Conférence sociale : ce qui a changé (ou pas)
A l'occasion de cette première conférence dans laquelle ministres et partenaires sociaux évoquent les problèmes liés à l'emploi, François Hollande teste sa conception de la "démocratie sociale".
Rénover le dialogue social. Avec cette ambition, François Hollande a donné le coup d'envoi de la première grande conférence sociale de son quinquennat, lundi 9 juillet. Devant quelque trois cents participants, syndicats, organisations patronales, élus locaux et représentants de la société civile, il a posé les règles censées régir les relations entre partenaires sociaux, Etat et collectivités : compromis, concertation et discussions.
A quoi la concertation imaginée par François Hollande ressemble-t-elle ? Les acteurs du dialogue social vous donnent leur sentiment.
• La méthode convainc
"Sur le fond, on verra cela dans quelques semaines", a prévenu Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de Force ouvrière (FO), à la sortie des discussions. Car la journée de lundi a bel et bien été consacrée à la forme. Rassemblés autour de sept tables rondes, chacune animée par le ministre compétent et synthétisée par un facilitateur, les participants ont été conviés à dresser un état des lieux dans des domaines tels que l'emploi, le redressement productif, l'égalité ou encore la formation professionnelle.
Dans ces conditions, le consensus a dominé, a expliqué le ministre du Travail, Michel Sapin. "C'est le début d'un processus, d'une volonté d'écrire, de baliser [le dialogue]. Dans la plupart des tables rondes, l'après-midi [de lundi] a permis de faire le point et de se préparer à répondre aux questions : 'Que fait-on ? Comment le fait-on, comment agit-on' ?", a-t-il résumé. Pas mécontent de cette journée de remise à plat, le ministre a relevé qu'avec cette méthode, il avait "plutôt vu des avancées que des blocages".
• La reprise d'un dialogue apaisé
"Ce qui m'a le plus frappé, c'est l'appétit de débat, le plaisir de parler véritablement des choses", s'est félicité Michel Sapin, évoquant "le nombre de personnes qui nous ont dit 'merci, on avait perdu l'habitude' [de discuter]", fustigeant à son tour "les sommets de deux heures où les décisions étaient déjà prises". Dans les couloirs du Conseil économique, social et environnemental (CESE) où se tiennent les réunions, cette approche consultative est prudemment mais unanimement saluée.
En dépit des enjeux et des divergences idéologiques fortes, tous ont souligné un climat d'apaisement : un "climat respectueux" et la "volonté de discuter" reviennent devant les micros tendus. Pour Catherine Guérin, secrétaire générale de l'Unsa Fonction publique territoriale, il était impératif de restaurer la confiance entre partenaires sociaux et surtout de se rapprocher des corps intermédiaires, dénoncés par Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle : "Dans un premier temps, il est question de réhabiliter les fonctionnaires après qu'ils ont été humiliés et présentés comme le problème", a-t-elle noté.
• Pas de scoop ni d'avancée significative
Officiellement, les participants planchent sur un agenda. Pas d'annonces spectaculaires, ni de réforme livrée clé en main pour relever dans l'urgence le défi de ce début de quinquennat, marqué par des chiffres de l'emploi en berne et l'accumulation des plans sociaux.
A l'issue de la première journée, Vincent Merle, professeur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et facilitateur de la table ronde sur la formation professionnelle, confirme qu'il s'agit bien là de l'esprit de cette journée "test" : "On explore les choses, résume-t-il. Je ne vois pas de scoop se dessiner, mais ce qu'on engage là n'est que le début d'une nouvelle façon de travailler ensemble (…). Ce n'est pas spectaculaire, mais faut-il que ce soit spectaculaire ?"
Pourtant, des pistes y sont élaborées, comme celle d'augmenter la Contribution sociale généralisée (CSG) pour aider à résorber les déficits des comptes sociaux. De quoi réveiller les désaccords et casser l'image d'un sommet de la réconciliation.
• Pas de précipitation
Dans le rythme aussi, François Hollande entend se démarquer de son prédécesseur, quitte à indigner les partisans d'une action urgente. Lundi, il a d'ores et déjà annoncé que des rencontres auraient lieu tout au long de l'année dans la perspective d'une nouvelle conférence dans un an. "Franchement, l'économie française n'a pas un an à attendre", a déclaré l'ancien Premier ministre François Fillon, lors de son premier déplacement de campagne pour la présidence de l'UMP, a rapporté Le Monde.fr.
Si à droite, on dénonce "la palabre" au détriment des "décisions", selon les mots de Valérie Pécresse, plusieurs voix syndicales se sont également prononcées en faveur de mesures d'urgence. "Nous voulons des annonces immédiates", avait déjà prévenu Bernard Thibault, secrétaire général de la CGT, dans la matinée.
• Les collectivités territoriales invitées pour la première fois
Convoqués pour la première fois dans le cadre d'un sommet social, les acteurs territoriaux se sont félicités d'apporter leur pierre à l'édifice. "Avant de faire une grande loi nationale, il faut expérimenter localement, a assuré Marie-Guite Dufay, présidente PS de la région Franche-Comté. C'est une évidence dans le cas des contrats de génération [promis par François Hollande]. Le fait d'être ici nous indique qu'au plus haut niveau de l'Etat, on prend note de ce qui se passe à notre échelle. Tout cela va dans le bon sens, car en régions, les partenaires savent déjà qu'il faut impérativement travailler ensemble", assure l'élue, convaincue que "la construction de solutions se fait dans la proximité".
Dans la proximité, mais pas avec tout le monde. A quelques dizaines de mètres de là, des collectifs de chômeurs ont manifesté leur mécontentement, se disant écartés de discussions qui les concernent en premier lieu, rapporte 20 Minutes.fr.
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