A la recherche de la nouvelle star de l'UMP
Jean-François Copé, François Fillon, Alain Juppé... Qui va diriger l'UMP après la défaite de Nicolas Sarkozy le 6 mai. Atouts et faiblesses de chacune des forces en présence.
La guerre des chefs est ouverte à l'UMP. C'est François Fillon qui a tiré le premier, mercredi 23 mai, en soulignant dans une interview l'absence de "leader naturel à l'UMP". Une flèche à destination de Jean-François Copé, actuel secrétaire général du mouvement. Et surtout une rupture de leur pacte d'unité qui devait durer jusqu'aux législatives. La défaite de Nicolas Sarkozy le 6 mai a ouvert cette guerre de succession pour le contrôle du parti dans la perspective de la présidentielle de 2017. Et selon ses statuts, l’UMP a entre quatre à six mois pour organiser un congrès et nommer un nouveau président. Etat des forces en présence.
• Jean-François Copé, l'ambitieux infatigable
Ses atouts Jean-François Copé dirige l'UMP depuis novembre 2010. Il maîtrise donc l'appareil. Pendant deux ans, il a pu nommer ses proches à tous les niveaux du parti, indique Le Figaro. Le quotidien ajoute qu'il a également réussi à réunir le plus grand nombre de patrons de fédérations autour de lui. Enfin, il a confié des responsabilités à une jeune garde qu'il a formée (Valérie Rosso-Debord, Sébastien Huygue, Franck Riester...). Et depuis des mois, le secrétaire général de l'UMP sillonne les fédérations et soigne les militants. Infatigable, il les rassure, leur fait la bise et promet de nouvelles victoires.
Autre point positif pour Jean-François Copé, sa popularité parmi les parlementaires. A la tête du groupe UMP à l'Assemblée nationale entre 2007 et 2010, il a cherché à renforcer les pouvoirs du Parlement face à l'exécutif, avant de passer le flambeau à un proche, Christian Jacob. A tel point que Le Figaro évoquait en 2009 le "héraut de l''hyper-Parlement'".
Au cœur de la campagne pour la réélection de Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé n'a pas ménagé ses efforts, enchaînant meetings et interviews. Sentant la contestation monter au sein de l'UMP, le secrétaire général a accepté la création de courants pour "faire vivre [la] diversité". Et pour conserver la tête du parti et viser 2017, il fait montre d'une détermination à toutes épreuves : "Dans cette histoire, je joue ma carrière. Donc j'irai jusqu'au bout", confie-t-il le 18 mai au Figaro.
Ses faiblesses Même s'il est apprécié des militants, Jean-François Copé doit encore travailler pour s'imposer plus globalement. C'est François Fillon que les Français souhaitent voir à la tête de l'UMP dans les prochaines années (27%) devant Alain Juppé (20%), selon un sondage Ifop pour Sud Ouest, publié le 12 mai. L'actuel secrétaire général de l'UMP ne convainc que 13% des personnes interrogées.
Jean-François Copé a tout de même une expérience gouvernementale. Entre 2002 à 2007, il est porte-parole du gouvernement, secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, ministre délégué à l'Intérieur puis ministre délégué au Budget. Mais le palmarès paraît faible et lointain par rapport à la charge assumée par François Fillon pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy.
Et s'il a beaucoup d'amis, le maire de Meaux (Seine-et-Marne) suscite une "détestation y compris dans son propre camp". Selon L'Express.fr, "personne n'a autant d'ennemis que lui à l'UMP". De nombreux poids lourds du parti pourraient ainsi soutenir François Fillon pour lui barrer la route.
Enfin, l'actuel député de Seine-et-Marne doit se faire réélire en juin. Or il risque de devoir affronter une triangulaire avec, en embuscade, la vice-présidente du Front national, Marie-Christine Arnautu.
