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Affaire Tapie : l'homme d'affaires en garde à vue

Il est auditionné dans le cadre de l'arbitrage contesté de son litige avec le Crédit lyonnais.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Bernard Tapie sur le plateau du 20 heures de France 2, le 2 avril 2010. (MAXPPP)

Il se disait serein avant d'être auditionné. Bernard Tapie a été placé en garde à vue, lundi 24 juin, dans le cadre de l'enquête sur l'arbitrage de son litige avec le Crédit Lyonnais sur la vente d'Adidas. Arbitrage qui lui a permis de toucher plus de 400 millions d'euros. L'homme d'affaires, âgé de 70 ans, était convoqué par la brigade financière. Il est resté en garde à vue aux urgences médico-judiciaires de l'hôpital de l'Hôtel-Dieu, dans le 4e arrondissement de Paris, pendant une heure environ, selon une source proche de l'enquête. Puis il a été reconduit à la brigade financière.

Un autre protagoniste du dossier, Jean Bruneau, président de l'Association des petits porteurs pour l'annulation de la vente litigieuse d'Adidas (Appavla), est entendu séparément par les enquêteurs.

Francetv info revient sur le rôle de Bernard Tapie et ce qu'il risque dans cette affaire.

Qu'est-il reproché à Bernard Tapie ?

Les enquêteurs veulent savoir si et comment l'homme d'affaires a plaidé sa cause à l'Elysée et au ministère de l'Economie. Ils s'intéressent de près à ses relations avec les trois juges-arbitres. L'un d'eux, Pierre Estoup, a été mis en examen dans cette affaire pour "escroquerie en bande organisée". Les enquêteurs soupçonnent des liens anciens entre cet homme, et Bernard Tapie lui-même. Selon des éléments publiés par Le Monde, outre la dédicace d'un livre de l'homme d'affaires retrouvé chez l'ancien juge arbitre, les enquêteurs ont constaté que les deux hommes avaient chacun le portable de l'autre. D'autres éléments troublants figureraient dans l'agenda de Pierre Estoup.

La brigade financière doit aussi l'interroger sur ses multiples rendez-vous avec Nicolas Sarkozy, entre 2007 et 2012. Dans un tableau chronologique, la brigade financière a relevé ces différentes visites, "pas moins de 22 de 2007 à 2009", selon Le Monde. Les 8, 17 et 31 janvier 2007, Bernard Tapie rend visite à Nicolas Sarkozy. Or, d'après le quotidien, les enquêteurs relèvent que c'est le "30 janvier 2007 que les liquidateurs proposent de recourir à un arbitrage". "Le 17 novembre 2007, les deux hommes se revoient, cette fois à l'Elysée. La veille, le compromis d'arbitrage a été signé", ajoute Le Monde. Bernard Tapie a justifié ces rencontres par des relations humaines et une forme de proximité avec l'ancien chef de l'Etat.

Quels sont les éléments dont disposent les enquêteurs ?

Les policiers ont l'intention de s'appuyer sur le témoignage de Bernard Tapie lui-même, entendu comme simple témoin, le 31 juillet 2012, dans le cadre de l'enquête préliminaire portant sur l'arbitrage, affirme Le Monde, lundi. Une audition, devant la brigade financière, pendant laquelle il a prêté serment de dire la vérité. Mais il "semble avoir menti aux enquêteurs".

Au cours de cette audition, dont le contenu est révélé par le quotidien, Bernard Tapie a nié avoir eu pour interlocuteurs des "ministres, des directeurs de cabinet, des présidents de la République". "Je n'ai parlé de ce dossier avec aucun de ceux qui correspondent à la description que vous avez faite. Il m'est arrivé d'aller à Bercy ou ailleurs mais pas du tout pour parler de mon dossier. J'ai rencontré M. Guéant et M. Pérol mais pas pour ce dossier", a-t-il déclaré selon Le Monde.

Pourtant, Stéphane Richard, le PDG d'Orange et directeur de cabinet de la ministre de l'Economie à l'époque, a affirmé que Bernard Tapie avait participé à une réunion sur ce sujet fin juillet 2007 à l'Elysée en présence notamment du secrétaire général, Claude Guéant, et du secrétaire général adjoint, François Pérol. 

Que risque-t-il ?

Le régime de la garde à vue permet à un officier de police judiciaire d'interroger et de maintenir, sous contrainte, une personne soupçonnée d'avoir commis ou tenté de commettre une infraction, contrairement à l'audition libre. Pour le chef d'"escroquerie en bande organisée", la garde à vue peut durer jusqu'à 96 heures, soit quatre jours. En plus de Pierre Estoup, deux autres protagonistes de cette affaire ont déjà été mis en examen pour ce motif : Stéphane Richard et Jean-François Rocchi, l'ancien président du Consortium de réalisation (CDR), instance chargée de gérer le passif du Crédit Lyonnais.

Bernard Tapie risque une présentation devant des juges, à l'issue de laquelle il peut être placé sous le statut de témoin assisté, ou être mis en examen. Dans ce cas, l'homme d'affaires peut s'attendre à devoir verser une caution et à voir ses biens placés sous séquestre, selon Le Journal du dimanche.

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