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Coupe du monde 2022 : pourquoi malgré cette déchirante défaite en finale, l'équipe de France a réussi son Mondial

Battus par l'Argentine, dimanche, au moment de franchir la dernière marche les menant à nouveau sur le toit du monde, les Bleus verront sans doute plus de satisfactions que d'amertume une fois la défaite digérée.
Article rédigé par Andréa La Perna - De notre envoyé spécial à Doha
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Randal Kolo Muani, Marcus Thuram et Kylian Mbappé à l'entraînement avec l'équipe de France avant la finale de la Coupe du monde 2022, le 16 décembre 2022. (FRANCK FIFE / AFP)

La mort dans l'âme, Kylian Mbappé monte sur l'estrade récupérer son trophée de meilleur buteur de la Coupe du monde 2022. Ses jambes font les pas pour lui. Il serre machinalement toutes les mains qui lui sont tendues, une à une. Le regard, lui, reste vide et ne rencontre jamais celui de ses interlocuteurs, comme pour dire, "je ne suis pas disponible, laissez un message après le bip" sans que jamais la tonalité ne résonne. Après la défaite aux tirs au but face à l'Argentine en finale (3-3, 4-2 t.a.b), dimanche 18 octobre, les joueurs de l'équipe de France ont pris un tel coup sur la tête qu'ils ont donné l'impression que la fin du monde s'était abattue sur eux.

"Il n’y a pas de mots pour soulager la douleur", a même osé le capitaine Hugo Lloris, à chaud. Mais, les émotions, si vives et si douloureuses soient-elles, n'occulteront pas longtemps le fait que ce Mondial est une franche réussite pour les Tricolores. D'ailleurs, Lloris, lui-même, a réussi à ne pas rester bloqué sur l'image de la coupe portée par des mains adverses : "On peut être fiers de ce qu’on a fait. Il faut donner beaucoup de crédit à l’équipe de France parce qu’avec tout ce qui s’est passé lors de la première semaine, avec les blessés et toutes les circonstances, on a montré un bon visage."

La spirale a été inversée

Si l'on remonte un mois en arrière, au moment où elle s'apprêtait à faire son entrée en lice contre l'Australie, personne ne s'attendait à ce qu'elle trace sa route jusqu'en finale. Avant même de montrer ce qu'elle avait dans le ventre, elle perdait son Ballon d'or Karim Benzema. Au-delà de perdre une de ses têtes de gondole, Didier Deschamps voyait un troisième joueur de sa liste de 25 être contraint au forfait (après Presnel Kimpembe et Christopher Nkunku), une liste qu'il avait déjà dû bâtir sans les tauliers du milieu de terrain que sont Paul Pogba et N'Golo Kanté.

Il ne faut pas non plus oublier que cette équipe restait sur un échec cuisant dans son dernier tournoi majeur, avec une élimination dès les huitièmes de finale contre la Suisse à l'Euro 2021. Deux mois avant de s'envoler pour le Qatar, elle obtenait presque miraculeusement son maintien en Ligue des nations, après une flopée de matchs ratés, contre la Croatie, le Danemark et l'Autriche. Doucement, une petite musique de fin de cycle a commencé à se faire entendre, allant crescendo après que "DD" a fêté ses 10 ans à la tête des Bleus, lui dont le mandat expire au 31 décembre, sauf revirement de situation.

Si l'équipe de France n'a pas réussi à devenir la première sélection à être sacrée championne du monde deux fois d'affilée depuis le Brésil en 1962, cela faisait 24 ans qu'un tenant du titre n'avait pas atteint la finale. Tout ça alors que les trois derniers pays couronnés avaient tous été victimes de la fameuse "malédiction" des champions du monde. Italie, Espagne, Allemagne, tous avaient connu une élimination cuisante, dès la phase de groupes. Et cette équipe a fait suer à grandes gouttes cette Argentine impressionnante et portée par un Lionel Messi au sommet de son art.

Plus que des promesses

"Ce groupe se relèvera et reviendra plus fort. Il a un potentiel énorme et beaucoup de cœur", a insisté Raphaël Varane, le seul joueur avec Lloris à avoir trouvé la force de prendre la parole face aux médias. Cette Coupe du monde a montré une nouvelle fois l'immense qualité du vivier tricolore. En finale, les détonateurs se nomment Randal Kolo Muani, Marcus Thuram, Eduardo Camavinga... Tous ne dépassent pas les 25 ans et ont encore de belles compétitions internationales devant eux. "Même si ce sont des joueurs avec peu d'expérience internationale, ils ont prouvé qu'ils étaient au niveau. Je n'étais pas inquiet par rapport à l'avenir de l'équipe de France et je ne le serai pas après ce soir", a confié Deschamps.

Le capitaine, Hugo Lloris est du même avis : "Je crois que ce tournoi peut servir pour l’équipe de France avec un passage de témoins avec une génération qui arrive dans la dernière phase de sa carrière et une nouvelle génération de joueurs avec en tête Kylian, qui a montré un fort leadership durant ce tournoi et encore plus pendant cette finale." Nul doute qu'un sentiment de revanche va très vite animer Kylian Mbappé et tous les joueurs qui sont passés tout proche du Graal dimanche. Bien dirigé, transformé en motivation, il va participer à forger encore plus ce groupe qui s'est découvert au Qatar et qui a affiché sa sérénité. Pour tous les nouveaux, qui n'auront pas vécu cette douleur collective, il faudra encore plus se battre pour se faire une place.

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