Ses alliés On compte l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, qui "offre à Copé une image de rassembleur", selon un copéiste cité par le Figaro. Puis, ceux que l'on a appelé les "mousquetaires" pendant la campagne présidentielle, Valérie Pécresse, Bruno Le Maire, François Baroin et Luc Chatel, qui devraient aussi lui être fidèles. Ensemble, ils avaient tenu meeting à Provins (Seine-et-Marne) début avril. Une unité de circonstance que Jean-François Copé devra cultiver. Rachida Dati, ennemie jurée de François Fillon, compte bien également peser de tout son poids pour mettre en échec l'ex-chef du gouvernement. Autres personnalités : Thierry Mariani, Lionnel Luca (Droite populaire), Hervé Novelli (libéraux), Brice Hortefeux, Guillaume Peltier, Christian Estrosi (sarkozystes).
• François Fillon, la force tranquille
Ses atouts Il incarne la stabilité et l'expérience. Premier ministre pendant cinq ans, François Fillon a résisté à un contexte de crises, à un hyper-président, à une opposition musclée... Il a bénéficié du soutien sans faille des parlementaires et a su conserver une certaine cote de popularité, contrairement à Sarkozy. En avril, l'ex-chef de l'Etat rassemblait 36% d'opinions favorables contre 50% pour son Premier ministre, selon le baromètre mensuel Ifop publié dans le Journal du dimanche.
Non seulement, François Fillon arrive devant l'actuel secrétaire général de l'UMP parmi les personnalités que les Français souhaiteraient voir à la tête du parti dans les prochaines années, mais il est aussi le chouchou des sympathisants de droite. "Au moment de voter [pour élire le président du parti], les militants penseront aux municipales de 2014 et à la présidentielle de 2017 et à qui pourra les mener victorieusement à ces batailles-là", prédit une ancienne ministre au Figaro.
Ses faiblesses Jean-François Copé le répète à l'envi en privé : François Fillon est un homme sans troupe. S'il bénéficie de soutiens, ceux-ci ne sont pas organisés comme peuvent l'être ceux du secrétaire général. Malgré tout, François Fillon veut s'assurer un avenir national : il quitte la Sarthe et n'a pas le droit à l'erreur. Parachuté, il devient "l'hyper-candidat" : candidat aux législatives à Paris, candidat à la tête de l'UMP et probable candidat à la mairie de Paris en 2014... Attention à l'atterrissage.
La stratégie de François Fillon pourrait aussi se révéler dangereuse. En rompant l'unité de l'UMP lancée en pleine bataille pour les législatives et en affichant son ambition, l'ex-Premier ministre court le risque d'apparaître comme l'homme de la division. "Et ainsi permettre à Jean-François Copé d'adopter la posture de rassembleur", précise L'Express.fr.
Ses alliés Pour Roselyne Bachelot, l'ancien Premier ministre a la "capacité à rassembler au-delà de notre propre famille de l'UMP". Laurent Wauquiez ou Xavier Bertrand seront de son côté aussi. L'ancien président du Sénat, Gérard Larcher, soutient l'ex-Premier ministre, comme certaines figures locales de l'UMP (Etienne Pinte, Jérôme Chartier, Philippe Goujon...).
• Alain Juppé, en embuscade
Le sage... Ancien ministre des Affaires étrangères, ancien Premier ministre, Alain Juppé est aussi cité parmi les personnalités qui pourraient briguer la présidence de l'UMP. L'intéressé refuse pour le moment de commenter cette éventualité. Il se pose donc, au moins provisoirement, en arbitre du match Copé-Fillon. Jeudi 24 mai, il a lancé un appel à l'unité au sein du parti après les propos polémiques de François Fillon. "J'espère qu'il s'agit simplement de paroles malencontreuses." Appelant à "préserver le travail collectif" effectué en vue des législatives des 10 et 17 juin, il a ajouté que le moment n'était pas encore venu de "préparer le congrès du mois d'octobre", lorsque l'UMP devra désigner son chef.
... ou le recours Mais dès le mois de mars, Alain Juppé s'était posé en garant de l'unité du parti en cas de défaite de Nicolas Sarkozy. "La seule chose qui me motive, c'est le maintien de l'unité de l'UMP et la sauvegarde de ses valeurs, indiquait-il dans un entretien au Figaro. J'ai fondé, avec d'autres, ce mouvement, et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour éviter que cet acquis soit remis en question".
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