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Coupe du monde 2022 : le Portugal est-il plus fort sans Cristiano Ronaldo ?

La Seleçao a brillamment passé l'étape des huitièmes de finale en se baladant face à la Suisse (6-1), mardi, sa victoire se dessinant sans Cristiano Ronaldo, qui a débuté sur le banc.
Article rédigé par Andréa La Perna - De notre envoyé spécial à Doha
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Cristiano Ronaldo réagit sur le banc des remplaçants lors du huitièmes de finale de la Coupe du monde entre le Portugal et la Suisse, le 6 décembre 2022 à Lusail.  (PAUL ELLIS / AFP)

Un récital. Le Portugal n'a fait qu'une bouchée de la Suisse en huitièmes de finale de la Coupe du monde (6-1), mardi 6 décembre. Habituellement critiquée pour son jeu sans saveur, la Seleçao a validé son billet pour affronter le Maroc au prochain tour avec la manière. Rien n'indiquait que cette équipe, tombée contre la Corée du Sud (1-2) quatre jours plus tôt en conclusion de sa phase de groupes, fasse forte impression aussi soudainement. Surtout lorsqu'on a appris que sa star, Cristiano Ronaldo, débuterait sur le banc pour cette rencontre ô combien cruciale.

Même si le stade est devenu complètement fou quand il est entré en jeu à la 73e minute, la messe était dite et bien dite. La ferveur n'a pas masqué le fait que le tableau d'affichage indiquait 5-1. Si l'écart a continué de se creuser avec "CR7" sur le terrain, il n'a pas été impliqué sur la frappe enroulée somptueuse de Rafael Leao (90e+2). Mais, d'après Fernando Santos, ce n'est pas suffisant pour dire que son équipe est meilleure sans lui.

Ramos marque beaucoup de points

"Je le connais depuis qu'il a 19 ans. On a toujours eu une relation très forte et cette relation ne fait qu'évoluer. Je le considère toujours comme un joueur très important dans l'équipe", a calmé le sélectionneur portugais en conférence de presse d'après-match. Il a trouvé refuge dans des excuses tactiques. Tout est une question de "profil" à choisir en fonction de "l'adversaire" selon ce dernier. Pas question de s'attarder sur un cas individuel. 

Seul l'avenir répondra à cette question, mais on ne peut pas occulter le fait que le Portugal n'avait pas autant régalé depuis bien longtemps et que tout s'est passé sans Cristiano Ronaldo. Sans lui, les joueurs offensifs ont affiché une grande fluidité. On a senti un Joao Felix complètement libéré. Surtout, on s'est aperçu que l'équipe ne perdait pas du tout au change avec Gonçalo Ramos à sa place, au moins sur cette rencontre. L'attaquant de 21 ans, qui fêtait sa première titularisation en sélection, s'est offert un triplé retentissant, qui donne envie de le revoir très vite sur le pré. 

Cela faisait 32 ans qu'un joueur n'avait pas marqué trois buts lors d'un match à élimination directe de Coupe du monde [l'attaquant de l'ex Tchécoslovaquie Tomas Skuhravy contre le Costa Rica en 1990]. Surtout, ses trois réalisations ont montré l'étendue de sa palette. Il a d'abord montré sa qualité de frappe, trouvant les filets dans un angle improbable pour ouvrir le score (17e). Puis il a fait parler son instinct sur le 3-0, surgissant au premier poteau pour finir avec sang froid (51e). Enfin, l'attaquant de Benfica a été capable de prendre la profondeur tout en faisant preuve de toucher, d'un joli piqué, pour porter la marque à 5-1 (67e). Très exactement ce qu'il a manqué à "CR7" à son entrée, trop lent pour battre les défenseurs adverses dans leur dos ou alors parti trop tôt, à l'image de son but refusé pour hors-jeu (84e).

Santos et Fernandes au secours de Ronaldo

Homme du match, Ramos a dû répondre à quelques questions et a évité toute réponse polémique : "Honnêtement personne n'en a parlé dans le vestiaire, [du choix de commencer sans Ronaldo]. Cristiano est notre capitaine et comme il le fait toujours, il nous a aidés, et nous a encouragés, pas seulement moi, mais aussi mes coéquipiers". Plus tôt, un autre coéquipier était venu éteindre l'incendie en zone mixte. "Je ne pense pas que les gens devraient parler de pourquoi il joue ou pas, parce que quand il joue et qu'on gagne, personne n'en parle. Quand il joue et qu'on perd, là, tout le monde en parle", a appuyé Bruno Fernandes.

Mais, au-delà du strict plan sportif, il est indéniable que l'atmosphère est pesante autour de lui. Il avait pourtant tout fait pour assurer que rien ne comptait plus que l'équipe, sous-entendu même pas lui. "L'affaire Ronaldo est close, arrêtez d'en parler", avait-il osé en conférence de presse le 21 novembre, avant l'entrée en lice de sa sélection dans le Mondial. Le lendemain, son club, Manchester United, résiliait son contrat.

Après avoir repris une bouffée d'air frais en marquant contre le Ghana, un autre chapitre s'est ouvert lors de la défaite face à la Corée du Sud, lorsqu'il a pesté contre son sélectionneur au moment de son remplacement après une prestation sans saveur, dès la 65e minute. D'abord passé entre les gouttes, échappant à la vue de Fernando Santos, il a été rattrapé par la vidéo, ce qui lui a valu sa place sur le banc face à la Suisse - une première pour lui en Coupe du monde depuis 2006. Le sélectionneur n'a pas hésité à critiquer son joueur devant la presse à la veille du match : "J'ai revu les images depuis et je n'ai pas aimé du tout". Il était bien moins offensif mardi soir, dans l'ivresse de la victoire.

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