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Prise d'otages en Algérie : la presse du pays entre inquiétude et colère

L'attaque islamiste sur un site gazier du sud-est algérien fait la une des quotidiens jeudi. Francetv info a relevé les réactions de journaux du jour.

Article rédigé par Emilie Jéhanno
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Les unes de trois quotidiens algériens : "El Watan", "Le Quotidien d'Oran" et "La Tribune", jeudi 17 janvier 2013. (MONTAGE / FTVI)

En Algérie, la prise d'otages sur un site gazier d'In Amenas, dans le sud-est du pays, fait évidemment la une des quotidiens, jeudi 17 janvier. Les éditorialistes reprochent au gouvernement algérien sa léthargie alors que le débat autour de la participation de l'Algérie à la guerre au Mali prend de l'ampleur. Francetv info fait le tour des réactions de la presse algérienne.

La porosité de la frontière avec le Mali fait peur

"C'est la facilité avec laquelle l'opération a été exécutée (...) qui inquiète le plus (...), assène Omar Berbiche dans El Watan. Les autorités algériennes ne semblent pas avoir pris conscience de l’ampleur du danger qui guette à nos portes et des risques de voir le conflit se transposer chez nous. Demain, d’autres cibles pourraient être visées, y compris dans la capitale."

L'éditorialiste souligne l'importance stratégique de cette attaque : "Le but (...) est de paralyser la production d’hydrocarbures en semant la peur auprès des techniciens des sociétés étrangères (...). Le fait est gravissime car il s'agit là d'un symbole de la souveraineté nationale qui est ciblé."

Dans La Tribune, Abdelhamid Lemili reste perplexe : "Il est inexplicable (...) qu’une incursion terroriste puisse se faire avec autant d’aisance." L'auteur pointe "la légèreté des responsables" et "leur manque de professionnalisme".

La participation de l'Algérie à la guerre en question

Pour Le Quotidien d'Oran, qui fait partie des tout premiers quotidiens francophones du pays, le gouvernement algérien est maintenant face au "fait accompli". Le pays "reçoit de plein fouet l'effet de la guerre malienne". Et l'éditorialiste de s'interroger : "L'Algérie doit-elle se laisser happer par la guerre au Mali et 'y aller' ?"

Selon Le Quotidien d'Oran, "il faudra 'aller' au Mali pour en finir avec les groupes terroristes", estimeront certains. Mais une telle intervention pourrait aussi constituer "le pire piège", avec "un risque d'ensablement au Nord-Mali". Mais pour le journal,  présent que le feu est allumé au Sahel, les autres, dont l'Algérie, doivent contribuer à l'éteindre".

Dans une tribune sur Le Matin DZ, journal en ligne très virulent à l'égard du pouvoir, Ferhat Aït Ali dénonce "la concentration de la décision politico-militaire entre les mains de quelques vieillards dépassés par les évènements et obnubilés par leur survie politique (...)". 

Pour lui, c'est aussi l'absence de politique étrangère de l'Algérie qui est en jeu : "Il faudra peut-être se résoudre à enclencher des opérations au nord du Mali afin d’arriver avant les colonnes parties du sud à une zone médiane où l’on pourra éventuellement peser sur les discussions futures et repousser la présence militaire occidentale(...)."

Le constat est le même pour le site d'information en ligne Maghreb émergent qui se demande où est la diplomatie africaine de l'Algérie et ironise : "C'est peut-être la proximité de la Coupe d’Afrique des Nations de football qui est responsable d’autant de distraction et de désinvolture".

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