69 séries de questions portant sur les opinions envers les minorités, la CNCDH montre que le niveau des préjugés varie. L'année 2015 a été riche d'événements susceptibles de peser dans les deux sens, "soit vers plus de crispation envers les immigrés, soit au contraire vers plus d'ouverture", mais voit un retour inattendu de la tolérance.

La crise des réfugiés, les attentats de Charlie Hebdo et du 13 novembre auraient pu exacerber les craintes et remettre en question les valeurs de solidarité, mais l'indice montre que "la société française refuse les amalgames et valorise l'acceptation de l'autre". L'augmentation de la tolérance entre mars 2015 et janvier 2016 est ainsi de 5 points, après quatre années de baisse.

Pour les chercheurs, ce phénomène s'explique par la réaction républicaine aux attentats, la mobilisation contre le Front national, le recentrage d'une partie de l'électorat de droite et la volonté de paraître "politiquement correct".

Trois fois plus de faits antimusulmans en 2015

Depuis janvier 2015, les actes antimusulmans ont franchi un seuil jamais atteint, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Malgré un recul observé en 2014, les chiffres de l'année 2015 confirment la tendance à la hausse observée depuis 2011, avec + 223% d'actes antimusulmans en 2015, contre une baisse de 41% en 2014.

Cette progression de la violence comprend des tirs à balles réelles, des jets de grenades, des agressions, des incendies ou tentatives d'incendies, ainsi que des déclarations publiques. En 2015, plusieurs maires, comme ceux de Roanne et Belfort, se sont prononcés pour accueillir en priorité des réfugiés chrétiens dans leur commune.

Si les musulmans de France sont très largement acceptés, l'islam représente, lui, "une menace pour l'identité de la France" selon 49% des sondés.

Un recul des préjugés antisémites

L'affaire Merah en 2012, l'agression d'un couple à Créteil (Val-de-Marne) en 2014, l'attentat de l'Hyper Cacher en janvier 2015... La multiplication et la gravité des violences ciblant des juifs en France alimentent l'idée selon laquelle l'antisémitisme connaîtrait un regain. Au contraire, le rapport constate plutôt son reflux.

L'opinion à l'égard des juifs – qui représentent moins de 1% de la population française – est meilleure que pour les autres minorités. Le sentiment qu'ils sont "des Français comme les autres" s'est imposé et atteint les 89% (plus de 13 points par rapport à la même question concernant les musulmans). L'idée que les juifs forment "un groupe à part" recule, au profit du sentiment qu'ils sont "un groupe ouvert". La religion juive évoque aussi quelque chose de positif pour les sondés.

En revanche, le préjugé selon lequel les juifs "ont un rapport particulier à l'argent" persiste : il est approuvé en 2016 par 41% des personnes interrogées. En outre, 20% à 30% des sondés pensent que les juifs ont "trop de pouvoir en France".

Les Roms considérés comme "un groupe à part" 

"Les Roms souffrent d'une image très peu favorable auprès des personnes interrogées". Les préjugés à leur égard sont tenaces : trois quarts des personnes interrogées considèrent qu'ils sont nomades, 58% remettent en cause leur volonté de s'intégrer en France.

Par ailleurs, 69% pensent que les Roms exploitent les enfants et 58% qu'ils vivent essentiellement de vols et de trafics. Cette dernière affirmation n'est cependant pas partagée par les cadres (49% s'y opposent), les habitants de la région parisienne (45% ne sont pas d'accord) et les plus diplômés (47% sont en désaccord).

Cependant, la CNCDH constate que si les sentiments négatifs à l'égard des Roms persistent, ils ont tout de même baissé : en décembre 2014, 77% des sondés pensaient que les Roms ne voulaient pas s’intégrer en France.

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