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Football : trois questions sur l'arbitrage semi-automatisé

L'automatisation du hors-jeu pourrait faire son entrée dès le Mondial 2022, a annoncé Arsène Wenger mardi. Une annonce pas surprenante même si sa mise en place reste à être précisée.

Article rédigé par franceinfo: sport - Louise Le Borgne
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4 min
La détection du hors-jeu semi-automatique pourrait suppléer la VAR. (HANS PUNZ / APA)

Au détour d'un point presse, mardi 12 ocotobre, Arsène Wenger a dévoilé une évolution qui pourrait ressembler à une révolution : "Je suis tenu au secret, mais ça sera la prochaine des grandes évolutions de l’arbitrage." Les modalités de l'évolution technique n’ont, pour l’heure, pas encore été dévoilées par la FIFA qui "publiera plusieurs documents à ce sujet dans les semaines à venir". Mais il est déjà certain que l'intelligence artificielle connaitra un développement accéléré en vue du Mondial 2022 au Qatar (21 novembre-18 décembre).

Qu'est ce que l'arbitrage semi-automatique ?

L'Intelligence artificielle semi-automatisée est capable de déterminer automatiquement si un joueur est en position de hors-jeu. En prenant en compte la position du dernier défenseur de l'équipe adverse, elle crée pour ainsi dire une ligne virtuelle dans son prolongement. Elle réalise aussi des points de repère pour suivre très précisément les positions des joueurs autour et ainsi rendre une décision quant à une situation de hors jeu.

Tout cela est rendu possible grâce au machine learning, comprenez : le traitement de données par une intelligence artificielle. Cette dernière collecte les données en temps quasi réel et automatise certaines prises de décisions. Reste à savoir dans quelle mesure elle cohabitera avec l'arbitre sur le terrain : "On ne sait encore exactement comment cela va se décliner. On n’a pas encore eu d’infos là-dessus. D’après ce qu’on entend, j’ai l’impression que cela va être une mécanique à l’image de la goal-line", avance prudement l'arbitre de haut niveau Bruno Derrien.

Un déploiement loin d'être une surprise, puisque Wenger, ancien entraîneur d’Arsenal et aujourd’hui directeur du développement du football mondial à la Fifa, avait déclaré au Times en avril 2021 : "Je pense que le hors-jeu automatisé sera prêt pour 2022." Le calendrier devrait se confirmer. De son côté la Fédération internationale assure travailler sur "divers documents à ce sujet" publiés dans les prochaines semaines.

Un déploiement qui relève du secret de polichinelle puisque la technologie avait déjà été testée et saluée lors de la Coupe du monde des clubs de la Fifa, organisée au Qatar en décembre 2019. En juin 2020, le groupe de travail "Innovation et excellence" de la Fifa annoncait alors "développer une technologie semi-automatisée pour signaler le hors-jeu, afin de fournir à la VAR une information supplémentaire qui simplifiera la prise de décision de l'arbitre et optimisera l'analyse des décisions.

Côté timing, la technologie de ligne de but et la VAR ont nécessité chacune deux ans de développement. Si quelques tests supplémentaires doivent être réalisés, il est tout de même probable que le hors-jeu semi-automatique soit mis en oeuvre lors de la Coupe du monde 2022, au Qatar.  

A quoi ça va servir ? 

Le hors-jeu automatique va donc venir en soutient de la VAR et compléter l'arsenal technologique déjà déployé. L'objectif ? Aller plus vite dans la prise de décision  et rendre des arbitrages plus justes

Le visionage des séquences vidéos via la VAR, déployée dès 2016, nécessite d’interrompre le jeu pendant plusieurs secondes, et certains déplorent que cette pratique casse le rythme du jeu. Avec la VAR, c’est l’arbitre qui décide où la ligne doit être tracée. 

Ce qu'il y a de nouveau, c'est que l'algorithme se charge directement de tracer la ligne de hors-jeu correspondant au moment où le ballon est joué. Le signal pourrait être envoyé directement au juge de touche.

Arséne Wenger suggère donc que le football puisse passer à la vitesse supérieure pour régler les situations litigieuses. Sans arbitre en régie pour analyser les séquences vidéos.

Quelle marge d'erreur existe t-il ? 

La principale difficulté rencontrée pour développer cette technologie réside dans la précision de la détection automatique. L'intelligence artificielle doit pouvoir identifier les parties du corps qui font qu’un joueur est hors-jeu ou non. Et là, il y a des ratés. En octobre, une caméra a confondu le ballon avec la tête d’un arbitre chauve...

Selon les lois du jeu édictées par l’International Football Association Board (Ifab), "un joueur est en position de hors-jeu si n’importe quelle partie de la tête, du tronc ou des jambes se trouve dans la moitié de terrain adverse (ligne médiane non comprise) et plus près de la ligne de but adverse que le ballon et l’avant-dernier adversaire." Cette dernière pourrait évoluer. 

En mars dernier, Arsène Wenger avait proposé à l’Ifab une adaptation de la règle du hors-jeu en excluant les cas où "une partie du corps avec laquelle l’attaquant peut marquer" reste en position licite. L'intelligence artificielle serait alors une aide précieuse pour appuyer les décisions arbitrales.

Reste qu'aucune machine ne sait deviner l’intention d’un joueur qui commet une faute. L'arbitre, de chair et d'os, restera donc bien l'ultime preneur de décision, d'où la dénomination de "semi-automatisation". Reste à savoir quelle forme prendra leur interaction et les précisions, en terme de calendrier, de son déploiement.

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