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De l'immortalité à l'armure ultra-résistante, ces super-pouvoirs que l'homme envie aux animaux

Les biologistes s'intéressent de près à certaines espèces, dont les capacités pourraient être très utiles pour soigner l'être humain.

Article rédigé par Camille Caldini
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Une salamandre, dans la forêt de Lauzelle, à Ottignies (Belgique). (ROBERT HENNO / BIOSPHOTO / AFP)

Ce ne sont pas des pouvoirs magiques, mais presque. Des chercheurs britanniques pensent avoir percé le secret de la salamandre, capable de faire repousser ses organes abîmés, raconte Le Parisien, jeudi 3 juillet. De ce type de découverte naît parfois l'espoir de savoir appliquer un jour les recettes de la nature à l'humain, afin d'éviter les rejets de greffes, les traitements invasifs ou les opérations chirurgicales lourdes.

D'autres animaux ont des super-pouvoirs qui pourraient nous être très utiles. Passage en revue de ces insoupçonnables forces de la nature.

Régénérer ses organes comme la salamandre

Une salamandre, dans le massif des Albères, dans les Pyrénées. (CYRIL RUOSO / BIOSPHOTO / AFP)

Dans la mythologie grecque, la salamandre vit dans les flammes. L'amphibien que l'on connaît n'a pas cette particularité, mais sait régénérer ses organes, ce qui pourrait être bien plus utile à l'homme. Des scientifiques britanniques ont identifié la protéine ERK (pour Extracellular signal-regulated kinase), qui "diminue l'impact de deux substances, p53 et Sox6", qui freinent l'apparition de nouveaux membres, explique Le Parisien, citant l'étude publiée dans la revue scientifique Stem cell reports (en anglais).

Cette protéine ERK permet à la salamandre de faire repousser des organes entiers : une patte, mais aussi un œil, une partie du cœur et même la moelle épinière. "Manipuler ce mécanisme pourrait contribuer à mettre au point des thérapies destinées à améliorer le potentiel de régénération des cellules humaines", explique au Daily Mail la docteur Maximina Yun, chercheuse en biologie à Londres, qui a dirigé l'étude sur les salamandres. 

Résister au cancer comme le rat-taupe nu

 

Un rat-taupe nu, en Afrique du Sud. (FRANS LANTING / FRANS LANTING STOCK / AFP)

Le pauvre rat-taupe nu se retrouve bien souvent dans les classements des animaux les plus moches du monde. Mais il a de quoi prendre sa revanche. En effet, Heterocephalus glaber (son nom scientifique) détient peut-être la solution contre le cancer. Aucun cas de cancer n'a jamais été détecté chez ce rongeur, qui vit en Afrique de l'Est. Alors au lieu d'étudier les tumeurs, deux chercheurs de l'université de Rochester (Etats-Unis) se sont intéressés à cet animal, pour trouver son arme secrète : l'acide hyaluronique (AH).

Produit en grande quantité, cet acide "empêche les cellules de s'agglutiner pour former des tumeurs", résume Libération, qui cite l'étude publiée dans la revue Nature (en anglais). L'AH est déjà présent dans le corps humain, mais sous forme de molécules cinq fois plus petites. En inactivant le gène qui code la production de AH, les scientifiques ont vu se développer des tumeurs chez le rat-taupe nu. Conclusion : "des médicaments conduisant à la production de molécules de AH pourraient, un jour, aider l'homme à se protéger contre le cancer", explique Slate.fr.

Etre immortel comme la méduse Turritopsis nutricula

Une méduse Turritopsis nutricula, en Floride (Etats-Unis). (BACROFT MEDIA / GETTY IMAGES)

C'est une toute petite méduse de la mer des Caraïbes, mais elle semble venir tout droit de la légendaire fontaine de Jouvence. Avec ses 5 millimètres et ses dizaines de tentacules à l'âge adulte, la Turritopsis nutricula, après avoir atteint la maturité sexuelle, rajeunit et serait donc, en théorie, biologiquement immortelle. La clé tient dans le processus de transdifférenciation, par lequel des cellules peuvent changer totalement d'identité et de fonction, voire retourner à leur état primitif. Un processus dont les étapes sont encore peu connues, mais étudiées en médecine.

