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A Villeneuve-sur-Lot, ils veulent tous la place de Jérôme Cahuzac

L'élection législative partielle organisée à Villeneuve-sur-Lot les 16 et 23 juin attire dix-sept candidats. Des pirates au parti d'en rire, en passant par un lycéen et quelques parachutés, francetv info vous explique pourquoi ils sont là. 

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Stéphane Geyres (à droite), le candidat du Mouvement des libertariens à l'élection législative partielle de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), le 18 mai 2013. (THOMAS BAIETTO / FRANCETV INFO)

Ils n'étaient que 10 à prendre le départ l'an dernier, ils seront 17 cette année. L'élection législative partielle de la troisième circonscription du Lot-et-Garonne, organisée les 16 et 23 juin dans l'ancien fief de Jérôme Cahuzac, Villeneuve-sur-Lot, attire les convoitises.

Au côté des partis traditionnels, comme le PS, l'UMP, le FN, le Front de gauche, Europe Ecologie - Les Verts, le Modem ou le NPA, se pressent des représentants de petits partis ou des candidats sans étiquette. Pourquoi se présentent-ils ? Qu'espèrent-ils ? Francetv info leur a posé la question.

Ceux qui sont là à cause de l'affaire Cahuzac

Cédric Levieux, 35 ans, candidat du Parti pirate. Présent dans 101 circonscriptions l'an passé, le Parti pirate n'avait pu présenter de candidat à Villeneuve-sur-Lot. "Plus proche pirate de cette circonscription", Cédric Levieux, un ingénieur résidant à Valence d'Agen (Tarn-et-Garonne), a été désigné pour brandir le drapeau pirate dans cette élection.

Ce parti, défenseur des droits des internautes et promoteur de la démocratie directe, espère profiter de l'affaire Cahuzac pour faire avancer ses idées et médiatiser son action. "Jérôme Cahuzac est un catalyseur. Il représente ce que nous redoutons lorsque nous parlons de transparence de la vie politique et d'indépendance de la justice", explique Cédric Levieux. Le candidat, qui fera campagne avec un budget serré de 2 000 euros, espère dépasser la barre des 1%.

Nicolas Miguet, 52 ans, candidat du Rassemblement du contribuable français. Nationalement connu pour ses talents de colleur d'affiches, il ne pouvait pas manquer cette élection "symbolique". Les déboires de Jérôme Cahuzac, "c'est un peu ce que nous dénonçons depuis quinze ans : un système fiscal complètement imbécile, regrette-t-il, avant de livrer sa lecture de l'affaire : En France, nous avons une surfiscalisation. Un entrepreneur, Jérôme Cahuzac, a donc décidé de se faire rémunérer hors système fiscal et il est tombé pour fraude".

Coutumier des candidatures avortées à la présidentielle et déjà candidat aux législatives en 2002 et en 2012, Nicolas Miguet compte faire campagne une fois de plus sur la simplification du système fiscal. Que vise-t-il le 16 juin prochain ? "Notre score normal, c'est 1 à 2% des voix. Si on dépasse les 5%, nous serons déjà heureux. Et si on se qualifie pour le second tour, c'est que certains auront fait des pèlerinages à Lourdes", ironise-t-il. 

Ceux qui en profitent pour faire la promotion de leur parti

François Asselineau, 56 ans, candidat de l'Union populaire républicaine (UPR). Proche de Charles Pasqua, cet énarque voit dans cette élection une nouvelle occasion de faire connaître l'UPR, qu'il a fondée en 2007 avec un mot d'ordre simple : la sortie de l'Union européenne. "C'est une occasion pour nous de profiter de la notoriété médiatique de cette élection et de galvaniser nos adhérents", résume le fondateur de ce mouvement qui revendique près de 3 000 membres.

Parisien, l'inspecteur général des finances réfute toute accusation de parachutage. "Ce qui compte, ce n'est pas de savoir si je suis natif de Villeneuve-sur-Lot mais si ce que je vais dire aux électeurs les intéresse", réplique-t-il. Dans un département très touché par le chômage, il compte "expliquer aux Lot-et-garonnais que leurs problèmes découlent de quelque chose dont personne ne veut parler : la construction européenne". Quel est son objectif ? "Je n'ai aucune idée du score que nous pouvons faire", confie-t-il, lucide quant à la faible notoriété de son mouvement et l'absence d'implantation locale.

