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Affaire du Carlton : DSK devrait être convoqué le 28 mars pour être mis en examen

L'ancien patron du FMI, en garde à vue depuis mardi est sorti libre, mais sera mis en examen le 28 mars pour "complicité de proxénétisme aggravé en bande organisé" et "recel d'abus de biens sociaux".

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Dominique Strauss-Kahn à sa sortie de garde à vue à Lille (Nord), le 22 février 2012. (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

Après deux jours et une nuit en garde à vue à Lille (Nord), Dominique Strauss-Kahn est sorti libre mercredi 22 février, mais il devrait être convoqué le 28 mars devant les juges pour être mis en examen pour "complicité de proxénétisme aggravé en bande organisée" et "recel d'abus de biens sociaux" dans l'affaire du Carlton, selon une source judiciaire.

L'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) a quitté la caserne de gendarmerie où il a été entendu pendant environ 32 heures aux alentours de 18h30. Il avait été convoqué mardi matin et placé en garde à vue pour "complicité de proxénétisme aggravé en bande organisée" et "recel d'abus de biens sociaux". Selon son avocate, DSK est "parfaitement satisfait d'avoir été entendu dans des conditions de grande sérénité".

 

DSK ressort de sa garde à vue ( France 3)

Dominique Strauss-Kahn devait ainsi apporter sa version des faits dans cette affaire de proxénétisme qui mouille policiers et notables lillois. Son nom est en effet régulièrement cité dans le dossier. Pour quelles raisons ? FTVi vous donne des éléments de réponse.

1. Quelles informations Dominique Strauss-Kahn avait-il sur les filles ? 

Dans le dossier du Carlton de Lille, prostituées mais aussi participants à des parties fines ont cité le nom de Dominique Strauss-Kahn, dans les médias ou devant les enquêteurs, rappelle Le Figaro. Ils présentent DSK comme l'un des clients potentiels du réseau de prostitution, lors d'escapades organisées en France ou à l'étranger. 

Des parties fines de Paris à Washington Dans un entretien au quotidien Nord-Eclair en novembre, une jeune femme, Jade, évoque une première rencontre libertine avec l'ancien directeur du FMI en mars 2009 à l'hôtel Murano, à Paris, en compagnie de David Roquet, patron d'une filiale d'Eiffage aujourd'hui mis en examen pour proxénétisme aggravé. Le lieu semble convoité : Mounia, 36 ans, évoque elle aussi une soirée au Murano, au printemps 2010, en compagnie des deux hommes. "Il s’agit d’une soirée avec DSK et quatre prostituées dans un hôtel des grands boulevards, avec piscine sur le toit au printemps 2010", relate une source proche du dossier citée par Libération.fr

Selon Le Figaro.fr, David Roquet a reconnu avoir rencontré DSK lors de ces journées parisiennes. Des soirées libertines auraient aussi été organisées à Lille, en Belgique et aux Etats-Unis. Selon Libération.fr, onze parties fines auraient été payées par David Roquet. 

Une troisième jeune femme, "Florence", mêle DSK à l'affaire. Elle confie avoir eu une relation sexuelle consentie avec lui en mai 2011, à Washington. Habituée de ces escapades où qu'elles s'organisent, elle dit avoir reçu de l'argent à chaque fois, de la part de Fabrice Paszkowski, connaissance de longue date de DSK, et David Roquet. Quelque 2 400 euros pour le voyage à Washington, entre 500 et 1 000 euros pour les soirées tarifées parisiennes, assure Le Monde.fr. Jade a elle aussi été des voyages américains, dès 2010, s'accordant même une photographie au bras de DSK dans ses bureaux du FMI, comme le rapporte Nord-Eclair

Les questions Dominique Strauss-Kahn savait-il que les filles étaient rétribuées pour leurs prestations ? Et les soirées organisées l'étaient-elles à sa demande ? 

En guise de réponse, le principal intéressé s'est défendu dans sa biographie Affaires DSK, la contre-enquête (Ed. du Moment), écrite par Michel Taubmann : "J'ai participé à des soirées libertines, c'est vrai, mais d'habitude, les participantes à ces soirées ne sont pas des prostituées." C'est aussi la ligne de défense adoptée par ses avocats. 


2. Y a-t-il eu des contreparties pour les organisateurs ? 

Les relations de Dominique Strauss-Kahn font tiquer les policiers. Et pourraient bien constituer une épine dans le pied de l'ancien ministre. Plusieurs protagonistes de l'affaire, désormais mis en examen, semblent en effet avoir été proches de DSK. Jusqu'à quel point ? 

Des relations embarrassantes Selon Libération, DSK consultait Jean-Christophe Lagarde sur des questions de sécurité. Ce commissaire divisionnaire a été mis en examen, fin octobre 2011, pour "proxénétisme aggravé en bande organisée" et "recel d'abus de biens sociaux". Il est cité comme l'un des organisateurs et participants des parties fines parisiennes.

Autre homme à revenir dans les récits des prostituées mais aussi de l'entrepreneur David Roquet : Fabrice Paszkowski. Cet homme d'affaires du Pas-de-Calais est lui aussi soupçonné d'avoir organisé des parties fines et d'avoir réglé une partie des factures sur le compte de son entreprise, à l'instar de David Roquet avec sa filiale d'Eiffage. En novembre 2011, des textos envoyés par DSK, faisant référence à des rencontres avec des jeunes femmes, ont étayé la thèse de sa participation aux soirées. 


Les questions D'après Le Monde.fr, les juges s'intéressent aux "conditions de financement des dépenses suscitées par les parties fines". Y a-t-il eu détournements de fonds pour rémunérer les jeunes femmes lors des escapades françaises ou américaines ? Autre interrogation d'importance, selon Le Nouvel Obs.com : y a-t-il eu des contreparties pour ceux qui les organisaient ?  

Dans un entretien au JDD, le patron d'Eiffage, Pierre Berger, affirme que les notes de frais de David Roquet utilisées en réalité pour des parties fines se montent à 50 000 euros depuis 2009. Le cadre, désormais mis à pied, a accusé l'entreprise d'être au courant de ses agissements, ce qu'Eiffage réfute catégoriquement. Parmi les factures, certaines portent pourtant la mention "DSK". Pierre Berger explique qu'il y a eu "défaillance dans le contrôle de ses notes de frais".

Les juges ont estimé que l'origine frauduleuse des rétributions a été démontré, et que DSK en a eu connaissance et en a profité. Il devrait être donc être mis en examen le 28 mars prochain. Les infractions de complicité de proxénétisme aggravé en bande organisée et recel d'abus de biens sociaux sont punies d'une peine maximale de 20 ans de réclusion criminelle et 5 ans d'emprisonnement.

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