Défense animale : deux militants de l'association L214 devant la justice
Le procès de deux militants de l'association de défense animale L214 s'ouvre lundi au tribunal correctionnel de Versailles. C'est une première pour cette association.
C'est à 14 heures lundi 4 septembre que s'ouvrira finalement le procès de deux militants de l'association de défense animale L214. Ils comparaissent pour "violation de domicile" et "tentative d'atteinte à la vie privée d'autrui". Ils s'étaient introduits avec des caméras dans un abattoir porcin, pour dénoncer les conditions des animaux via une vidéo virale.
Une QPC pour ouvrir le procès
Les deux hommes, dont le porte-parole et fondateur de l'association, avaient été convoqués une première fois en juin. Mais le tribunal correctionnel de Versailles avait choisi de reporter le procès à après les vacances, après le dépôt tardif d'une question prioritaire de constitutionnalité, une QPC. Les deux avocates estiment que leurs clients ne peuvent pas être poursuivis pour s'être introduits avec des caméras dans un abattoir porcin, c'est donc avec cette QPC que va s'ouvrir le procès.
Selon les avocates, les deux militants de l'association de défense animale L214 ne peuvent pas être poursuivis pour "violation de domicile" et "tentative d'atteinte à la vie privée d'autrui". Car autrui, c'est forcément une personne humaine, disent-elles, pas une personne morale.
Un espionnage illégal
Or c'est dans une entreprise que les deux militants se sont infiltrés en catimini, une nuit de décembre 2016, pour aller espionner l'abattage des porcs. Ils sont entrés sans autorisation dans cet abattoir porcin d'Houdan, le dernier d'Ile-de-France. Et ils ont accroché des caméras sur une nacelle qui descend les cochons dans un puits, où les bêtes sont étourdies au CO2 avant d'être saignées.
Les deux militants comptaient ensuite diffuser des images montrant la souffrance des porcs. Mais en venant récupérer leur matériel, ils ont été interpellés par les gendarmes, qui les avaient repérés. Devant le tribunal, les deux activistes de L214 risquent un an de prison et plusieurs dizaines de milliers d'euros d'amende, mais ils espèrent encore échapper à une condamnation, avec le dépôt de cette QPC philosophique, sur autrui.
Un débat "intéressant" pour L214
Ce procès est une première pour l'association, qui l'aborde "avec confiance et la tête haute" selon Sébastien Arsac, le co-fondateur qui comparaît au procès. "Je peux comprendre que le directeur de l'abattoir porte plainte contre nous. Mais d'un autre côté, il y a la liberté d'expression, le droit d'informer les consommateurs, la protection des animaux. Donc ce procès pour nous est un moment intéressant pour poser la question du travail des associations de défense animale, de comment elles peuvent rendre compte de la réalité."
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