Ayrault : "le président donne le cap, moi je tranche"
Dans un long entretien à "L'Express" publié mardi, le Premier ministre dresse les priorités des semaines à venir, notamment la retraite à 60 ans et, en Europe, la mise en place des euro-obligations.
Les premières décisions du gouvernement porteront sur le smic et un retour partiel à la retraite à 60 ans. Pour en affiner les contours, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, rencontre une à une, mardi 29 mai, les organisations syndicales et patronales pour une longue journée de "consultation".
Dans une interview fleuve, publiée mardi dans L'Express, le Premier ministre a détaillé les ambitions de son gouvernement, ses premières mesures et la "démocratie sociale" qu'il entend mettre en place.
• Sur le front social
La retraite à 60 ans : C'est une mesure controversée, promise par le candidat Hollande et aussitôt prise en main par le Premier ministre. Ce dernier a promis, quelques jours après son investiture, de publier un décret, dans les deux prochains mois, visant à permettre aux salariés qui ont leurs années de cotisation à 60 ans de pouvoir partir à taux plein. "Nous avons évalué un plafond de dépenses de 1 milliard d'euros la première année, de 5 milliards au bout de cinq ans, détaille cette fois le Premier ministre.
"Ces sommes sont financées par une augmentation de cotisations de 0,1% de la part salariale et de la part patronale, a-t-il confirmé. Nous partons du dispositif adopté pour les carrières longues. La concertation permettra d'affiner les périodes prises en compte : congés de maternité, arrêts de maladie, service militaire... " a-t-il poursuivi.
L'écart salarial dans les entreprises publiques dans une fourchette de 1 à 20 : Là encore, il s'agissait d'une promesse de campagne. Elle sera tenue, a affirmé à L'Express le Premier ministre, qui s'en remet au "patriotisme des dirigeants".
• Sur la réduction des déficits
Comment concilier engagements sociaux et réductions des dépenses publiques ? Jean-Marc Ayrault assure que les "engagements d'équilibre des comptes seront tenus. (...) Toute décision prise devra considérer à la fois les priorités du président, l'objectif d'équilibre des comptes, la contribution à la croissance, et satisfaire l'exigence de justice", a-t-il assuré à L'Express. "Rien de ce qui a été proposé par François Hollande dans sa campagne ne relève de l'improvisation", a-t-il continué.
• Sur le plan européen
Les eurobonds : Sur les remèdes à apporter à la crise de la zone euro, et dans un premier temps au sauvetage de la Grèce, le Premier ministre a dit faire "confiance au pragmatisme de nos partenaires allemands", qualifiant les eurobonds (des obligations qui permettraient de mutualiser la dette), de "perspective."
Le Premier ministre s'est en outre montré réservé à l'idée d'une nomination du ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, à la tête de l'Eurogroupe, relevant que les peuples européens étaient "fatigués" du "climat d'austérité sans perspectives".
• Sur le plan de la "normalité"
"En quelques mots, nous nous comprenons, explique-t-il en parlant de François Hollande. C'est lui, élu par tous les Français, qui fixe les orientations, donne le cap. Il est le garant des engagements qu'il a pris à l'occasion de l'élection présidentielle". Et lui ? "J'impulse, je fais confiance, je délègue, je coordonne, et aussi souvent que nécessaire, je tranche", détaille-t-il.
Enfin, lorsqu'on demande à Jean-Marc Ayrault de se décrire en un seul adjectif, il répond : "fiable".
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