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A Bruxelles, certains pro-Européens tentés de pousser la Grande-Bretagne vers la sortie

David Cameron a promis un réferendum sur la sortie de la Grande-Bretagne de l'Union européenne. Un coup de tonnerre à Bruxelles. Analyse de François Beaudonnet, correspondant de France 2 à Bruxelles. 

Article rédigé par Martin Gouesse
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Drapeaux des Etats membres de l'Union Européenne, à Strasbourg, le 14 mars 2007. (GERARD CERLES / AFP)

Les Britanniques vont-ils quitter l'Union européenne ? Le Premier ministre britannique, David Cameron, a promis mercredi 23 janvier d'organiser un réferendum sur la question. Les relations entre Londres et Bruxelles ont toujours été tendues : "I want my money back", déclarait Margaret Thatcher en 1979.

A Bruxelles, les avis sont partagés. Si les réactions officielles sont plutôt feutrées, dans les couloirs des institutions, certains prendraient bien David Cameron au mot. L'analyse de François Beaudonnet, le correspondant de France 2 à Bruxelles.

Francetv info : A Bruxelles, quelles sont les réactions au discours de David Cameron ?

François Beaudonnet : Il y a deux sortes de réactions. Les officielles sont plutôt rares, car c'est avant tout une question de politique intérieure britannique. Mais ceux qui le font réagissent assez violemment. Michel Barnier vient de nous dire : "Britanniques et Européens doivent rester unis, sinon nous serons tous les sous-traitants des Chinois." Les Suédois, eux, mettent en garde contre une perte de l'influence européenne. Carl Bildt, leur ministre des Affaires étrangères, estime qu'une "Europe à 28 vitesses, c'est le bazar".

Et puis il y a ce qui se dit dans les couloirs de la Commission, qui sont des réactions plus radicales. On entend des choses comme "on ne peut pas avoir saboté la construction européenne pendant des décennies et dire 'maintenant on s'en va !'", ou bien "l'Europe à la carte, ça ne marche pas". D'autres voix, toujours non officielles, rappellent que les Britanniques n'ont pas signé les les accords de Schengen, ou estiment qu'ils ne font pas partie de la zone euro. "Ils ne veulent rien alors qu'ils partent, l'Europe fonctionnera mieux", disent-ils en substance.

Les relations entre Londres et Bruxelles ont toujours été tendues…

Oui, mais jusqu'ici c'était plutôt souterrain, maintenant c'est au grand jour. Bruxelles va d'ailleurs devoir faire attention, car ce que David Cameron reproche à l'Europe peut trouver un écho dans d'autres pays. Il n'y a pas que les Britanniques qui pensent que ce système manque de démocratie, que cette Europe se fait loin de ses habitants. L'histoire entre Londres et Bruxelles a toujours été compliquée, mais là, il s'agit de beaucoup plus qu'un énième soubresaut dans une relation difficile. Il va être délicat pour Bruxelles de faire la sourde oreille.

Et tout cela n'est pas sans conséquence. Catherine Ashton, haute représentante de l'Union pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité‎, est censée être la voix de l'Europe dans le monde. Mais sa position va être très inconfortable, car elle est britannique. 

Comment vont se passer les prochains mois à Bruxelles ?

Les 7 et 8 février, il y a un sommet consacré au budget de l'Union. Cela s'annonçait déjà tendu, mais David Cameron va être au centre de toutes les attentions. Il voulait faire de grosses coupes, comme baisser les salaires des fonctionnaires européens. Il va tenter de mettre en pratique ce qu'il a dit. Est-ce qu'il sera isolé ou est-ce que les autres pays, les "triple A", comme on dit ici, vont le suivre ?

Ce qui est sûr, c'est que le départ des Britanniques serait une première. L'Europe sortirait affaiblie après ce coup très dur porté à la construction européenne. Les conséquences économiques et militaires – le Royaume-Uni est, avec la France, la seule puissance militaire d'Europe – seraient importantes. C'est un gros chantier qui s'ouvre, on sent bien qu'une page est en train de se tourner.

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