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Bébés volés du franquisme : une religieuse espagnole devant la justice

Pour la première fois, une plainte a abouti dans cette vaste affaire de bébés volés qui scandalise l'Espagne. Sous Franco (1939-1975), 300 000 nouveaux-nés auraient été soustraits à leurs parents.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La religieuse catholique Maria Gomez Valbuena, accusée d'avoir volé un bébé en 1982, à sa sortie du tribunal à Madrid (Espagne), le 12 avril 2012. (PEDRO ARMESTRE / AFP)

Le scandale des bébés volés en Espagne arrive pour la première fois devant un tribunal. Une religieuse catholique espagnole de 80 ans a été convoquée, jeudi 12 avril, par un juge qui enquête sur le vol d'une petite fille en 1982 dans un hôpital de Madrid (Espagne). Cette femme est la première personne à être poursuivie dans la vaste affaire de bébés volés du franquisme, qui a fait surface il y a un an, avec les premiers témoignages d'adultes qui osaient enfin briser la loi du silence. Selon les associations, 1 414 plaintes ont été déposées dans toute l'Espagne.

Vêtue de son habit bleu de religieuse, sœur Maria Gomez Valbuena a refusé de répondre aux questions du magistrat, avant de sortir du tribunal protégée par la police. En 1982, elle officiait dans la clinique Santa Cristina de Madrid, lorsque Maria Luisa Torres, une femme aujourd'hui âgée de 58 ans, est venue accoucher d'une petite fille. La femme accuse la religieuse de lui avoir volé son enfant, qu'elle avait accepté de lui confier temporairement contre rémunération, jusqu'à ce qu'elle retrouve une situation financière plus aisée.

"C'était une religieuse, je la pensais intouchable"

"J'étais encore à moitié endormie quand je lui ai demandé où était ma fille. Et elle m'a dit : 'Arrête de demander parce que sinon je t'enlève aussi ton autre fille et tu iras en prison pour adultère'", a confié Maria Luisa. "C'était une religieuse et je pensais qu'elle était intouchable". Cas rare, Maria Luisa a retrouvé sa fille, Pilar, en 2011.

Une des associations qui lutte pour que justice soit faite, Anadir, affirme qu'environ 300 000 bébés ont pu être volés pendant la dictature de Franco (1939-1975) et jusque dans les années 1980, aucune loi n'étant venue encadrer les adoptions jusqu'en 1987. Devant le scandale grandissant, les pouvoirs publics réagissent : une réunion entre des victimes et les ministres espagnols de la Justice, de l'Intérieur et de la Santé a été organisée ce jeudi à Madrid.

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