Reportage "On a toujours vécu avec cette crainte" : dans le Nord, un possible durcissement de la législation sur les combats de coqs n'étonne pas les éleveurs

Une proposition de loi doit être examinée jeudi au Sénat pour interdire ce spectacle aux mineurs de moins de 16 ans. Ils sont toujours autorisés aux Antilles, à la Réunion et dans le nord de l'Hexagone, où nous avons assisté à quelques-uns de ces combats entre des élevages belges et français.
Article rédigé par Alain Gastal
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Illustration d'un combat de coqs. (RICHARD BOUHET / AFP)

La législation sur les combats de coqs va-t-elle être durcie ? Ils sont toujours autorisés au nom de la tradition aux Antilles, à la Réunion, dans le Nord et le Pas-de-Calais. Une proposition de loi visant à interdire aux moins de 16 ans d'assister à ces spectacles, ainsi qu'à la corrida, doit être examinée, jeudi 14 novembre, par les sénateurs. Une pétition en ligne demande même la prohibition de ces spectacles jugés cruels par les défenseurs des animaux. Franceinfo a assisté à des combats de coqs dans le nord de la France, la dernière région métropolitaine à les autoriser. 

"Les coqs, en fait, ils ne font pas de pitié"

Venu pour parier et assister au spectacle à Mouchin, un village du Nord tout près de la frontière belge, Bruno n'est pas déçu. "Je n'ai jamais vu un combat de coqs de ma vie, explique-t-il. J'ai un copain qui m'a parlé de ça et il m'a dit que c'est un truc de malade. Et les coqs, en fait, ils ne font pas de pitié." L'ambiance est surchauffée dans le gallodrome. Deux cents personnes sont entassées autour d'un ring entouré de grillages. Quand les propriétaires présentent leurs coqs, sortis de leurs boites au public, les paris sont ouverts : 5, 20 ou 50 euros sur le coq belge ou français.

Il faut aller vite, car le combat s'arrête parfois au bout de quelques secondes par la mort d'un des deux coqs. Ici, les protagonistes sont armés. "Ils ont une paire de talons et on met une paire d'aiguilles au bout du talon, explique Thierry, éleveur parieur venu du Pas-de-Calas. Le pic s'en va dans le corps de l'autre coq. Mais ce n'est pas cruel du tout." Quand on lui rétorque que le coq souffre tout de même, il le reconnaît. Mais il affirme que les coqs "sont nés pour se battre. S'ils ne se battent pas, ils vont mourir. Le sang va monter dans la tête et ils vont mourir".

"Ça fait 20 ans qu'on nous dit ça"

Ce que les éleveurs appellent le coq de combat est aussi un animal d'élevage. Il y a des lignées, des croisements et une bonne année de travail avant d'arriver à un coq de combat. Mateo, un jeune éleveur de 20 ans, chaudronnier, consacre tous ses loisirs et ses économies à bichonner sa vingtaine de gallinacées. "Il faut compter une heure et demie par jour à s'occuper des coqs, tous les jours, explique Mateo. Il faut leur donner à manger, on leur donne des vitamines. Après, c'est la période de la mue, donc on les soigne. On leur donne des légumes qui les font muer plus vite pour qu'ils n'aient pas mal."

Mateo a toujours vécu parmi les coqs, comme son père et son grand-père. Il hausse les épaules quand on évoque les menaces qui pèsent sur les combats de coqs : "On a toujours vécu avec cette crainte parce qu'il y a toujours la défense animale. Il y a toujours des gens comme ça en fait. Donc oui, c'est une crainte, bien sûr, mais en même temps, on se dit que ça fait 20 ans qu'on nous dit ça."

Avec la baisse continuelle du nombre d'élevages et du nombre de combats, ou encore l'interdiction de nouveaux gallodromes, beaucoup d'éleveurs sont persuadés que la tradition des coqs de combat s'arrêtera un jour, faute de combattants.

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