Aux Etats-Unis, un poisson sur trois est mal étiqueté
Du thon au rouget et de New York à San Francisco, les consommateurs américains sont trompés sur le nom des poissons qu'ils ingurgitent.
Les Européens ont le scandale de la viande de cheval ; les Américains ont celui du poisson. Une vaste étude (PDF en anglais) menée entre 2010 et 2012 par l'ONG américaine Oceana révèle, jeudi 21 février, qu'un tiers des poissons vendus ont un étiquetage erroné. Les scientifiques ont analysé l'ADN de 1 215 échantillons de poissons collectés dans 674 points de vente de 21 Etats. Ils les ont ensuite comparés avec la charte des espèces établie par l'Agence américaine des produits alimentaires et des médicaments, la Food and Drug Administration (FDA). Les conclusions sont sans appel.
1Les bars à sushis, pires lieux pour manger du poisson
Au total, 44% de tous les lieux de vente visités par les enquêteurs de l'ONG Oceana vendaient des poissons mal étiquetés. Mais les bars à sushis arrivent en tête des restaurants ayant le plus d'erreurs (74%), devant d'autres restaurants (38%) et les magasins d'alimentation (18%). Selon les chercheurs, cités par Le Monde.fr, "les traductions du japonais à l'anglais peuvent expliquer une partie des mauvais étiquetages trouvés dans les restaurants de sushis. Mais, comme ces enseignes se développent dans le pays, les dénominations légales devraient être adoptées uniformément à l'échelle du territoire".
Les chercheurs ont aussi cartographié les Etats-Unis, afin de désigner les Etats où l'on constate le plus de problèmes d'étiquetage. Résultat : la Californie du Sud (52% de fraudes) et la Pennsylvanie (56%) se placent en tête, suivi de près par l'Etat de New York (39%). Mais "que vous viviez en Floride ou au Kansas, personne n'est à l'abri de fraudes en achetant du poisson", a commenté Beth Lowell, une responsable de Oceana.
2Erreurs d'attention ou fraudes délibérées
Le phénomène est assez étendu : selon l'enquête, 27 des 46 poissons testés (soit 59%) étaient mal étiquetés. Parmi eux, du thon, du rouget, mais aussi du saumon. Pour Kimberly Warner, une scientifique qui a dirigé l'étude, citée dans le New York Times (en anglais), ces erreurs d'étiquetage proviennent parfois du fait que certaines espèces se ressemblent beaucoup. Mais il s'agit souvent de fraudes.
Certains restaurants ou enseignes vendent en effet plus chers de simples poissons d'élevage, à l'instar du pangasius, provenant d'Asie du Sud-Est et vendu comme du mérou ou de la sole. Certaines espèces menacées ou vulnérables sont également présentées sous d'autres noms. Les chercheurs révèlent que c'est le cas d'un cinquième à un tiers des morues, flétans ou bars chiliens testés.
3Dangereux pour la santé ? Tant pis...
Enfin, et c'est un enseignement plus délicat de l'étude, des poissons que la FDA déconseille aux populations sensibles, notamment aux femmes enceintes et aux enfants, en raison de leur taux de mercure, ont été vendus à des clients sous d'autres noms. Pire : quelque 84% des échantillons de thon blanc prélevés à New York pour l'enquête se sont révélés être de l'escolier serpent. Ce poisson peut provoquer de graves troubles digestifs si l'on en consomme plus de 150 grammes, rapporte Slate.fr.
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