Comment le débat sur le coût du travail a rattrapé Hollande
Eludée par le candidat PS pendant la campagne, la question est devenue prioritaire depuis la rentrée.
Les patrons mettent la pression sur le gouvernement. A l'occasion de l'ouverture du Mondial de l'Auto à Paris, Carlos Ghosn, le patron de Renault, et Philippe Varin, le PDG de PSA, ont lancé un cri d'alarme pour que le gouvernement baisse les charges sociales, diminuant ainsi le coût du travail. Du secteur bancaire à l'industrie, cette revendication va au-delà d'un secteur automobile morose. Est-ce qu'il y a vraiment urgence pour la compétitivité française?
La compétitivité française se détériore
Selon le dernier rapport du World Economic Forum, la France a quitté en 2012 le top 20 des pays les plus compétitifs, passant de la 16e à la 21e place en deux ans. L'Allemagne, elle, garde sa place dans l'élite de compétitivité, à la 6e place. Le WEF pointe les faiblesses de l'environnement économique : pas assez de flexibilité sur le marché du travail, trop de conflits sociaux ainsi que trop de taxes et prélèvements.
Les patrons français, eux, préfèrent se focaliser sur le coût du travail qui, il est vrai, est plus élevé qu'en Allemagne et au Royaume-Uni - même s'il n'est pas le plus élevé en Europe. C'est ce cheval de bataille qu'avait enfourché Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle, décidant notamment la mise en place de la TVA sociale, qui consistait à baisser les charges patronales et à compenser le manque de recettes par une hausse de la TVA - autrement dit, les entreprises payent moins, et les consommateurs davantage.
Mais Nicolas Sarkozy a perdu et François Hollande, lui, s'il n'a pas nié la nécessité d'améliorer la compétitivité des entreprises, a longtemps refusé de lier cette question au coût du travail.
La gauche a pris conscience du problème
Le mot compétitivité ne figurait qu'une seule fois dans les 60 engagements de François Hollande. Autant dire que ce n'était pas le thème le plus fort de sa campagne. Confronté à la hausse du chômage et à la multiplication des plans sociaux, le gouvernement Ayrault a, depuis, été contraint de donner des gages au patronat sur la question.
D'abord lors de la conférence sociale de début juillet, ensuite avec la visite du premier ministre à l'université d'été du Medef, enfin avec l'interview télévisée de François Hollande sur TF1 début septembre. Invité de DPDA jeudi 27 septembre, du bout des lèvres, Jean-Marc Ayrault a reconnu que l'industrie était confrontée à un problème de coût du travail. Parmi les chantiers à venir, donc, la réforme du financement de la protection sociale en vue de parvenir à une amélioration de la compétitivité.
Les pistes qui se dessinent
Mais le Premier ministre a refusé de faire des annonces avant de confronter ses idées "avec les députés et les économistes". Une mission a été confiée à Louis Gallois au début de l'été, qui doit rendre ses conclusions début octobre. Une mission d'information a aussi été mise sur pied à l'Assemblée. Le Premier ministre a promis que des mesures seraient prises début 2013.
Parmi ces mesures, il ne devrait pas y avoir de hausse de la TVA. La "TVA sociale", considérée comme néfaste pour le pouvoir d'achat, a en effet été abrogée par le gouvernement Ayrault et on le voit mal lla remettre, telle quelle, au goût du jour. L'idée d'une augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG) a en revanche fait son chemin. Pour augmenter la compétitivité des entreprises, le Medef souhaite une combinaison des deux.
Sur TF1 François Hollande avait confirmé qu'il faudrait "trouver un dispositif de remplacement à la TVA sociale". Outre une hausse de la CSG, "d'autres sources de revenus seront étudiées, y compris les financements écologiques". Réponse dans les mois qui viennent.
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