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Coupe du monde 2018 : pourquoi la France doit se méfier de la Belgique (et pas qu'une fois)

La France affronte son voisin d'outre-Quiévrain en demi-finale, mardi soir. Mais c'est bien plus que la meilleure attaque du tournoi qui va se dresser sur la route des Bleus sur la pelouse de Saint-Pétersbourg.

Article rédigé par Raphaël Godet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
L'attaquant belge Eden Hazard face au Brésil, en quarts de finale de la Coupe du monde, le 6 juillet 2018, à Kazan (Russie). (DIRK WAEM / BELGA MAG)

Au bout du fil, Manuel Jous ne peut s'empêcher de sourire. "Quand même, le monde est petit..., fait remarquer à franceinfo le journaliste de la RTBF actuellement en Russie. Si ça se trouve, c'est nous, votre voisin de palier, qui allons vous faire trébucher dans l'escalier qui mène à la finale de la Coupe du monde !" Tout est dit : la France a plutôt intérêt à se méfier de sa soixante-quatorzième (ou septante-quatrième) confrontation de l'histoire face aux Diables rouges. Car c'est bien plus que la meilleure attaque du tournoi qui se dresse sur sa route, mardi 10 juillet à 20 heures. 

Parce que les Belges connaissent les Français par cœur

Un peu plus d'un mois après s'être quittés sur les parkings de leurs clubs respectifs, les voici de nouveau réunis sur la même pelouse, celle du stade Krestovski de Saint-Pétersbourg (Russie). Mais avec le maillot de la sélection nationale sur le dos cette fois. Ce qui va leur faire drôle. Car on a fait le calcul : plus d'une dizaine de Belges ont pour coéquipiers en club des joueurs français en temps normal.

Tout en haut de la liste, on trouve la Premier League et Chelsea. Ils sont cinq à jouer pour les Blues anglais : N'Golo Kanté, Michy Batshuayi, Thibaut Courtois, Eden Hazard et Olivier Giroud. 

C'est un match particulier : on n'a pas envie de se faire chambrer au retour en pré-saison. Il y a une grosse rivalité entre la France et la Belgique, c'est une espèce de derby.

Olivier Giroud

en conférence de presse

Ils sont quatre à Tottenham (Hugo Lloris, Jan Vertonghen, Toby Alderweireld et Moussa Dembélé), trois à Manchester United (Paul Pogba, Romelu Lukaku et Marouane Fellaini), et trois aussi à Manchester City (Benjamin Mendy, Kevin de Bruyne et Vincent Kompany). Plus au Sud, le FC Barcelone compte deux Bleus et un Diable rouge dans ses rangs (Samuel Umtiti, Ousmane Dembélé et Thomas Vermaelen).

En France, cette saison, ils sont quatre à avoir porté le maillot du PSG cette saison (Alphonse Areola, Presnel Kimpembe, Kylian Mbappé et Thomas Meunier) et trois, celui de l'AS Monaco (Thomas Lemar, Djibril Sidibé et Youri Tielemans). "Evidemment qu'ils se connaissent par cœur, fait remarquer Manuel Jous. Ils savent quelles sont les ficelles de chacun, les habitudes, les failles aussi."

On peut imaginer qu'ils se sont envoyés beaucoup de SMS des derniers jours. Pour se chambrer ou s'encourager.

Manuel Jous, journaliste de la RTBF

à franceinfo

Et même quand ils n'évoluent pas dans le même club, les joueurs des deux équipes se croisent régulièrement sur les pelouses. Le milieu de West Bromwich Nacer Chadli n'a pas dit autre chose, dimanche 8 juillet, en conférence de presse : "On se connaît très bien, ce sont des joueurs qu'on rencontre deux ou trois fois par saison".

Parce qu'ils ont Thierry Henry

Pour cette demi-finale, un Bleu est inflitré chez les Rouges. Pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de Thierry Henry. Parti fâché après sa main face à l'Irlande en 2009 et le fiasco de Knysna, en Afrique du Sud, quelques mois plus tard, l'ancien buteur des Bleus est aujourd'hui le deuxième adjoint du sélectionneur belge Roberto Martinez. "Depuis deux ans, il prodigue ses conseils à nos attaquants, notamment dans les phases arrêtées", explique le journaliste Manuel Jous.

Et la collaboration semble fonctionner : "Il est en train de m'apprendre comment courir dans les espaces comme lui le faisait", s'extasiait il y a quelque temps Romelu Lukaku dans une interview accordée à The Player's Tribune (en anglais). Depuis que nous travaillons étroitement ensemble, je pense que je suis devenu deux fois meilleur. Il m'aide tellement dans tous les aspects du jeu : la compréhension du jeu, la technique, les frappes… Je lui dois beaucoup"

Surtout, le champion du monde 1998 connaît "sur le bout des ongles" un certain Didier Deschamps.

