Copé, NKM et Bertrand : trois ténors de l'UMP bousculés
Respectivement candidats aux législatives en Seine-et-Marne, dans l'Essonne et dans l'Aisne, ces barons de droite vont devoir batailler pour être réélus.
Le devant de la scène hier, la traversée du désert demain ? Respectivement candidats aux législatives en Seine-et-Marne, dans l'Essonne et dans l'Aisne, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet et Xavier Bertrand ne sont pas absolument certains d'être réélus le 17 juin.
• Copé face au risque d'"une victoire du PS grâce au FN"
La situation. Dans la 6e circonscription de Seine-et-Marne, où Jean-François Copé est candidat, Marine Le Pen a recueilli 22,7% des voix à la présidentielle. Et dans la ville de Meaux, dont il est maire, François Hollande a recueilli 52% des suffrages exprimés au second tour, le 6 mai. Autant dire que le bon temps de 2007, lorsque Jean-François Copé expédiait l’élection dès le premier tour, paraît lointain.
La stratégie. "Je veux vous alerter tous, j'ai besoin de vous", commence Jean-François Copé, ce jour-là, en réunion publique à Trilport (Seine-et-Marne). Pas d’évocation de Nicolas Sarkozy ni de la guerre des chefs à l’UMP ; ce sont "la déviation de Trilport" et "le musée de la Grande guerre" qui font mouche dans la salle. Après un quart d’heure, parole au public. Le thème de la sécurité débarque en force. Chiffres locaux de la délinquance, vidéosurveillance, police municipale, tout y passe, avant d’embrayer sur le Front national. "Pas d'alliance mais pas de tabou non plus, sur l'insécurité, l'immigration, les valeurs de la République, réclame Jean-François Copé, soucieux que son message soit entendu par les électeurs frontistes. Vous avez devant vous celui qui a fait la loi d’interdiction de la burqa."
A l’heure de sauver son siège de député, le chef de file de l’UMP rappelle que ses "activités nationales ne valent que par la légitimité du terrain". Sans évoquer son avenir personnel en cas de défaite, il affirme que son "action de député a permis de débloquer localement beaucoup de portes et de problèmes".
Le sondage. Malgré son envergure nationale, le fauteuil de député de Jean-François Copé vacille en raison des candidates locales FN et EELV-PS. Ses deux rivales pourraient le contraindre à une triangulaire, lui rappelant le mauvais souvenir de 1997 et "la victoire du PS grâce au FN". Mais une enquête BVA (voir le PDF) semble en mesure de rassurer le maire de Meaux, donné vainqueur en cas de duel comme de triangulaire.
• NKM, une élection pour services rendus
La situation. A quelques dizaines de kilomètres de là, le département de l'Essonne a voté pour François Hollande à 53,43%, le 6 mai. Et à Longjumeau, la ville de Nathalie Kosciusko-Morizet, le candidat socialiste a même recueilli 55,5% des voix. Un camouflet pour celle qui était la porte-parole du président sortant durant la campagne, même si sur l'ensemble de la circonscription, Nicolas Sarkozy a recueilli 51% des suffrages.
La stratégie. L'ancienne ministre de l'Ecologie veut une campagne 100% terrain, le plus loin possible du regard des caméras et des journalistes. Elle enquille les séances de tractage à la portière des voitures et le porte-à-porte. Un retour au local qui "n'a rien d'exceptionnel", assure-t-elle.
En réunion publique, NKM multiplie les bises et salue les élus locaux présents en les appelant par leur prénom. Notamment "Serge" Dassault, sénateur-maire de Corbeilles-Essonnes, assis au premier rang. On parle des retards du RER C, des bouchons de la RN 20 ou encore de l’hôpital de Longjumeau "menacé de délocalisation par les socialistes". A chaque fois, des élus ou des proches de l’UMP soulignent le travail "exceptionnel" et les subventions débloquées par la député sortante pour le département, surtout quand elle était ministre. "On va m'accuser de favoritisme, mais je l'assume, argumente-t-elle. Car l'Essonne était délaissé."
Le sondage. La situation est en tout cas compliquée pour "NKM". Dans un sondage Ifop (voir le PDF), elle est donnée à égalité avec son opposant PS, le maire de Marcoussis, Olivier Thomas. Compte tenu de la marge d'erreur (environ quatre points), autant dire que tout est possible. Sortie vainqueur de ce même duel en 2007 avec 56% des voix, NKM assure être "sereine".
• Bertrand fait valoir son carnet d'adresses
La situation. A Saint-Quentin (Aisne), la ville dont il est maire, Xavier Bertrand connaît une situation semblable à celle de Jean-François Copé. Dans sa circonscription, François Hollande est arrivé en tête au second tour, et l'ancien ministre du Travail sait que, compte tenu du score de Marine Le Pen au premier tour (près de 25%), il risque de vivre une triangulaire compliquée.
La stratégie. Pour sauver son siège - et conserver une place importante à l'UMP -, celui qui a dirigé le parti de Nicolas Sarkozy de 2008 à 2010 arpente sans relâche les communes de la circonscription avec un atout de poids : son carnet d'adresses. Dans cette circonscription frappée par un chômage de masse, et qui compte 20% de plus de bénéficiaires du RSA que la moyenne nationale, Xavier Bertrand multiplie les visites d'entreprises, les passages dans les exploitations agricoles et les réunions d'appartement, en mettant toujours en avant ses réseaux.
"Un ancien ministre, ça joue aussi en termes d'influence ; quelqu'un de connu, ça compte. Je sais où se montent les dossiers, je sais où il y a de l'argent, je sais à quelles portes il faut taper", explique-t-il dans Le Monde. Même topo dans La Voix du Nord : "Pendant cinq ans, j'ai eu de l'influence ; je l'assume. (...) Député, mon carnet d'adresses est toujours le même. Quelqu'un qui compte à Paris, c'est important."
Le sondage. Une stratégie qui pourrait être payante face à une candidate PS qui n'a jamais été députée. Selon un sondage Opinionway publié le 1er juin (voir le PDF), Xavier Bertrand sortirait vainqueur d'un duel avec la candidate socialiste (avec 52% des voix) comme d'une triangulaire avec le FN.
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