Affaire Tapie : Pierre Estoup serait intervenu en faveur de l'homme d'affaires dès 1998
Selon "Le Monde", l'ancien magistrat aurait tenté de faire pression sur le président de la cour d'appel d'Aix-en-Provence pour éviter la prison à l'homme d'affaires dans le dossier des comptes de l'OM.
L'affaire des comptes de l'OM rattrape l'ex-magistrat Pierre Estoup. Déjà mis en examen pour "escroquerie en bande organisée" dans l'affaire Tapie, il est désormais soupçonné d'être intervenu dès 1998 en faveur de Bernard Tapie, lors d'un procès visant l'Olympique de Marseille. "Il aurait tenté d'influencer le président du tribunal", révèle Le Monde daté de vendredi 20 juin, se basant sur les PV d'audition de Franck Lapeyrère, président de la cour d'appel d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) au moment de cette affaire.
Les enquêteurs se sont en fait intéressés à la dédicace rédigée en juin 1998 par l'homme d'affaires à l'adresse de Pierre Estoup, dans un livre retrouvé au domicile du magistrat, qui est l'un des trois juges arbitres qui a réglé le contentieux entre Tapie et le Crédit lyonnais en 2008. Bernard Tapie y indique notamment : "Votre soutien a changé le cours de mon destin."
"Je ne savais pas qu'il connaissait Bernard Tapie"
Selon Le Monde, cette phrase serait liée à l'affaire des comptes de l'OM, qui trouve son dénouement le 4 juin 1998. Dans ce dossier, Bernard Tapie, ex-président du club de foot phocéen, a d'abord été condamné en première instance à trois ans de prison dont 18 mois ferme par le tribunal de grande instance de Marseille. En appel, l'avocat général avait requis quatre ans de prison dont deux avec sursis. Mais le 4 juin, l'homme d'affaires est finalement condamné à trois ans avec sursis et une amende par la cour d'appel d'Aix-en-Provence, présidée par Franck Lapeyrère.
Or, selon Le Monde, ce dernier est une connaissance de Pierre Estoup. Dans des procès-verbaux d'audition, consultés par Le Monde, Franck Lapeyrère confirme ses liens avec l'ancien magistrat, indiquant que ce dernier "[l'a] proposé au grade de vice-président" de la cour d'appel de Nancy. Il justifie aussi sa décision concernant l'arrêt rendu en 1998 et qui évite la prison à Bernard Tapie : "Il n'y avait pas lieu à de la prison ferme car il n'y avait pas eu d'enrichissement personnel."
Devant les enquêteurs de la brigade financière, Franck Lapeyrère précise encore que "Pierre Estoup a essayé de me voir avant que l'affaire [des comptes de l'OM] ne vienne à l'audience et après que l'arrêt eut été rendu". La rencontre n'a toutefois pas eu lieu, assure-t-il, avant d'indiquer : "Je ne savais pas qu'il connaissait Bernard Tapie." "La concomitance des dates" du procès en appel dans l'affaire de l'OM et de la dédicace "m'ont laissé penser que Pierre Estoup avait pu dire à Tapie qu'il m'avait vu", a encore fait savoir Franck Lapeyrère aux enquêteurs. Avant d'ajouter : "Si M. Estoup a pu dire à M. Tapie que c'était grâce à lui qu'il ne retournait pas en prison, il lui a menti", indique Le Monde.
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