: Vidéo Exploitation minière dans les grands fonds marins : les habitants des abysses menacés
Alors que la crise climatique menace notre environnement, un projet à l’échelle internationale pourrait mettre en danger la biodiversité qui vit dans les abysses des océans. L’exploitation minière, consistant à récupérer les minéraux qui se logent en profondeur, mettrait en danger des espèces dans leur milieu naturel. Brut a échangé avec l’institut Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer) et Pierre-Antoine Dessandier, chercheur en écologie des fonds marins à l'Ifremer, sur sept organismes vivants qui seraient touchés par ce projet.
Des êtres vivants menacés dans leur habitat
Ces spécimens sont généralement méconnus du public car ils peuvent être parfois difficiles à observer. Le poulpe à oreilles dit également “Dumbo” pour ses nageoires semblables à de grandes oreilles, est une espèce qui ne vit que dans les eaux profondes. L’exploitation minière pourrait avoir de forts impacts sur cet animal. Aperçu que très rarement, il est vu comme une espèce emblématique des grands fonds marins. Autre espèce que l’on ne voit que très rarement : le poisson chimère. Son milieu ne laisse passer aucune lumière. Son choix énergétique le plus juste pour ce poisson est donc de rester blanc car les autres organismes ne le voit pas. “On estimait qu'ils étaient rares et assez étonnamment, on les voit quasiment à chaque fois qu'on met un sous-marin sur les systèmes hydrothermaux ou les plaines abyssales”, indique Pierre-Antoine Dessandier.
Les crevettes hydrothermales vivent, elles, dans des fluides beaucoup plus chauds. Elles ont, par ailleurs, la chance de ne posséder aucun prédateur. Leur couleur orangée est “uniquement due aux bactéries qui vivent à l'intérieur d’elles et qui utilisent cette énergie chimique réduite appelée la chimiosynthèse, pour produire de l'énergie et la transmettre à ces crevettes” selon Pierre-Antoine Dessandier. Dans la même catégorie des crustacés, les moules abyssales sont entièrement adaptées aux milieux extrêmes, à la différence des moules côtières que nous avons pour habitude de consommer. Elles vivent à 1 000 et 2 000 mètres de profondeur, parfois plus.
Des organismes indispensables aux océans profonds
Une autre biodiversité cohabite avec ces crustacés, mollusques et êtres vivants aquatiques, ce sont les organismes. Avant même que toutes ces espèces apparaissent, les foraminifères, des micros-organismes unicellulaires vivaient déjà dans ces fonds marins depuis quasiment l'apparition de la vie sur la planète. Véritable rôle essentiel dans la chaîne alimentaire, “Ils font le lien entre ce qu'il y a de plus petit, les micro-algues, les communautés microbiennes et les organismes plus gros”. Les organismes fixés comme les anémones, les coraux ou les éponges sont également présents dans ces eaux. “Tous ces animaux-là n’ont besoin de se fixer, de s'accrocher pour pouvoir vivre. Ils ne profitent pas de l'énergie de la lumière, de la photosynthèse, ils survivent autrement, dans un milieu où la source de nourriture est limitée”, explique Pierre-Antoine Dessandier.
Les fonds marins accueillent également les nématodes, des organismes microscopiques, au système de reproduction particulier. “Leur système de reproduction classique, c'est de produire des œufs, qui vont être fécondés et sortir directement de l'organisme. Dans les milieux plus compliqués en matière de vie, ils vont avoir une stratégie différente qui va leur permettre de développer ces œufs à l'intérieur de ce nématode adulte”, déclare Pierre-Antoine Dessandier. Cette pratique permet aux œufs d'être plus robustes et capables de s'adapter à la vie extrême du milieu dans lequel ils vivent. La source minière pourrait bien impacter le devenir de toutes ses espèces et pose de réelles interrogations.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.