C'est évident qu'il a détaillé aux joueurs et aux membres du staff plein de petits secrets de coaching de DD.

Manuel Jous, journaliste à la RTBF

à franceinfo

Parce qu'ils sont invaincus

Leur dernière défaite remonte au 1er septembre 2016. Depuis ce revers 2-0 en amical contre l'Espagne, les Diables rouges sont invaincus. Vingt-quatre matchs, dix-neuf victoires, cinq nuls. "On soulignera aussi qu'ils sont les seuls, dans ce Mondial, à avoir gagné tous leurs matchs. Et sans avoir besoin de la moindre prolongation", se permet de mentionner Le Soir

Manuel Jous va même plus loin. "Leur vraie force, c'est d'avoir battu le Brésil en quarts de finale, souligne le journaliste. Il leur manquait une victoire de référence dans un match officiel. C'est fait depuis vendredi soir." 

Les Diables resteront l'équipe qui a sorti la Seleçao lors de la Coupe du monde 2018.

Manuel Jous, journaliste à la RTBF

à franceinfo

Niveau "plein de confiance, il n'y avait pas mieux". C'est ce qu'a voulu dire avec ses mots Nacer Chadli, le milieu de West Bromwich : "Quand tu bas le Brésil, tu ne crains personne." Même la France. Son collègue de Premier League Olivier Giroud en a parfaitement conscience : "C'est une très grande équipe avec une très bonne génération de joueurs, qui évoluent ensemble depuis plusieurs années. Ils sont arrivés à maturité et sont tous au top dans leur club."

Parce que Thibaut Courtois est monstrueux

Sur la pelouse, ils seront les deux joueurs les plus éloignés l'un de l'autre. Pourtant, le duel que Hugo Lloris et Thibaut Courtois vont se livrer à distance sur la pelouse de Saint-Pétersbourg sera l'une des clés de cette demi-finale. "Thibaut Courtois est en pleine confiance, applaudit Manuel Jous. Regardez le quart de finale qu'il a fait contre le Brésil. C'est fort, très fort !" Sa claquette dans la dernière minute du temps réglementaire sur une frappe enroulée de Neymar est en effet encore dans toutes les têtes.

Beaucoup de gens m'ont dit : 'Thibaut, on a besoin que tu fasses un grand match pour gagner.' Et je crois que j'ai fait ça.

Thibaut Courtois, gardien de l'équipe de Belgique

sur beIN Sports

Ce soir encore, "son 1,99 mètre fera du bien quand il s'agira d'aller chercher des ballons dans les airs, sur corner ou sur coup franc." Le portier belge n'est pas le seul Diable rouge à faire une tête de plus que tout le monde. Sur le onze de départ probable, ils sont cinq à mesurer au moins 1,90 m. Thibaut Courtois, donc, mais aussi Romelu Lukaku (1,90 m), Marouane Fellani (1,94 m), Vincent Kompany (1,93 m) et Jan Vertonghen (1,90 m). A titre de comparaison, ils ne sont que trois Bleus : Raphaël Varane et Paul Pogba (1,91 m) et Olivier Giroud (1,93 m). 

Parce que leur attaque est en feu

Le responsable du service comptabilité de la marque Krëfel doit commencer à trembler dans son fauteuil. L'enseigne belge d'électroménager s'est engagée à rembourser les téléviseurs achetés avant la Coupe du monde si les Diables rouges marquaient plus de quinze buts dans la compétition. Ils en sont déjà à quatorze... Comme l'écrivent nos confrères de Nord-Eclair, la meilleure attaque de la compétition peut se vanter d'avoir devant elle "une machine à marquer", avec le quatuor De Bruyne (1 but), Mertens (1 but), Lukaku (4 buts) et Hazard (2 buts). 

L'ailier de Chelsea, qui a aussi délivré deux passes décisives depuis le début du tournoi, est le principal initateur des contre-attaques éclair. Surtout, sa position à gauche "lui permet d'exploiter au mieux sa vitesse et de rentrer sur son pied droit", analyse Europe 1.

Rio Mavuba, qui a tapé la balle avec Eden Hazard au Losc, préfère prévenir. "Eden n'a qu'une idée en tête, éliminer la France", lâche l'ancien milieu de terrain sur TF1. Benjamin Pavard acquiesce : "Quand il jouait à Lille, j'étais plutôt en tribune et je le regardais aux entraînements ouverts au public. C'est un très grand joueur, d'une très grande qualité", insiste, admiratif, le défenseur des Bleus qui a grandi à Jeumont (Nord), à seulement quelques kilomètres de la frontière... avec la Belgique. 

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