Au lycée pilote de Jaunay-Clan, "on ne bachote pas pour le bac, mais on laisse une grande autonomie aux élèves"
L'éducation nationale publie ses indicateurs de valeur ajoutée des lycées. Francetv info a interrogé Evelyne Azihari, proviseure du lycée pilote innovant international de Jaunay-Clan, qui affiche 94% de réussite au bac avec une pédagogie alternative.
Les lycées français ont beau tous dispenser le même programme, leur taux de réussite au baccalauréat n'est pas le même. L'éducation nationale publie, mercredi 29 mars, les indicateurs de valeur ajoutée des lycées.
Certains lycées prestigieux, comme Louis-le-Grand et Henri-IV, à Paris, ou Hoche, à Versailles, affichent 100% de réussite. Mais tous les établissements n'appliquent pas les mêmes méthodes pour préparer leurs élèves à cet examen.
Au lycée pilote innovant international de Jaunay-Clan (Vienne), on parie sur l'autonomie plutôt que sur le travail scolaire intensif. En 2015, cet établissement public a atteint les 94% de réussite au bac, toutes filières confondues. Francetv info a interrogé sa proviseure, Evelyne Azihari.
Francetv info : Quels profils d'élèves rencontre-t-on au sein de votre lycée ?
Evelyne Azihari : Cet établissement n'est pas un lycée de secteur, donc aucun élève n'y est envoyé parce qu'il habite dans une certaine zone géographique. Pour y entrer, il doit en faire la demande. Tout élève de troisième qui a obtenu son passage en seconde peut postuler. Il doit simplement présenter les raisons pour lesquelles ce lycée va lui apporter davantage qu'un lycée traditionnel. Tous les ans, nous recevons environ 300 demandes pour 140 places en seconde. Les élèves viennent de partout en France, de Paris à Bordeaux, en passant par Angers.
Certains ont un peu de retard et d'autres sont au contraire en avance sur leur classe d'âge. Mais il y a aussi des élèves qui souhaitent poursuivre un projet spécifique dans le cadre scolaire : sport, musique… Avec son fonctionnement particulier, le lycée attire aussi des élèves qui avaient quitté le système scolaire.
Quelles sont les spécificités de ce lycée ?
On y enseigne le même programme académique qu'ailleurs, en laissant plus de place à l'autonomie des élèves. C'est surtout la relation enseignant-élève qui est différente, à travers notre système d'accompagnement. Nous consacrons une demi-journée par semaine à des activités différentes. Tout au long de l'année, les élèves préparent des projets qui leur sont propres, par groupe de douze à quinze, tous niveaux confondus, avec un professeur référent. Ce sont les élèves qui choisissent et réalisent ces projets, ce qui leur laisse une grande autonomie.
En alternance avec ce dispositif, les professeurs proposent des activités qui correspondent aux besoins en approfondissement et en soutien (BAS) des élèves qui s'inscrivent eux-mêmes dans ces "cours". Nous ne faisons pas de bachotage spécifique aux épreuves du bac, même si les derniers BAS de l'année se concentrent sur les matières dominantes pour les terminales. L'avantage de ce système, c'est le suivi personnalisé dont les élèves bénéficient toute l'année. Ceci est possible parce que nous avons un nombre d'élèves limité, environ 500.
Ce système est-il efficace ?
Nous avons très peu d'élèves qui se réorientent entre la seconde et la terminale, ou qui quittent le lycée en cours de route. Le taux de réussite au bac est à peu près constant (95% toutes filières confondues en 2014 et 94% en 2015). Même si l'on aimerait que tous aient leur diplôme, il y a toujours des élèves qui arrivent en seconde avec des difficultés et, malgré le suivi personnalisé, certains n'y arrivent pas. Nous ne faisons pas redoubler nos élèves, parce qu'on considère que cela coûte cher et que cela n'aide pas à s'améliorer.
Par ailleurs, nous n'avons que 164 élèves de terminale, répartis en six classes. Sur un petit effectif, si l'un des élèves rate son bac, c'est plus visible dans les statistiques, ce qui explique les fluctuations d'une année à l'autre. Mais notre but n'est pas uniquement que nos élèves aient leur bac. Le diplôme n'est pas une fin en soi. On cherche surtout à les préparer à réussir leurs études supérieures.
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