Coupe du monde de football : malgré les coups du sort avec l'Angleterre, Sarina Wiegman vise une quatrième finale en six ans
Elle est devenue le visage de cette Angleterre conquérante. En remportant l'Euro 2022, puis la Finalissima (vainqueur de l'Euro contre celui de la Copa America) contre le Brésil (1-1, 4-2 t.a.b), Sarina Wiegman a permis à une nation orpheline d'un trophée depuis la Coupe du monde 1966 des hommes de renouer avec le succès. Affamée, elle pourrait bien amener les Lionesses en finale du Mondial, en cas de victoire contre l'Australie, mercredi 16 août.
A titre personnel, ce serait l'occasion de prendre sa revanche sur le sort, qui l'a privée du titre suprême avec son pays, les Pays-Bas, lors de l'édition de 2019 en France. Victorieuses du championnat d'Europe 2017 sous sa houlette, les Oranje n'avaient pu rivaliser avec les Etats-Unis, s'inclinant finalement 2-0 à Lyon. En cas de victoire mercredi, ce serait donc sa quatrième finale internationale de suite en six ans.
Face aux absences "elle en est au plan F ou G"
Rien n'a cependant été épargnée à la native de La Haye dans la préparation de ce Mondial océanien. Tandis que ses joueuses sont entrées en conflit ouvert avec la Fédération anglaise pour le versement de bonus, en plus des primes garanties par la Fifa, Sarina Wiegman a dû composer avec une cascade d'absences en attaque. Outre l'habituelle capitaine Leah Williamson, la meilleure joueuse et meilleure buteuse du dernier Euro, Beth Mead, a été contrainte au forfait en raison d'une rupture des ligaments croisés, tout comme l'attaquante Fran Kirby, également opérée du genou.
Pas idéal alors que l'avant-centre titulaire, Ellen White, et la milieu offensive Jill Scott sont parties à la retraite l'été dernier. Préjudiciable lorsque la star de l'équipe, Lauren James, qui louait avant la compétition la capacité de Sarina Wiegman à la "laisser être elle-même" pour le site de la Fifa, a pris deux matchs de suspension après avoir volontairement marché sur une adversaire en huitièmes de finale.
"Dans ce Mondial, avec les blessures et maintenant la suspension de James, Sarina Wiegman en est certainement à son plan F ou G. Mais jusque-là, elle et l'Angleterre ont su gérer. L'équipe est toujours unie et elles croient en leur capacité à résoudre la situation", a déclaré à la BBC Ellen White, pour qui l'"aura", l'"honnêteté" et la "communication" de l'entraîneuse ont apporté "des ingrédients manquant qui ont permis aux Lionesses de gagner".
Qu'importe si Sarina Wiegman enchaîne les changements de système depuis le début de la compétition, les Anglaises ont le costume de favorites grâce à leur cheffe de file, avant la demi-finale contre l'Australie. Passées in extremis contre le Nigeria aux tirs au but (0-0, 4-2 t.a.b), elles se sont ensuite remises à Lauren Hemp et Alessia Russo pour se sortir du piège tendu par la Colombie en quarts de finale (2-1) et atteindre le dernier carré du Mondial pour la troisième fois de suite.
Un pays tout entier contre elle
Pour hisser l'Angleterre à sa première finale de Coupe du monde, Sarina Wiegman devra cette fois affronter une nation entière. Prêt à jaunir de plaisir en cas de nouvel exploit de ses Matildas, le Stadium Australia de Sydney devrait en effet bien porter son nom alors que 80 000 personnes sont attendues. Mais pas de quoi perturber cette pionnière, devenue la première femme adjointe d'une équipe masculine néerlandaise lors d'un passage au Sparta Rotterdam il y a sept ans. Lors de ses deux couronnements à l'Euro 2017 et 2022, elle avait justement mis à profit ce soutien populaire propre au pays organisateur.
"Déjà au match précédent, c'était comme un match à domicile pour la Colombie, a-t-elle rappelé dimanche en conférence de presse. Nous nous attendons à une foule similaire pour l'Australie. C'est incroyable. Nous avons vraiment hâte d'y être. Nous savons que c'est un match à l'extérieur. Essayons de nous en inspirer."
Clin d'oeil du destin, l'Australie est la seule sélection à avoir battu l'Angleterre depuis que Sarina Wiegman a pris les rênes de l'équipe en 2020 (37 matchs joués). Portées par Sam Kerr – vraisemblablement alignée mercredi après avoir disputé 65 minutes contre l'équipe de France (0-0, 7-6 t.a.b) – les Aussies l'avaient emporté 2-0 contre le cours du jeu lors d'un amical à Brentford début avril. Sur les 32 nations de ce Mondial, 12 étaient dirigées par des femmes. Il n'en reste désormais plus qu'une. A elle et son groupe de se venger pour se donner l'opportunité d'encore pouvoir faire "rentrer le football à la maison".
Lancez la conversation
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.