Ayrault recule sur les euro-obligations
PARIS - Dans une interview à l'hebdomadaire allemand "Die Zeit", le Premier ministre semble se ranger aux arguments de l'Allemagne, qui juge une mutualisation de la dette prématurée.
Un grand bond en arrière. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a admis mercredi 20 juin qu'il faudrait des années et davantage d'intégration politique au sein de l'Europe avant de pouvoir introduire les euro-obligations (ou eurobonds) que Paris appelle de ses vœux, dans un entretien à l'hebdomadaire allemand Die Zeit.
Le projet d'euro-obligations repoussé
"Je souhaite que nous parlions des eurobonds à Bruxelles comme d'une perspective. Le système de mutualisation de la dette exige une plus grande intégration politique qui est nécessaire. Cela prendra sans doute plusieurs années. Cependant, sans attendre, il faut agir", a-t-il dit à l'hebdomadaire à paraître jeudi.
L'emploi du terme "euro-obligations" est actuellement au cœur des crispations entre Paris et Berlin, la France s'étant prononcée en faveur du projet et l'Allemagne s'y refusant tant qu'il n'y aura pas davantage de convergence budgétaire. Les propos de Jean-Marc Ayrault laissent donc penser que les arguments allemands l'ont pour l'instant emporté sur la volonté française.
Un rôle accru pour le mécanisme européen de stabilité
Question action immédiate, Jean-Marc Ayrault a évoqué "tout d'abord" la question bancaire. "Nous devons aller vers une supervision bancaire commune, avec un système européen de garantie des dépôts. Nous pouvons aussi trouver des solutions pour faciliter l'accès au financement des Etats, par exemple par des émissions à court terme ou par la proposition des Sages allemands sur le fonds d'amortissement", a-t-il détaillé.
A huit jours d'un sommet des dirigeants européens à Bruxelles, le Premier ministre a aussi estimé que "le rôle du mécanisme européen de stabilité (MES) doit être renforcé", afin de lui permettre d'agir comme une banque "à certaines conditions". Objectif : permettre notamment au MES, qui doit succéder en juillet au Fonds européen de stabilité financière (FESF), d'emprunter directement auprès de la Banque centrale européenne (BCE) et non plus uniquement sur les marchés financiers, ce à quoi Berlin s'oppose.
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