Stéphane Geyres, 51 ans, candidat du Mouvement des libertariens. Tee-shirts jaunes et tracts à la main sur le marché de Villeneuve-sur-Lot, les Libertariens ne cachent pas l'opportunité que représente la démission de Jérôme Cahuzac pour leur jeune mouvement, créé en février 2013. "Il y a une place à prendre, c'est une opportunité que nous avons décidé de saisir", explique Stéphane Geyres, venu de Toulouse pour se présenter.

L'informaticien, qui ne peut venir que les week-ends à cause de son travail, espère dépasser les 5% avec un programme résolument libéral. "C'est en revenant sur une politique où l'Etat serait seulement régalien que nous pouvons retrouver la prospérité", poursuit-il. En clair, il réclame moins d'impôts, de réglementations et une plus grande liberté pour l'individu.

L'Alliance royale, avec Michel Garcia-Luna, et le Rassemblement social démocrate, représenté par Rachid Nekkaz, ont également décidé, à la dernière minute, de se lancer dans la campagne.

Ceux qui ne sont pas convaincus par les autres candidats

Benoît Frison-Roche, 62 ans, candidat divers droite. Président du conseil d'administration du lycée privé Sainte-Catherine, cet ancien officier de marine se présente parce qu'aucun candidat ne lui convient à droite. Il ne veut pas plus entendre parler du Front national, "une protestation stérile", que du candidat investi par l'UMP et l'UDI, Jean-Louis Costes, trop centriste à son goût. "Il est consensuel, ce qui conduit une grande partie de notre électorat à se détourner de la droite", juge-t-il.

"Devant cette carence à droite", il va donc défendre une candidature proche de ce que propose la Droite forte de Guillaume Peltier et Geoffroy Didier à l'échelle nationale. Il milite contre le mariage des homosexuels et appelle à diminuer l'immigration légale. L'ancien militaire compte bien profiter des divisions de l'UMP locale, un temps partagée entre deux candidats, pour faire le meilleur score possible.

Anne Carpentier, 64 ans, candidate pour le Parti d'en rire. Fondatrice et rédactrice en chef du bimensuel satirique de Villeneuve-sur-Lot, La Feuille, la journaliste a décidé de "sortir son nez de clown" et de se présenter parce qu'elle ne savait pas pour qui voter. "Ces 17 candidatures, ces egos qui se fritent... Je ressens le besoin de rappeler Coluche", explique-t-elle.

Sa candidature se veut donc une protestation symbolique contre la campagne en cours et le traitement réservé à Jérôme Cahuzac. "Au lieu de voter pour les extrêmes, il vaut mieux voter pour quelque chose de plus apaisé", lance-t-elle aux déçus de la circonscription.

Celui qui est là pour dénoncer les privilèges des députés

Hervé Lebreton, 41 ans, candidat sans étiquette. Président de l'association Pour une démocratie directe, ce professeur de mathématiques de Lacépède (Lot-et-Garonne) bataille depuis plusieurs années contre les privilèges des parlementaires, obtenant au passage une victoire sur la publicité de la réserve parlementaire. "C'est en étant confronté aux institutions, au mépris de ces dernières, que j'ai décidé d'aller plus loin", confie-t-il.

Il sera donc candidat, pour défendre une autre conception du travail de député. "Un certain nombre d'élus ne nous représentent pas vraiment (...) Les parlementaires en place défendent plus des postures partisanes que l'intérêt général", estime-t-il. Candidat une première fois l'an dernier, il avait obtenu 1,21% des voix.

Celui qui espère lancer sa future carrière politique

Joffrey Raphaël-Leygues, 18 ans, candidat de l'"extrême centre". 
Benjamin de l'élection, ce lycéen, actuellement en classe de seconde, ne cache pas son ambition. "Le but est de me faire connaître pour les années à venir. Au début, je voulais commencer par me présenter sur une liste municipale puis gravir les échelons. Mais l'occasion s'est présentée, alors je me suis lancé", raconte celui qui tractait l'an passé pour Nicolas Sarkozy, sans être militant de l'UMP.

Son programme n'est pas encore tout à fait au point mais il compte sur son positionnement original - "je suis extrême centre, cela n'existe pas, c'est moi qui l'ai inventé" - et sur son nom - son aïeul fut ministre de la Marine et président du Conseil au début du siècle - pour lancer sa carrière politique. "Député, c'est un poste qui me plairait beaucoup", confie-t-il avec gourmandise.

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