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Coronavirus : risque-t-on une pandémie ?

Il a déjà tué 18 personnes à travers le monde et il n'existe aucun traitement approprié. Mais selon les scientifiques, il ne devrait pas se transformer en épidémie mondiale. 

Article rédigé par Louis San
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Observation d'un coronavirus au microscope fournie par l'Agence de protection de la santé britannique, à Londres (Royaume-Uni), le 19 février 2013. (REUTERS)

Un premier cas d'infection par le coronavirus, proche du Sras, a été confirmé en France, mercredi 8 mai. Le ministère de la Santé précise qu'il s'agit du "premier et seul cas confirmé en France à ce jour" par ce nouveau virus de la famille des coronavirus. Alors que ce virus a déjà tué 18 personnes à travers le monde et qu'il n'existe aucun traitement, francetv info vous explique pourquoi il n'est pas le grand virus tant redouté par la communauté scientifique.

La grande pandémie, une menace inévitable

Un virus incontrôlable et mortel déferle sur l'ensemble de planète. L'épidémie ne cesse de s'étendre à une vitesse de plus en plus élevée. Les morts s'entassent : l'humanité est menacée. Ce scénario catastrophe est celui du film Contagion (2011) du réalisateur américain Steven Soderbergh. Mais cela ne restera pas forcément une fiction.

La menace de pandémie est inévitable, selon des médecins réunis à Paris en 2012 lors d'un colloque sur les menaces des maladies infectieuses émergentes. Ils estiment que "l'agent infectieux qui en sera responsable devrait être d'origine animale et prospérer dans les grandes villes", rapportait le Journal de l'environnement. Sa propagation sera d'autant plus aisée qu'il pourra compter sur "les transports internationaux, les grands rassemblements sportifs ou religieux, et surtout le développement des grandes mégalopoles".

Les agents infectieux inquiètent les spécialistes car ils mutent de façon imprévisible à cause de l'augmentation du nombre des animaux d'élevage. Sans compter qu'il leur arrive dorénavant de franchir la barrière des espèces. "S'il est évidemment impossible de prévoir la virulence du virus qui sera responsable de cette pandémie et la typologie clinique de l'infection qu'il provoquera, il apparaît particulièrement important de se préparer à l'éventualité d'un évènement qui pourrait s'avérer d'une ampleur majeure à l'échelle de la planète", ont écrit, en 2006, Jean-Philippe Derenne, spécialiste en matière d'infections virales et d'affections pulmonaires, et François Bricaire, spécialiste en maladies infectieuses et tropicales.

Sras, H5N1, H1N1... Déjà plusieurs épidémies

Le Sras. En 2003, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) lance, pour la première fois de son histoire, une alerte épidémique mondiale pour le syndrome respiratoire aigu sévère (Sras), apparu en Chine en 2002. A l'origine : "un homme d'affaires qui fournissait des restaurants en poissons et qui a beaucoup voyagé", racontait Le Monde en 2003.

Au 31 décembre de la même année, l'organisation comptabilise 8 096 cas probables de Sras dans 29 pays. Parmi ces malades, 774 sont décédés et 7 322 sont considérés comme guéris, rapportait l'Institut de veille sanitaire (PDF).

Une femme porte un masque dans le métro de Hong Kong (Chine), le 22 décembre 2003. (PETER PARKS / AFP)

Le H5N1. En 2003, c'est une vraie-fausse pandémie. Ce virus H5N1 de la grippe aviaire a beaucoup inquiété les populations et les autorités alors que sa transmission faisait débat. Celle-ci s'effectue bien de l'animal à l'homme. Mais rien ne démontre qu'elle se fait entre humains, même si deux équipes scientifiques distinctes ont indiqué, en 2012, avoir des craintes sur une transmission entre mammifères, dans les revues Nature et Science (en anglais).

Reste qu'en France, en 2006, on avait prévu le pire avec ce virus. Les préfectures avaient envoyé aux maires des plans avec six scénarios distincts, comme le racontait le quotidien régional La Dépêche : "Le dernier est le plus morbide. Le virus passe d'homme à homme de façon extrêmement rapide", écrivait le journal, ajoutant que les élus "seront rapidement en première ligne puisqu'ils devront mettre en œuvre des mesures allant de l'arrêt des transports publics, la restriction des déplacements, la fermeture des crèches et des écoles, à l'interdiction des foires ou des rassemblements religieux".

Des chercheurs ont réussi à créer, en 2012, une souche H5N1 transmissible d'être humain à être humain. Ce serait le virus le plus dangereux jamais créé en laboratoire.

Le H1N1. En 2009, l'OMS déclare une pandémie avec un niveau d'alerte maximal (6 sur une échelle de 6) pour un virus, déclaré au Mexique, qui effraie la planète : le H1N1. Initialement, l'organisation fait état de 18 500 morts dus à cette souche. L'organisation est alors vivement critiquée pour avoir affolé le monde entier. La France, par exemple, a commandé 94 millions de vaccins pour un coût de 869 millions d'euros. Finalement, seules 6 millions de personnes ont été vaccinées.

Des écolières du Caire, la capitale de l'Egypte, portent des masques de protection pour se protéger de la grippe H1N1, dans leur salle de classe, le 4 octobre 2009. (REUTERS)

Mais en juin 2012, l'organisation fait part d'une nouvelle estimation selon laquelle l'épidémie aurait fait entre 151 700 et 575 400 morts, rapportait Le Monde. Comment expliquer un tel écart ? "Il s'agit d'une des premières études à fournir des estimations globales du nombre de décès provoqués par la grippe H1N1 et, contrairement à d'autres estimations, elle inclut des estimations pour les pays d'Asie du Sud-Est et d'Afrique, où les données sur la mortalité associée aux grippes sont limitées", expliquait une membre du Centre de contrôle et de prévention des maladies d'Atlanta (CDC, Etats-Unis).

La propagation du coronavirus devrait rester limitée

Une fois qu'il a contaminé le patient, le coronavirus fait des ravages et peut conduire à la mort : 18 malades sur 31 ont perdu la vie. Les symptômes sont éprouvants : graves infections des voies respiratoires basses (les poumons) amenant à une pneumonie, et fièvre. De plus, il déclenche une insuffisance rénale rapide. Sans compter qu'il n'existe pas encore de traitement efficace, comme l'a indiqué l'infectiologue Benoit Guery :

"Nous n'avons pas de traitement" (France 3)

Mais le coronavirus ne semble pas être en mesure de se répandre sur la planète à grande échelle. L'OMS ne dispose pas d'assez d'informations pour parvenir à des conclusions sur son mode et sa source de transmission, mais de nombreux médecins sont plutôt rassurants : "La létalité est élevée, mais pas la transmission", a commenté Patrick Goldstein, patron du Samu de Lille (Nord), jeudi sur Europe 1. De son côté, Françoise Weber, directrice de l'Institut de veille sanitaire, a souligné qu'à ce stade, "la transmission interhumaine était rare, avec seulement deux cas à ce jour".

Un autre facteur réduit la dangerosité du coronavirus : la plupart des coronavirus ont une durée de vite très courte en dehors du corps car ils sont peu résistants. Se laver les mains régulièrement, comme en période d'épidémie de grippe ou de gastro-entérite, est donc toujours efficace pour éloigner les risques d'infection.

Ainsi, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, est en alerte mais ne cède pas à la panique : "L'Organisation mondiale de la santé (OMS) n'a donné aucune restriction de déplacement", relativise-t-elle. 

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