Alimentation : vive les légumes déformés

Elise Lucet : Merci. Si l'on veut éviter le gaspillage, il faut peut-être arrêter d'être aussi exigeant sur l'apparence des légumes. Dans la nature, ils ne sont pas tous calibrés et sans taches. N'hésitez pas à acheter des carottes biscornues ou des poires malformées. Des supermarchés s'engagent dans la campagne "Quoi, ma gueule ?", en vous proposant ces produits dans leurs rayons.

Quelle différence entre ces fraises ou ces fraises ? Ces cerises trop petites, ces goldens abîmées, ces abricots tachés ? celles-ci sont un peu biscornues. C'est un souci pour ce producteur, comme pour tous les autres. Défauts d'aspect, de couleurs, trop gros ou trop petits, bref, pas le calibre standard : les fruits hors-normes sont mis de côté.

Aujourd'hui, ce n'est pas un fruit qui est commercialisable, pas en fruits de premier choix. C'est une perte pour le producteur.

Un manque à gagner qui varie selon les années, mais qui peut vite grimper.

Ça dépend des conditions climatiques et des variétés, soit 15 à 20 %.

Ces invendus se retrouvent pour la première fois sur les étals de la grande distribution, avec l'opération "Quoi, ma gueule ?" Comme ces cerises trop petites, ces pommes légèrement abîmées, ou ces abricots tachés. Avec un prix 30% moins cher, un plus pour les consommateurs.

Je vais les égoutter, elles sont bonnes. Et le prix n'est pas mal.

C'est pas qualibré comme d'habitude.

Le principal, c'est que ce soit bon.

Notre génération, on gaspille rien. On enlève ce qui est touché et on le mange. De nos jours, si c'est pas nickel, on mange pas. Ça me dérange.

Lutter contre le gaspillage : les hypermarchés intègrent la tendance.

Vous les avez goûtées.

Non.

Pourquoi seulement aujourd'hui.

Nous, on était prêts, mais nos clients ne l'auraient pas été. Ce la ne répondait pas aux critères de "beau".

Mais ce qui compte, c'est que les produits soient bons, surtout quand ces gueules cassées suscitent aussi l'imagination.