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Chômage : "Nous n'avons pas touché le fond"

Marion Cochard, économiste à l'OFCE, décrypte pour francetv info les mauvais chiffres de l'emploi au mois de septembre. 

Article rédigé par Julie Rasplus - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des personnes patientent devant un stand de Pôle emploi, lors d'un salon pour l'emploi organisé à Arras (Pas-de-Calais), le 18 octobre 2012. (PHILIPPE HUGUEN / AFP)

TENDANCES – Le chômage a poursuivi sa hausse pour le 17e mois consécutif en France. Les chiffres du mois de septembre, tombés mercredi 24 octobre, en témoignent : le nombre de demandeurs d'emploi en catégorie A (sans aucune activité) a augmenté de 1,6%, portant à 3,057 millions le nombre de chômeurs de cette catégorie en métropole. Marion Cochard, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), analyse la situation.  

Francetv info : En septembre, la hausse du nombre de demandeurs d'emploi a été la plus forte depuis mars 2009. A-t-on touché le fond concernant le taux de chômage ? 

Marion Cochard : Non, nous n'avons pas touché le fond. A l'OFCE, nos prévisions sont très pessimistes jusqu'à la fin 2013. Nous prévoyons 0% de croissance en 2012 et 0,1% en 2013, alors qu'il faudrait 1,5% pour redresser le taux de chômage. On peut donc s'attendre à des chiffres pires que ceux de ce mois-ci. Selon nos prévisions, le taux de chômage va continuer d'augmenter pour atteindre 11% fin 2013, pour la France métropolitaine. Soit 200 000 nouveaux demandeurs d'emploi.

Pourquoi cette forte hausse survient-elle maintenant ? 

Difficile à dire. Il faut savoir que les chiffres mensuels sont très volatiles : il y a une accélération ce mois-ci, mais il y aura peut-être une décélération en octobre. Cette fois, nous avons près de 46 900 chômeurs de catégorie A (sans aucune activité) en plus et 20 000 pour les catégories B et C ; c'était l'inverse le mois dernier. Il est donc difficile de voir une tendance. Ce qui est sûr, c'est que l'on constate une dégradation de la conjoncture, après la rechute engagée il y a un an. Là, on arrive à un effet plein du ralentissement.

On subit les effets de la crise de 2008-2009...

Oui, et la situation devient très inquiétante pour certaines catégories de chômeurs. Une fois encore, on voit une hausse du nombre de chômeurs de longue durée et en fin de droits, qui ne seront bientôt plus indemnisés. On arrive dans une situation où la pauvreté augmente, où des personnes qui n'ont pas d'emploi depuis trois, quatre ans, risquent de s'exclure du marché du travail.

Pour vous, le gouvernement devrait donc réorienter sa politique économique afin d'améliorer la situation ? 

Avec les restrictions budgétaires, nous ne parviendrons pas au 1,5% de croissance nécessaire pour redresser la barre du chômage. Et si les ajustements se poursuivent l'année prochaine, ce sera le même problème en 2014. La politique budgétaire de la France pèse sur les investissements, la consommation. Les entreprises n'ont plus de débouchés et attendent la reprise. Laquelle ne va pas venir tout de suite. Il y a très peu d'offres à Pôle emploi. Bref, l'horizon est très bouché sur le front de l'emploi. La question est de savoir comment va évoluer la politique de croissance du gouvernement. C'est à ce niveau que se jouera la reprise du travail dans les années qui viennent. 

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