"C'est dans la nature des hommes d’être plus bagarreurs", selon un avocat bordelais
Anne Cadiot-Feidt a été élue présidente du barreau de Bordeaux fin novembre. Ce qui n'est pas du goût d'un de ses confrères. Francetv info a recueilli les réactions des deux parties.
JUSTICE – Les propos n'ont pas fait réagir la semaine dernière, jusqu'à ce que le site Rue89 les pointe du doigt, lundi 10 décembre. Dans une vidéo postée sur France 3 Aquitaine le 6 décembre, l'avocat pénaliste Pierre Blazy s'interroge sur les capacités d'Anne Cadiot-Feidt, élue présidente du barreau de Bordeaux à la fin du mois de novembre. C'est la première fois qu'une femme accède à ce poste dans cette ville.
Mais cela ne semble pas être du goût de Pierre Blazy. Interviewé par nos confrères de France 3, il estime qu'"il faut avoir les épaules larges" pour occuper cette fonction. "Est-ce qu'une femme a les capacités pour le faire ?", s'interroge-t-il (à partir de 1 minute 15).
Cadiot-Feidt dénonce "des propos machistes et ineptes"
Interrogée par francetv info mardi 11 décembre, Anne Cadiot-Feidt dénonce des "propos machistes, (...) complètement ineptes, d'une bêtise consommée" et "assez violents". Selon elle, ces déclarations ont provoqué "une réaction très vive de la part de [ses] consœurs pénalistes, qui sont très nombreuses, contrairement à ce que dit [son] confrère" Pierre Blazy.
Alors que ce dernier affirme qu'il n'existe pas "d'avocates de renom", elle cite l'exemple de Gisèle Halimi, "une pénaliste confirmée" qui a été chargée de "dossiers pénibles, complexes et extrêmement difficiles", et ce "dès les années 1960".
Pour Blazy, "les hommes sont plus bagarreurs"
La polémique ? "Bien secondaire", commente Paul Blazy, contacté par francetv info. "J'en parle d’autant plus facilement que mon cabinet et moi-même avons voté pour maître Cadiot-Feidt !", s'exclame-t-il. "J’ai été interrogé en tant qu’avocat pénaliste. J’ai dit qu’il s’agissait d’un métier extrêmement difficile, dans lequel nous sommes amenés à lutter contre les confrères, les clients, les adversaires. Le rôle du bâtonnier étant de nous défendre, j’ai indiqué que, dans ce cas précis, je préférerais être défendu par un homme", assure l'avocat, qui assume une préférence tout à fait "personnelle".
Il précise par ailleurs que sa déclaration "ne concerne pas, évidemment, toute l’étendue du droit". "Je comprends l’indignation, car je sais que mes propos ne vont pas dans le sens du vent, alors que tout le monde s’extasie de l’accession d’une femme au poste de bâtonnier". Lui, forcément, détonne, y compris dans le reportage de France 3, qu'il se rappelle avoir visionné dans son cabinet. "Mes collaboratrices se sont offusquées, tout le monde s'est offusqué. Mais au final, ces 30 secondes à l'issue d'un reportage où tous témoignent, émerveillés, nous ont fait beaucoup rire."
S’il assure avoir beaucoup d’estime pour Anne Cadiot-Feidt et considère les femmes aussi aptes à défendre que les hommes, il avance des spécificités toutes particulières à la mission du pénaliste. Et insiste sur le fait que, selon lui, il est "difficile de citer trois femmes" dans ce registre particulier du droit. "On ne peut pas dire qu’hommes et femmes sont absolument égaux en tout, tout le temps, dans tous les domaines. Les femmes haltérophiles soulèvent moins que les hommes." Il persiste : "Je vais peut-être encore m’attirer les foudres, mais je pense que c’est peut-être dans la nature des hommes d’être plus bagarreurs, c'est tout."
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