Coup de filet dans une "cellule" de délinquants convertis à "l'islam radical"
Onze personnes ont été placées en garde à vue et une autre suspect a été tué lors d'une tentative d'interpellation à Strasbourg (Bas-Rhin), samedi 6 octobre.
FAITS DIVERS - Onze personnes ont été placées en garde à vue, samedi 6 octobre, après un coup de filet dans les "milieux jihadistes". Le matin, un suspect a été tué lors d'une tentative d'interpellation par les policiers, à Strasbourg (Bas-Rhin). Le procureur de la ville, Patrick Poirret, et celui de Paris, François Molins, ont chacun tenu une conférence de presse pour faire le point sur l'enquête.
Nos confrères de France 2 Dorothée Olliéric et Nicolas Auer font le récit de ce coup de filet mené à l'échelle nationale.
Une opération lancée après l'attentat de Sarcelles
Le procureur de Paris, François Molins, a bien confirmé que cette opération était menée dans le cadre de l'enquête ouverte à Pontoise sur le jet d'une "grenade défensive yougoslave", dans une épicerie casher de Sarcelles (Val-d'Oise), le 19 septembre. L'attaque avait blessé une personne et suscité une vive émotion dans la communauté juive.
Jérémie Louis-Sidney, le suspect tué à Strasbourg, a été identifié par les services antiterroristes grâce à son ADN, selon les informations de nos confrères de France 3, confirmées par le procureur de Paris. Son empreinte génétique a bien été découverte sur la grenade lancée à Sarcelles.
Le suspect tué, "un délinquant converti à l'islam radical"
On en sait davantage sur Jérémie Louis-Sidney, mort au cours de la tentative des policiers pour l'interpeller, au quatrième étage d'un immeuble du quartier de l'Esplanade, à Strasbourg. "Agé de 33 ans, il avait un passé de trafiquant de stupéfiants et il est apparu très déterminé aux enquêteurs, avec la volonté de finir en martyr, puisqu'il n'a pas laissé d'occasion d'ouvrir le dialogue", a expliqué le procureur.
Il avait été condamné en 2008 à deux ans de prison pour trafic de stupéfiants et il était connu de la DCRI depuis le printemps 2012. Ce "délinquant converti à l'islam radical faisait partie d'un groupe soupçonné de rejoindre les terres du jihad, mais il n'a jamais été entendu par les services du renseignement".
Lors de l'arrivée des policiers, vers 6 heures du matin, l'homme a ouvert le feu et "vidé le barillet" de son 357 Magnum. Les policiers ont alors riposté et l'ont touché mortellement. Le procureur de Strasbourg a précisé qu'une femme avait été interpellée dans une autre pièce, accompagnée d'une fillette de 6 ans et d'un nourrisson d'un mois.
Un policier blessé dans la fusillade
Lors de l'assaut, un policier de l'antigang de Strasbourg a reçu une balle au niveau de la tête et une autre au niveau du cœur, mais elles ont été arrêtées par son gilet pare-balles et son casque de protection. "Sa vie n'est pas en danger", a expliqué Norbert Georgel, secrétaire départemental du syndicat policier Alliance. Un seul policier a été blessé, a précisé le procureur de Strasbourg, et non trois comme avancé plus tôt dans la journée.
Onze interpellations dans toute la France
Au total, onze personnes ont été placées en garde à vue. La onzième l'a été en début de soirée à Cannes (Alpes-Maritimes), d'après une source judiciaire. Il s'agirait de la dernière personne recherchée dans cette opération antiterroriste.
Les policiers sont intervenus simultanément dans plusieurs villes de France. Ils ont notamment arrêté un homme armé et "dangereux" en Ile-de-France, avec l'arme "prête à servir", et un autre à Cannes. Parmi eux, "trois ont un casier judiciaire, pour trafic de stupéfiants", a précisé le procureur de Paris.
"Les perquisitions sont toujours en cours, et ont permis la découverte d'éléments qui confortent l'appartenance aux courants jihadistes". Les suspects avaient une "liste d’objectifs", a expliqué une source policière. Une "liste d'associations israélites" et des "testaments" ont ainsi été retrouvés. Le procureur de Paris a qualifié de "réseau, quasiment une cellule", le groupe de personnes interpellées et a expliqué que "l'enquête devra déterminer quels étaient les prochains objectifs" de ces hommes.
Leur garde à vue peut durer jusqu'à 96 heures.
"Tous les moyens sont mis", assure le gouvernement
Cette "opération d'envergure" a été lancée il y a "plusieurs semaines", a expliqué le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, lors d'un déplacement à Lille (Nord). "C'est une opération très sérieuse, d'envergure, qui est lancée déjà depuis plusieurs semaines et qui vise à démanteler des réseaux terroristes."
Jean-Marc Ayrault a expliqué que "tous les moyens [étaient] mis pour ne rien laisser de côté" et a ajouté que le gouvernement travaillait "très sérieusement pour assurer la sécurité des Français".
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.