Au moins huit civils tués en Syrie, malgré le cessez-le-feu
L'ultimatum pour un cessez-le-feu fixé par le plan de paix de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan, est entré en vigueur jeudi à 6 heures (heure locale). Un test pour le président Al-Assad.
Après une matinée jugée calme, les violences ont partiellement repris en Syrie. Malgré le cessez-le-feu entré en vigueur à 6 heures (5 heures à Paris), jeudi 12 avril, au moins huit civils ont été tués et des dizaines d'autres personnes blessées, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Au tout début de la journée, l'OSDH avait pourtant assuré : "Une heure après l'expiration de l'ultimatum, la situation est calme dans l'ensemble des régions." Des dizaines de personnes ont été par ailleurs arrêtées dans le pays, selon cette même source.
Des explosions ont été brièvement entendues vers 6 heures près de la frontière libanaise, mais l'OSDH en ignore la cause. La situation est également calme à Homs, un des foyers les plus actifs de la contestation, rapportent des opposants locaux.
Le cessez-le-feu, "une chance à saisir"
De son côté, le médiateur international, Kofi Annan, a estimé que, techniquement, Damas n'avait pas respecté son plan de paix. Mais le fragile cessez-le-feu est "une chance à saisir", selon lui. Dans une déclaration publiée jeudi, Kofi Annan ajoute que Damas doit respecter toutes les "clauses militaires" de son plan, c'est-à-dire aussi sa promesse de retirer ses troupes, ses chars et ses canons des villes syriennes rebelles. Il a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU d'exiger du régime syrien qu'il mette en application ces mesures. Annan a également demandé au Conseil d'autoriser le déploiement rapide d'une mission légère d'observateurs pour surveiller le cessez-le-feu.
Après avoir entendu Kofi Annan, le Conseil a soutenu sa mission. Jeudi, dans la soirée, il a demandé à la Syrie de respecter le plan de paix de Kofi Annan et ses exigences.
L'opposition veut tester Bachar Al-Assad
Pour tester la bonne volonté du président syrien, Bachar Al-Assad, le chef du Conseil national syrien (CNS), principale composante de l'opposition, a appelé à organiser des manifestations jeudi dans la journée. "Nous appelons le peuple à manifester et à s'exprimer car c'est un droit absolu, les manifestations étant un point essentiel du plan" de Kofi Annan, a affirmé à l'AFP Burhan Ghalioun.
"Le cessez-le-feu n'a aucune valeur s'il ne permet pas au peuple de manifester et le plan Annan n'a aucune valeur s'il ne permet pas la transition du pays vers un gouvernement démocratique pluraliste, a-t-il ajouté. Et le début de ce processus de transition, c'est le droit du peuple à manifester et la liberté de la presse."
Le régime s'est engagé à respecter le cessez-le-feu
Accusé à plusieurs reprises par la communauté internationale de ne pas tenir ses engagements, le régime du président Bachar Al-Assad est mis à l'épreuve. Le gouvernement syrien a assuré à l'émissaire international, Kofi Annan, qu'il respecterait le cessez-le-feu tout en se réservant un droit de riposte. Damas a prévenu que ses forces répondraient à toute attaque "terroriste", en référence aux rebelles qui se sont engagés eux aussi à respecter l'ultimatum.
Mais "il n'y pas eu non plus de mouvements de retrait de chars", a toutefois indiqué le président de l'OSDH. Le régime aurait dû retirer ses troupes depuis mardi, en vertu de la première étape du plan Annan. Quelques heures avant l'expiration de l'ultimatum, les forces restaient massivement déployées dans certaines localités syriennes.
Vingt-cinq civils tués mercredi
Les Etats-Unis ont prévenu qu'ils jugeraient le régime de Damas sur "ce qu'il fait, pas sur ce qu'il dit". Les violences ont fait, selon l'OSDH, plus de 10 000 morts, en majorité des civils, depuis le début de la révolte en mars 2011. Le président des Etats-Unis, Barack Obama, et la chancelière allemande, Angela Merkel, ont souligné mercredi la nécessité d'une action "plus résolue" du Conseil de sécurité de l'ONU, où la Russie et la Chine, alliées de Damas, avaient bloqué à deux reprises des résolutions condamnant la répression.
Mercredi, les opérations militaires du régime ont tué 25 civils, dont 10 dans les bombardements de Rastane, ville de la province de Homs (centre) tenue par les rebelles depuis des mois, selon l'OSDH. Un officier de l'armée et son chauffeur ont également été tués par des tirs.
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