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Anvers. "La victoire des indépendantistes flamands est à prendre au sérieux"

François Beaudonnet, correspondant de France 2 à Bruxelles, commente pour FTVi la victoire de l'indépendantiste Bart De Wever aux municipales dans la 2e ville de Belgique.

Article rédigé par Catherine Fournier - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Bart De Wever, le leader du parti indépendantiste flamand N-VA le soir de sa victoire aux municipales à Anvers (Belgique), le 14 octobre 2012. (DIRK WAEM / BELGA / AFP)

EUROPE - En remportant dimanche 14 octobre les municipales à Anvers, la première ville de Flandre, avec 38% des suffrages, Bart De Wever et les indépendantistes flamands de son parti, la Nouvelle Alliance flamande (N-VA), ont gagné une bataille de plus. Déjà en 2010, il étaient arrivés en tête aux élections nationales en Flandre. François Beaudonnet, correspondant de France 2 à Bruxelles, commente pour FTVi la portée de ces résultats sur le fragile équilibre politique en Belgique.

FTVi : Comment Bart De Wever est-il parvenu à remporter la ville d'Anvers, aux mains des socialistes depuis plus de quatre-vingts ans ? 

François Beaudonnet : Il semble que les Flamands aient vraiment envie que les choses changent. Ils ont le sentiment de payer beaucoup trop pour la partie francophone du pays et d'être, comme Bart De Wever l'a dit, des "vaches à laits". Les indépendantistes du N-VA ne sont pas xénophobes, contrairement au parti d'extrême droite Vlaams Belang dont ils ont siphonné les voix. Mais leur nationalisme est soutenu par une large part des Flamands. Et il y a un déni de cette réalité par les francophones. Bart De Wever a demandé une réforme de l'Etat, qui ne gère déjà plus que 15% de l'argent public. Il souhaite que ce seuil baisse encore. 

Quelle est la marge de manœuvre pour le Premier ministre, Elio Di Rupo, à peine un an après la formation de son gouvernement de coalition ?  

Elle est faible. Il va essayer de se maintenir jusqu'aux législatives en 2014 mais il est dans une situation très inconfortable. Elio Di Rupo est un Premier ministre francophone dans un pays à 60% néerlandophone. Il est populaire dans le sud mais n'a jamais été accepté par les Flamands. Finalement, c'est comme s'il était à la tête d'une coalition d'opposition. Il est très fragilisé par ces élections. 

Cette nouvelle percée des indépendantistes flamands doit-elle vraiment faire craindre une scission du pays en 2014 ?   

Je ne pense pas que la Belgique va se scinder en deux en 2014. Mais la victoire des Flamands à Anvers est à prendre très au sérieux et n'a pas seulement des conséquences au niveau local, comme l'affirme le gouvernement. Elle traduit une tendance lourde. Tout est en train de se détricoter dans le pays. La Wallonie (sud francophone) et la Flandre (nord néerlandophone) n'ont pas les mêmes chaînes de télévisions, pas les mêmes universités, pas les mêmes études. Bart De Wever se plaît à dire que la Belgique va finir par "s'évaporer" sans que personne ne s'en rende compte. C'est peut-être ce qui est en train de se passer. Ce qui est sûr, c'est que le pays entre de nouveau dans une période de turbulences politiques. 

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