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Coupe du monde de football : enfin le tournoi référence pour acter la progression du foot féminin ?

Pendant un mois, la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande a projeté le football féminin sur le devant de la scène, en premier lieu dans les deux pays-hôtes.
Article rédigé par Maÿlice Lavorel, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Les Australiennes après leur défaite en demi-finale contre l'Angleterre, à Sydney, le 16 août 2023. (DAVID GRAY / AFP)

Après un mois de matchs quasi-quotidiens, d'exploits, de performances de haut niveau et d'émotions intenses, la douce fièvre du Mondial va doucement se dissiper, et la vie normale va reprendre son cours. La neuvième Coupe du monde, en Australie et en Nouvelle-Zélande, s'est terminée dimanche, après la victoire de la Roja espagnole. Nouveau succès pour le football féminin, ce tournoi doit maintenant servir à poursuivre le développement de la discipline partout dans le monde. Car après des années de grands tournois encourageants, comme en France il y a quatre ans, il faut enfin transformer l'essai.

Finale : le résumé d'Espagne - Angleterre_copy

Quoiqu'il en soit, ce Mondial 2023 restera dans l’histoire à plus d’un titre. Sur le terrain, d'abord, parce qu'il a sacré un vainqueur inédit, l'Espagne, pour la première fois depuis 2011. Parce que les Etats-Unis, secouées comme jamais, ont connu l'élimination la plus précoce de leur histoire, en huitièmes de finale, elles qui avaient toujours fini sur le podium depuis la première édition en 1991. Parce que trois légendes de la discipline, Marta, Christine Sinclair, et Megan Rapinoe ont vu leurs adieux écourtés après l'élimination du Brésil et du Canada dès la phase de poules, puis celle des Etats-Unis en huitièmes de finale.

Un succès populaire

Mais le rendez-vous a aussi été historique pour l'atmosphère et l'intérêt qu'il a suscité. Plusieurs équipes ont vu leurs supporters se déplacer en nombre, et dans de nombreux pays engagés, des records d'audience ont été battus. Plus d'1,9 million de spectateurs se sont déplacés dans les stades, de quoi battre le record de 2015 (1,3 million). 

En Australie, l’engouement a pris au fur et à mesure de l’épopée des Matildas. Le match d’ouverture face à l’Irlande a signé un record d’affluence pour un match de l'équipe dans le pays, avec 75 784 personnes massées dans l’enceinte du Stadium Australia. Match après match, les bars et les fanzones se sont remplis, comme au soir du match décisif pour la qualification en phase finale brillamment remporté contre le Canada (4-0). Finalement, c’est un pays entier qui s’est pris au jeu de pousser derrière ses joueuses et qui a vécu à leur rythme.

La séance de tirs au but du quart de finale entre l’Australie et la France a été diffusée en direct sur les écrans géants de plusieurs matchs de football australien, l'AFL le sport local n°1, disputés le même jour. D’ailleurs, ce soir-là, la conférence de presse après la rencontre entre Brisbane et Adelaïde a été repoussée de quelques minutes pour permettre aux deux entraîneurs de regarder ensemble le face-à-face épique.

Quatre jours plus tard, la demi-finale perdue contre l’Angleterre a rassemblé la plus grande audience de l’histoire de la télévision australienne, avec un pic à 11,15 millions de téléspectateurs, soit 42% environ de la population du pays. En cumulé, entre la diffusion gratuite, payante, le streaming, et les lieux de visionnage collectif, elle a touché 17 millions de personnes, selon une étude de la Deakin University, un record absolu.

Une embellie déjà perçue en France, il y a quatre ans, alors que le huitième de finale des Bleues contre le Brésil avait été visionné par 12 millions de téléspectateurs (environ 18% de la population). Mais l'impact semble cette année encore plus important. "La Coupe du monde féminine a changé le sport en Australie pour toujours", a d'ailleurs déclaré le Premier ministre australien, Anthony Albanese, en marge de la petite finale des Matildas.

Le début de quelque chose ?

Car dans le pays et dans le monde du football, on voit déjà plus loin et de nombreuses voix se sont élevées pour appeler à construire sur ce succès et cette dynamique. "C'est facile quand tous les projecteurs sont braqués sur nous, mais qu'en sera-t-il dans une semaine, dix jours, plus tard ? Que faut-il faire pour faire en sorte que cela continue ? Insister, s'assurer que l'on pousse pour des investissements corrects", a plaidé le sélectionneur australien, Tony Gustavsson, lors de sa dernière conférence de presse d'avant-match à la veille de la petite finale. Le gouvernement australien a déjà annoncé 200 millions de dollars de subventions pour le sport féminin dans le pays.

Ces échanges ont dépassé le cadre du pays-hôte. Les "petits" pays auteurs de belles épopées en Océanie ont aussi appelé à des investissements et du soutien dans le football féminin, pour pérenniser la belle embellie de cet été 2023. Après leur parcours jusqu'en phase finale, les Sud-Africaines, les Nigérianes, les Colombiennes ont toutes demandé à soutenir le football féminin local pour répéter ces belles performances. Tout est encore ouvert pour construire l'héritage de cette retentissante Coupe du monde 2023.

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