Le New York Times (en anglais) a consacré un très long dossier à la mystérieuse méduse, dont le spécialiste japonais Shin Kubota étudie le génome, pour percer le secret de l'immortalité. Il ne s'agirait pas de faire rajeunir les cellules humaines, mais de mettre en pause leur vieillissement. Un paramètre inquiète toutefois les biologistes : la crainte de la surpopulation, observée chez l'animal, qui a proliféré dans toutes les eaux du globe.

Survivre aux conditions extrêmes comme les tardigrades

 

Un Hypsibius dujardini, de la branche des tardigrades. (BOB GOLDSTEIN, VICKY MADDEN, UNC CHAPEL HILL VIA WIKIMEDIA COMMONS)

Les anglophones les appellent water bears : "oursons d'eau". Car les tardigrades sont bien dodus, pour une taille qui ne dépasse jamais les 2 millimètres. Mais ils sont bien plus solides que les bébés ours. On les trouve des sommets de l'Himalaya aux eaux profondes, près des pôles comme sur l'équateur. Ils résistent plusieurs minutes à - 253 °C et jusqu'à 150 °C. Ils encaissent plus de 1 000 fois la quantité de radiations (rayons X ou UV) qu'un humain supporte, ne craignent pas les très hautes pressions ni la déshydratation et peuvent survivre dans le vide spatial. Oui, des scientifiques en ont envoyé un petit groupe dans l'espace, raconte Futura Sciences, et la plupart sont revenus vivants.

"Pourtant, ils n'ont même pas besoin d'être [aussi résistants] puisque ces conditions n'existent nulle part sur la planète", explique Wired (en anglais). Leur incroyable endurance est due à un arsenal de stratégies, dont la cryptobiose. Ce processus arrête presque totalement le métabolisme de la bête et lui permet de remplacer l'eau de son organisme par un sucre qui le protège, le tréhalose. Si les chercheurs parvenaient à maîtriser les armes des tardigrades, les laboratoires pourraient faire chuter les prix des vaccins, "leur coût étant en partie dû à la nécessité de les conserver au frais", des labos aux consommateurs. Et cela permettrait, par ailleurs, des avancées considérables dans le domaine de la conservation et de la cryogénisation.

Porter une armure comme le Crysomallon squamiferum

 

Un Crysomallon squamiferum photographié lors du premier recensement de la vie marine de la planète, en 2010. (CB2 / ZOB / WENN.COM /SIPA USA)

Il mériterait le surnom "d'escargot blindé". Découvert en 1999 près d'un "fumeur noir" (une cheminée hydrothermale qui crache de l'eau sulfureuse à plus de 300°C), au fond de l'océan Indien, le Crysomallon squamiferum possède, comme son nom latin l'indique, une peau de fer, selon la Société écologique américaine (en anglais). Son environnement est très acide, extrêmement chaud et plein de prédateurs mangeurs d'escargots. Comment un gastéropode peut-il survivre dans ces conditions ? Des chercheurs de l'institut de technologie du Massachusetts (MIT, aux Etats-Unis), ont compris la constitution de sa cuirasse, composée de trois couches.

A l'intérieur, une classique couche minérale en aragonite (comme la nacre des huîtres), une deuxième couche organique, souple, qui absorbe les chocs (les attaques de crabes, par exemple) et une couche extérieure composée de sulfure de fer, puisé dans l'environnement du mollusque, détaille la revue scientifique américaine Pnas. Cette dernière couche se craquelle et se déforme sans se briser. Ces performances laissent entrevoir aux chercheurs la possibilité de fabriquer des matériaux solides destinés à l'industrie automobile, aérospatiale et militaire.

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