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Après la présidentielle, le temps des plans sociaux ?

L'usine General Motors de Strasbourg qui pourrait être vendue, 12 000 postes menacés dans la grande distribution... FTVi liste les dossiers que devra gérer le ministre du Redressement productif.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Arnaud Montebourg s'était rendu sur le site de General Motors à Strasbourg (Bas-Rhin), le 3 mai 2011. (DOMINIQUE GUTEKUNST / L'ALSACE / MAXPPP)

Arnaud Montebourg vient tout juste d'être nommé ministre du Redressement productif, mais, déjà, il a une longue pile de dossiers qui l'attend, mercredi 16 mai. Pendant la campagne présidentielle, les leaders syndicaux de la CGT, de la CFDT et de FO avaient annoncé craindre une "vague de plans sociaux" après l'élection. Elle pourrait survenir dans les prochaines semaines.

Arnaud Montebourg, qui a effectué "un tour de France des usines" pendant la campagne de François Hollande, aura aussi la tâche de respecter les promesses du président. "Je ne laisserai pas faire ce cortège de plans sociaux qui auraient été différés et il y aura des responsabilités à prendre au sommet des entreprises", avait déclaré François Hollande le 25 avril, sur France 2, alors qu'il était encore candidat socialiste à la présidentielle.

Hollande et "le cortège de plans sociaux" à venir (FTVi)

FTVi dresse la liste de ces plans de réduction d'effectifs qui auraient été reportés à cause de la présidentielle.

1. Dans le secteur automobile

• General Motors 
Le constructeur automobile américain cherche à vendre son usine de Strasbourg, mais rien n’est encore acté. General Motors (GM) a annoncé qu'il "explorait toutes les solutions internes ou externes crédibles permettant d'assurer l'avenir à long terme de ce site". De leurs côtés, vendredi, deux conseillers de François Hollande sur l'industrie, la production et la mobilité, Alain Rousset et Roland Ries - qui est aussi maire de Strasbourg - ont assuré qu'"il sera fait preuve de vigilance et de mobilisation afin que soit assurée la pérennité du site". L'annonce de cette vente "intervient moins de deux ans après un accord impliquant salariés, dirigeants et collectivités, et qui a permis une relance de l'activité de l'usine", ont-ils rappelé. "Les décisions à venir ne peuvent faire abstraction des engagements pris par GM et du rôle des pouvoirs publics", ont-ils estimé. 

Arnaud Montebourg, lui, s'était rendu sur le site de GM à Strasbourg le 3 mai 2011, rapporte France 3 Alsace. Il avait alors rencontré des salariés de l'usine qui ont renoncé en 2010 à des avantages salariaux pour garder leurs emplois. Il avait aussi évoqué la "démondialisation", axe fort de son programme économique développé pendant la primaire socialiste, et qu'il pourrait mettre en œuvre maintenant qu'il est ministre.

Combien d’emplois sont menacés ?
 L’usine emploie 1 000 salariés, soit autant de postes menacés en cas de vente du site.

2. Dans la grande distribution

• Carrefour
Le syndicat Force ouvrière redoute une réorganisation qui toucherait des postes affectés aux produits non-alimentaires, comme l'électroménager ou la téléphonie, qui se vendent moins bien en grandes surfaces en raison de l'essor de la vente en ligne. Lors d’une rencontre avec les organisations syndicales, jeudi, le nouveau patron de Carrefour, Georges Plassat, a déclaré qu'il faudrait "prendre des mesures" à propos de ces postes. Mais il n’a pas donné plus de précisions.

Combien d’emplois sont menacés ?
Les syndicats FO et CFDT du groupe estiment qu'entre 3 000 et 5 000 emplois seront supprimés.

• Casino, Leclerc, Intermarché et Système U
En fait, Force ouvrière redoute des plans sociaux dans l’ensemble de la grande distribution en France. Cependant, les directions de ces enseignes ont démenti les suppressions de postes. Leclerc a même précisé qu'elle "annonce la création nette de 3 000 emplois pour cette année". Un porte-parole de Système U a dénoncé un "amalgame" de la part du syndicat FO. "Nous allons investir 400 millions d'euros d'ici à l'été 2013 (...) ce qui va créer au moins 2 000 emplois", a dit à l'AFP le président du groupe, Serge Papin.

Combien d’emplois sont menacés ? 
Selon les syndicats, près de 12 000 postes sont sur la sellette en France, sur les 640 000 emplois du secteur de la grande distribution. Mais les directions des enseignes ne corroborent pas ces chiffres.

