Avec l'UDI, Jean-Louis Borloo espère ressusciter l'UDF
L'Union des démocrates et indépendants entend réinventer l'UDF autour de Jean-Louis Borloo.
POLITIQUE - Les centristes tentent de se fédérer. L'assemblée constituante de l'Union des démocrates et indépendants, l'UDI a lieu dimanche 21 octobre à la Mutualité de Paris. Dans la salle, plus de 3 000 personnes : des radicaux, des centristes, des divers-droite et des indépendants. Les 300 membres fondateurs ont élu, à l'unanimité, Jean-Louis Borloo pour présider le nouveau mouvement.
A la tribune, le président du Nouveau centre, Hervé Morin, a évoqué sa "fierté et son enthousiasme" de construire aujourd'hui "une nouvelle page du centrisme". "La naissance de l'UDI, c'est ta volonté Jean-Louis [Borloo] mais la réussite de l'UDI c'est maintenant notre devoir à tous", a-t-il lancé. "Tous", c'est justement la très disparate mouvance dite du centre droit, qu'a rejoint aujourd'hui l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy Chantal Jouanno.
FTVi fait le point sur cette formation dont la vocation est d'unir la galaxie centriste pour constituer, espère-t-elle, le principal parti d'opposition.
Qui ? Quelques déçus de l'UMP ...
Chantal Jouanno va quitter l'UMP pour rejoindre l'UDI, a indiqué dimanche le tout nouveau parti. L'ancienne ministre des Sports en 2010 et 2011, par ailleurs sénatrice UMP de Paris, avait été auparavant secrétaire d'Etat à l'Ecologie en 2009-2010, auprès du ministre Jean-Louis Borloo.
Interpellée sur ce choix par les chefs de file de l'UMP à Paris Philippe Goujon et Jean-François Legaret, la sénatrice s'est justifiée sur Twitter.
Un mandat n'appartient pas à un parti. Les électeurs m'ont élue pour les convictions que je porte. Je ne les trahirai pas. #LancementUDI
— Chantal Jouanno (@Chantal_Jouanno) October 21, 2012
L'ex-ministre de Nicolas Sarkozy a participé dimanche après-midi à la grand-messe de la nouvelle formation politique de Jean-Louis Borloo. L'actuelle sénatrice UMP de Paris a justifié son choix en prenant la parole devant plus de 3 000 personnes réunis à la Mutualité. Très applaudie, elle a expliqué avoir fait le choix de "consacrer sa vie à l'Ecologie" et avoir l'ambition de faire de l'UDI "le premier parti écologiste de France".
Ces derniers mois, elle avait marqué à plusieurs reprise son désaccord avec l'UMP sur les questions d'immigration et sur des questions sociétales comme le mariage homosexuel. D'ailleurs, plusieurs élus UMP ont laissé entendre qu'ils pourraient rejoindre l'UDI en cas de victoire de Jean-François Copé à la présidence de l'UMP, rapporte l'AFP.Avant Chantal Jouanno, Rama Yade, avait quitté l'UMP en avril 2011 pour rejoindre Jean-Louis Borloo au Parti radical.
... et beaucoup des centristes
Dans la foule, la diversité des centres est rassemblée, note Le Figaro.fr qui repère, entre autres, "les députes Yves Jégo (Parti radical), Jean-Christophe Lagarde (Nouveau Centre), Philippe Folliot, ou encore les anciens ministres André Santini, Rama Yade et Laurent Hénart, ainsi que les sénateurs Yves Pozo di Borgo et Jean-Marie Vanelerenberghe (MoDem)."
Même si nombre de ses adhérents et quelques cadres ont rejoint l'UDI, le Modem de François Bayrou reste toutefois le seul parti centriste à ne pas avoir rejoint l'UDI : quand le Modem tente de justifier la nécessité d'un centre indépendant, l'UDI, elle, assume son ancrage au centre-droit.
Quoi ? Un nouvel UDF
L'UDI entend capter l'héritage idéologique de l'ex-UDF dont il veut poursuivre l'action en se présentant comme "l'UDF du 21e siècle". Jusqu'alors, c'était le MoDem de François Bayrou, qui préside l'association UDF et occupe les locaux de l'ancien parti, qui portait, au moins légalement, l'héritage de l'ancien parti.
La présence de Simone Veil à l'assemblée constituante de l'UDI, ainsi qu'un message vidéo de Valéry Giscard d'Estaing, atteste de cette volonté de faire renaître l'UDF de ses cendres. L'académicienne représente un double symbole de la politique qu'entend défendre lle nouveau mouvement de Jean-Louis Borloo: celui du progrès sociétal et de l'amélioration de la condition féminine, avec sa loi dépénalisant l'IVG (1975), et celui de la construction européenne, dont elle a été l'une des figures, en présidant le Parlement européen (1979-1982).
"Nous allons réveiller notre électorat, les deux français sur trois de Valéry Giscard d'Estaing" [que l'ex-président voulait convaincre], a lancé dans son discours d'ouverture le sénateur Yves Pozzo di Borgo. L'élu de Paris a appelé l'UDI à chasser en 2014 l'équipe socialiste en place dans la capitale.
"Notre défi est de ne plus être le strapontin dans une majorité future avec l'UMP mais d'être un pôle avec pour objectif d'en devenir aujourd'hui le partenaire obligé et demain l'acteur majoritaire", a poursuivi Hervé Morin, disant rêver d'un centre "d'exigence, d'impatience, décomplexé"... Mais à droite, comme le note un journaliste de La Croix sur Twitter :
Question innocente à ceux qui me disent que l'UDI est au centre et non à droite: combien de parlementaires #UDI élus sans soutien de l'UMP?
— Laurent de Boissieu (@ldeboissieu) Octobre 21, 2012
Comment ? Un exécutif bientôt formé
Seul élu, Jean-Louis Borloo doit procéder à la désignation de deux secrétaires généraux, Laurent Hénart et Jean-Christophe Lagarde, ainsi que celle du président du conseil national de l'UDI qui sera Hervé Morin.
L'exécutif du parti sera ensuite complété avec des secrétaires généraux adjoints et des délégués généraux. Le premier congrès de l'UDI est prévu au printemps.
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