: Reportage Coupe du monde 2022 : on était sur les Champs-Elysées pour la fête marocaine après l'exploit des Lions de l'Atlas
"En deux semaines, je suis venu sur les Champs-Elysées plus de fois qu'en un an." Enrobé d'un drapeau marocain, assis sur une entrée de parking sur le haut de l'avenue, Ethan jubile. A 23 ans, lui et ses amis sont venus d'Aubervilliers pour ce jour historique : "J'étais déjà là après les victoires face au Canada, la Belgique et l'Espagne, mais ce soir, c'est exceptionnel." Autour du jeune homme, l'ambiance est effectivement extraordinaire. La liesse du peuple marocain fait oublier le petit degré qui plane en ce début de soirée parisienne.
A perte de vue, des drapeaux marocains flottent entre les fumigènes et les feux d'artifices qui volent la vedette aux illuminations de Noël. En ce 10 décembre, la plus belle avenue du monde a rarement aussi bien porté son nom : des milliers de supporters marocains déambulent sur les trottoirs. Des chants fusent de toutes parts, de l'hymne national aux "viva Maroc" et divers airs à la gloire des Lions de l'Atlas. Partout, on s'enlace, on jubile, on pleure, on crie.
Une ambiance rarement vue sur les Champs
"Je veux remercier les joueurs, le staff, le public marocain : tout le monde a tout donné. Le sélectionneur a pris l'équipe trois mois avant la Coupe du monde et nous emmène en demi-finale, c'est incroyable", jubile Wahid, perché sur un feu rouge, un fumigène à la main, le drapeau de l'autre. "Le public marocain est extraordinaire, on peut vraiment être très fier. Personne ne nous attendait, et on est là. Je ne crains personne maintenant (rires)."
Sur les larges trottoirs de l'avenue, il faut s'armer de patience pour circuler. Les 1 220 policiers déployés dans l'après-midi quadrillent la zone et empêchent la foule de déborder sur la route. "C'est un peu dommage, mais on ne nous empêchera pas de faire la fête", positive Wahid. A quelques mètres de là, la bouche de métro de la place de l'Etoile déverse des centaines de supporters en continu, venus de tout Paris. Patricia, touriste maltaise, semble perdue par la scène. On lui explique et elle décide de rebrousser chemin pour venir demain. Son mari insiste pour aller voir le spectacle.
"On ne reverra peut-être jamais Paris comme cela, il faut profiter", glisse Nadima, venue de Lille pour visiter la capitale avec sa fille. Elle poursuit : "On a changé le programme. On a regardé le match à l'hôtel et on ne pouvait pas rater cette fête. C'est tellement beau...", s'émeut la Nordiste. Les tambours résonnent, les chants ne s'arrêtent pas, pas plus que les klaxons des scooters et voitures qui défilent sur les Champs, avec port du drapeau marocain obligatoire. Avec le leur, de plus de quatre mètres de long, Mohamed et ses amis ne passent pas inaperçus. "On vient de Chartres, on avait confiance en nos Lions, donc on est venus à Paris dès ce matin."
"On est tellement heureux, vous ne pouvez pas imaginer. C'est rare de vivre ça. Merci à nos Lions ! On représente l'Afrique, les pays arabes, et on voit là qu'il y a plein de Français qui font la fête avec nous !"
Mohamed, supporter marocain
Un rapide coup d'œil autour de soi suffit à donner raison à Mohamed. Parmi les drapeaux marocains, de nombreux étendards tunisiens, algériens, palestiniens... Un peu en retrait de la foule, Nima, 38 ans, pose devant l'Arc de Triomphe. "On n'y croit pas, même en voyant tout ça ! Il faut nous pincer !", sourit la jeune femme, avant de s'engouffrer dans le métro : "Eh oui, on retourne à notre bar pour voir le match des Bleus, parce qu'on est à fond derrière eux aussi. Et il n'y aurait rien de plus beau qu'une demi-finale Maroc-France maintenant."
Une affiche unanimement souhaitée par les supporters marocains interrogés sur les Champs. Mais pour l'instant, l'heure est encore à la fête. "Tant pis pour le match des Bleus, on les aime, mais on va rester ici faire la fête toute la nuit", sourit Younès, "en espérant que les drapeaux tricolores nous rejoignent bientôt".
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