Par ailleurs, Auchan supprimera 1 600 postes, mais dans le cadre d’un plan annoncé fin mars. Dans le même temps, le groupe de distribution a annoncé qu’il créera le même nombre de postes d'ici à 2014.

3. Dans le secteur aérien

• Air France-KLM
Les syndicats redoutent des réductions d'effectifs au sein de la compagnie aérienne, dont l'objectif est de dégager 2 milliards d'euros d'économies d'ici à la fin 2014. La première phase de réduction des coûts est terminée. Le PDG, Alexandre de Juniac, passera donc à la seconde étape, la réduction des effectifs, en juin, selon Le Parisien.

Pas sûr qu'Arnaud Montebourg laisse faire. Le 11 octobre dernier, il avait invité l'Etat à faire entendre sa voix au sein de l'entreprise. "Nous, les contribuables français, avons 15% du capital d'Air France-KLM", avait-il rappelé dans Le Figaro.

Combien d’emplois sont menacés ? Le guichet de départs volontaires pourrait concerner 2 000 collaborateurs sur les 55 000 salariés du groupe. Certains syndicats craignent "un plan social sans précédent".

• Lufthansa-Technik
Un plan social a été confirmé mardi par la direction de la compagnie aérienne allemande à l'aéroport de Bâle-Mulhouse. Lufthansa-Technik, spécialisé dans la maintenance aéronautique, fait face à de sévères difficultés économiques. Les premiers départs devraient intervenir dès la fin du mois de mai.

Combien d’emplois sont menacés ?
Alors que 276 suppressions de postes étaient envisagées, ce sont finalement 222 emplois sur 350 qui seront supprimés, rapportent Les Dernières nouvelles d’Alsace.

4. Et dans le secteur bancaire, la métallurgie, le bâtiment...

• Les banques françaises
Elles seraient à nouveau amenées à supprimer des milliers de postes. Les directions des banques "ont attendu jusqu'à l'élection [présidentielle] parce qu'ils ne voulaient pas s'aliéner leurs amis au sein de l'UMP", estime Stéphane Rambosson, associé gérant au sein d'un cabinet de chasseurs de têtes, interrogé par l’agence Reuters.

Combien d’emplois sont menacés ?
La suppression de plus de 6 000 postes dans le secteur en France a déjà été annoncée, soit 1 400 dans la banque de financement et d'investissement (BFI) de BNP Paribas, 1 750 dans celle du Crédit agricole et près de 1 600 à la Société générale. Mais la première vague de licenciements n'est probablement pas suffisante, a rétorqué à Reuters Christophe Nijdam, analyste chez Alphavalue. Aucun chiffre n’a circulé pour cette deuxième vague de suppressions de postes.

• ArcelorMittal
Les deux hauts-fourneaux du site de Florange (Moselle) sont toujours à l'arrêt, car la décision sur le redémarrage a été repoussée à l'été 2012. La direction d’ArcelorMittal estime avoir actuellement assez de capacités de production pour répondre à la demande d'acier.

"En laissant partir Arcelor aux mains du groupe Mittal il y a cinq ans, le gouvernement de droite d'alors a rendu possible la dislocation de notre appareil de production sidérurgique alors que les besoins en acier sont immenses dans le monde et augmentent continuellement", avait déclaré Arnaud Montebourg le 9 septembre 2011. "La stratégie du refus du protectionnisme est suicidaire", avait-il ajouté. Cette déclaration donne la tonalité de son mandat de ministre. 

Combien d’emplois sont menacés ?
Les emplois des 550 salariés qui travaillent au sein des hauts-fourneaux sont menacés.

Pour Olivier Klotz, président du Medef bas-rhinois, interrogé par Rue89 Strasbourg, les annonces les plus lourdes en Alsace sont à craindre du côté de l’industrie du bâtiment. En Poitou-Charentes, les craintes sont les mêmes. "Le secteur automobile, mais aussi le BTP, malgré le chantier de la LGV [Ligne à grande vitesse, qui doit accueillir le TGV], continuent de supprimer des emplois", explique Bernard Giret, secrétaire régional CFDT à La Nouvelle république. "La deuxième partie de 2012 s'annonce cinglante en termes de suppressions d'emplois", résume Françoise Geng, présidente de section du travail et de l'emploi au Conseil économique et social, sur Le Monde. Autant de dossiers sensibles que François Hollande et le gouvernement de Jean-Marc Ayrault devront gérer.

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