: Vidéo Résultats bac 2019 : on a retrouvé ces petits génies qui ont décroché leur diplôme à 13 ou 14 ans
Samuel, Victoria et Arthur ont connu un parcours scolaire atypique avant de décrocher le bac avec trois ou quatre ans d'avance. Que sont-ils devenus ensuite ? Ils témoignent pour franceinfo.
"A l'âge de 3 ans, après deux semaines en petite section, on annonce à mes parents que ce ne sera plus possible de me mettre à l'école." Dès la maternelle, Victoria creuse l'écart avec les autres enfants. A l'entrée en CP, ses parents font une deuxième tentative d'inscription, mais la réponse est le même : la petite fille est trop précoce pour être scolarisée. "En même temps, j'avais déjà terminé tout le programme de la primaire", justifie Victoria, qui a effectué toute sa scolarité à la maison, avant de décrocher le bac à l'âge de 13 ans.
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Chaque année, l'âge du plus jeune candidat au bac fait les gros titres. En 2019, un élève de terminale S a battu le record, en se présentant à l'examen à l'âge de 11 ans et sept mois.
En 1996, 2011 et 2015, Samuel, Victoria et Arthur ont eux aussi fait la une après avoir obtenu le précieux sésame avec trois ou quatre ans d'avance. Depuis, ces petits génies signent un parcours sans faute, qu'ils ont accepté de raconter à franceinfo.
L'école primaire à toute vitesse
Enfants, Victoria, Arthur et Samuel rivalisent d'exploits. "Techniquement, j'ai sauté cinq classes, calcule la jeune femme de 21 ans. Mes parents me donnaient des cours à la maison et, au début, je faisais deux années de programme scolaire en une, à peu près." Arthur, lui, savait lire, écrire et compter en petite section de maternelle. Tout comme Samuel, qui connaissait l'alphabet à l'âge de 18 mois, avant même de savoir former des phrases.
Avec les jeunes de leur âge, le décalage se fait rapidement ressentir. Arthur a déjà quatre ans d'avance lorsqu'il entre au collège : "A partir de la sixième, je n'ai plus sauté de classe", détaille-t-il. Le jeune homme de 19 ans n'a aucun souvenir de l'école primaire. Comme si tout avait commencé au niveau secondaire. "J'ai grandi en même temps que mes nouveaux camarades. J'ai eu mes poussées de croissance en même temps qu'eux", plaisante-t-il.
Parfois, l'intégration est plus difficile. C'est le cas pour Samuel. "A 4 ans, je rentre en CP. J'ai continué à m'ennuyer en cours donc l'inspection a décidé de me faire sauter le CM1 puis la cinquième. En troisième, le décalage avec les autres élèves était invivable et j'ai été déscolarisé", témoigne-t-il.
Je comprends que quand on a 13 ou 14 ans, on n'ait pas envie de rester avec un gamin de 10 ou 11 ans.
Samuel, 37 ansà franceinfo
Au lycée, les choses rentrent dans l'ordre : "Le décalage, je ne le sentais pas. J'ai évolué comme si j'avais quatre ans de plus. En termes de discussions et d'intérêts, c'était possible", détaille ce trentenaire devenu chef d'orchestre.
Le bac, un jour un peu spécial
Samuel se rappelle l'épreuve de philosophie, en juin 1996. Il est alors tout à fait détendu. Autour de lui, une forêt de micros et de caméras. "C'était un spectacle, décrit-il. Les médias sont tous venus chez moi le matin à 7 heures pour me filmer en train de lacer mes chaussures et d'aller à l'épreuve."
Victoria, elle, se souvient du convoi formé par les voitures des journalistes qui l'accompagnent, le jour des résultats : "J'ai paniqué parce je ne trouvais pas mon nom sur les listes car elles avaient été mélangées. C'est finalement un preneur de son qui a trouvé mon nom !" Elle obtient finalement son baccalauréat avec mention très bien.
A l'inverse, le jour du bac n'a pas vraiment marqué Arthur. "Aucune pression" et "pas d'attente particulière". L'adolescent est serein. Il passe l'examen en même temps que sa sœur aînée, qui a sauté une classe. Etre en avance, c'est de famille chez lui : sa mère, son père et son frère ont sauté un, si ce n'est deux niveaux.
Centrale, Normale sup, Inalco…
En 2015, à l'âge de 14 ans, Arthur entre en prépa. Deux ans plus tard, il intègre une école d'ingénieurs, CentraleSupélec, une des plus prestigieuses de France. Cette année, il a fêté ses 18 ans sur le campus : une première pour l'établissement, qui n'avait jamais accueilli un élève aussi jeune.
Après le bac, Victoria entre en première année de licence de biologie à Caen, où elle vit avec ses parents. "Quand on a 13 ans, c'est compliqué de déménager à Paris pour faire ses études", précise la jeune fille. Deux ans plus tard, celle qui rêve de devenir journaliste intègre l'Institut national des langues et civilisations orientales (Inalco) en langue turque et relations internationales. A ce moment-là, Victoria parle déjà une dizaine de langues. Aujourd'hui, elle sait en manier quinze, même si "c'est difficile de donner le chiffre exact", dit-elle humblement.
Cette année, la jeune femme termine son master de relations internationales et écrit des articles dans plusieurs médias sur une autre de ses passions : les nouvelles technologies. Elle revient tout juste d'un colloque à Londres, où elle est partie à la recherche d'un directeur de thèse.
Samuel a un parcours plus atypique. Ce féru de mathématiques décroche le baccalauréat avec la mention bien. La suite est plutôt classique. Prépa, Ecole normale supérieure. En parallèle, il continue ses activités artistiques : musique classique, théâtre et opéra. Petit à petit, Samuel se rend compte que la profession d'enseignant-chercheur n'est pas vraiment ce qui lui convient. Il prend en charge la gestion de l'école de musique de Normale sup : "Je vais de moins en moins en cours et m'occupe de plus en plus des services culturels", se rappelle-t-il. Il crée alors le premier opéra réunissant tous les chanteurs et musiciens des grandes écoles d'Ile-de-France. C'est le déclic : Samuel quitte le monde des sciences à la fin de son cursus pour devenir chef d'orchestre, metteur en scène et producteur de spectacles.
"Précoce", oui, "surdoué", non
Pour Samuel, les tests de QI n'ont aucun intérêt : "Dans la vie de tous les jours, ce n'est pas le QI qui est important. La précocité est un état que, en effet, je revendique. C'est un schéma de pensée différent, c'est vrai. Une rapidité d'action très forte qui est toujours là aujourd'hui."
Surdoué, je n'aime pas du tout ce terme. Doué, oui. Surdoué, je ne sais pas sur quels critères on se base.
Arthur, 19 ansà franceinfo
Victoria ne supporte pas non plus d'être affublée de ce terme : "Il y a des gens plus intelligents dans le milieu scolaire, d'autres ont une intelligence pratique, artistique, émotionnelle ou sociale." Samuel rejette lui aussi le qualificatif de "surdoué" et souligne un autre point : "Trouver sa place dans ce monde, c'est difficile, et c'est peut-être un petit peu plus difficile quand on cultive une différence."
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